<-Retour Accueil TÉMOIGNAGES
Gérard Maître Gérard C., huissier de justice, membre de I.A.N.D.S., a été victime, en 1980, d'un accident de la circulation très grave sur l'autoroute de l'Ouest, près de Lisieux. Obligé de s'arrêter sur la bande d'arrêt d'urgence, il a été fauché par un véhicule et projeté à 40 mètres de là sur le talus. Relevé dans un état de coma profond, avec 11 fractures, il a été conduit à l'hôpital et est resté dans cet état de 17 à 24 H. Opéré pendant 18 heures, en état semi-comateux, il a connu de nouvelles périodes de coma, à la suite notamment d'un embolie pulmonaire. Gérard C. raconte ainsi son expérience: " Au cours de cet état comateux, j'ai eu une vision de la mort que je peux décrire de la façon suivante : d'abord j'ai ressenti une décorporation, c'est à dire que j'ai vu mon corps inerte, je me voyais. J'ai essayé de le commander mais rien ne répondait. A partir de là tout un processus s'est mis en place. J'ai vu tout d'abord une espèce de trou noir, une espèce de tunnel dans lequel je m'engouffrais inexorablement sans que je puisse intervenir. Au bout de ce tunnel qui se prolongeait à n'en plus finir, j'apercevais un lumière très vive, très forte, aveuglante, avec l'envie irrésistible de la rejoindre. A ce moment là, j'ai eu l'impression d'être embarqué dans une espèce de "montagnes russes" où j'étais brinquebalé de tous côtés avec une musique dissonante et très désagréable. Je n'avais qu'un seul désir, celui d'en sortir le plus vite possible, parce que c'était véritablement un enfer. La musique s'est enfin arrêtée et je me suis senti happé de plus en plus par la lumière, par quelque chose de cosmique, de beau, de bleu ; je me suis retrouvé heureux d'être là, intégré à l'univers, au cosmos, j'étais bien. A ce moment j'ai fait un retour en arrière. J'ai vu défiler ma vie, avec ma famille, ma femme, mes enfants, tout mon environnement, tout ce à quoi j'étais fidèlement attaché, avec l'envie de m'y accrocher, de revenir à la vie terrestre. Cette sensation fait que je suis revenu à la vie, que je suis sorti de mon coma. Je me suis retrouvé avec toutes mes souffrances du moment, ma douleur. A la suite, j'ai travaillé sur ce qui s'était passé et je me suis intéressé à la vie après la mort. Toute cette recherche m'a permis de mieux comprendre et même de réfléchir sur d'autres sujets tels que l'euthanasie, la peine de mort. Mon expérience m'a beaucoup aidé. Elle m'a beaucoup servi à comprendre que le plus important dans la vie terrestre réside dans la communication et l'amour, que la seule façon de communiquer est l'acte d'amour. La mort terrestre n'est qu'une étape de la vie de notre âme, qui peut évoluer dans d'autres univers, sous d'autres cieux." Gérard C. ajoute que son expérience a conforté sa croyance antérieure en l'existence d'une puissance supérieure, et lui a ôté la peur de la mort en lui donnant la certitude que la vie se prolonge ailleurs. Il exclut toute possibilité qu'on puisse interpréter son expérience comme un rêve, les sensations qu'il a ressenties étaient d'une autre dimension que celles que nous connaissons habituellement. Il se rappelle fort bien avoir été au-dessus de son corps, d'avoir tourné autour de la pièce où il se trouvait. L'acuité de ses perceptions était même, à certains moments d'une grande force notamment quand il allait vers la lumière, il avait l'impression d'être transformé en étoile filante, de partir à une vitesse vertigineuse. Il est persuadé aussi qu'à la sortie du tunnel il a eu le choix de revenir ou non sur terre. Le choix était difficile tellement il était bien...Mais quand il a vu défiler, devant lui, les êtres qui lui étaient le plus cher, il a pris conscience que ses responsabilités d'homme terrestre n'étaient pas terminées et a eu envie de revenir dans son environnement. L'expérience de Gérard C. est très intéressante et demanderait à être investiguée de façon plus approfondie : elle comporte les éléments typiques d'une NDE, mais elle comprend aussi des aspects moins fréquents : Un épisode désagréable, le mot enfer est même prononcé : il serait fructueux de savoir ce qui a pu faire advenir et cesser cet épisode ; la lumière est décrite à un moment comme aveuglante. Ensuite, il conviendrait de s'attacher à bien définir les répercussions de l'expérience : Me C. mentionne bien la conviction en l'existence d'une survie, la perte de l'angoisse de la mort, la sérénité, la recherche de connaissances sur l'après-mort et la spiritualité, mais il ne parle pas de "réforme de vie" à proprement parler, et insiste sur un comportement qui serait "plus égoïste" qu'avant son expérience, contrairement à l'altruisme souvent énoncé. Peut-être sous cet adjectif pourrait-on retrouver une plus grande préoccupation pour les plaisirs de la vie "ici et maintenant". Ce qui correspondrait à la "meilleure appréciation de la vie" , répertoriée parmi les conséquences des NDE, c'est-à-dire, l'autorisation non culpabilisée que l'on se donne à soi-même de profiter des joies offertes. Elisa Elisa est une jeune femme de 36 ans, à la parole lente et mesurée, en pleine évolution personnelle. L'ayant rencontrée il y a environ deux années, je puis témoigner du chemin parcouru. J'ignorais à l'époque que sa démarche trouvait sa source dans une NDE, elle-même ne décelait peut-être pas encore comment s'était orientée sa recherche et n'avait toujours rien lu à ce sujet : une amie lui en avait parlé, mais elle a refusé longtemps (deux années) toute information livresque relative à son expérience. Elisa est notre première interviewée. Bien que son expérience ait été courte, son témoignage est très riche de précisions utiles à notre recherche. Son activité professionnelle l'a maintenue depuis quelques quinze ans dans des fonctions administratives informatisées à la Banque de France. Il est peu probable que cette stabilité se prolonge encore longtemps étant donné les répercussions induites par sa NDE, au niveau de sa sensibilité et de sa vision du monde. Elisa a fait, le 21 avril 1985, une chute à bicyclette dont elle ne garde aucun souvenir. On lui a rapporté qu'elle avait dû tomber sur la tête et qu'elle avait fait un coma de trente six heures environ. Voici comment Elisa raconte son expérience : "J'ai été comme aspirée vers le haut et suis arrivée dans un endroit très lumineux, baigné de lumière. Il y avait des arbres de chaque côté et un chemin avec des petits cailloux très fins, blancs, presque transparents. Je me sentais très, très bien... C'était une harmonie pure... Il se dégageait de l'amour, mais un amour avec tout ce que cela comporte. compassion, ouverture, une espèce d'osmose. J'étais petite-fille, très sereine, très très dans la plénitude... quelque chose de très doux... C'était très beau. très très beau... Quand j'y repense, c'est même très émouvant, parce que c'est tellement... J'y serais bien restée, j'avoue que très longtemps j'ai eu envie d'y retourner... Mais ce n'est pas le choix que j'ai fait apparemment. Par contre, je sens vraiment que j'ai fait comme une accumulation de ce qu'il y avait là-dedans pour pouvoir le redistribuer... C'est comme une nourriture, c'est drôle, très drôle..." Elisa a les yeux tournés dans le vague et des pleurs s'en échappent. L'accumulation des "très, très", des points de suspension, des phrases interrompues qui débouchent sur une autre idée est tout à fait représentative de l'interview, beaucoup même ont été supprimés. Les mots, à coup sûr, étaient insuffisants, les concepts manquants et seule la juxtaposition discontinue d'images et de sensations semblait pouvoir restituer une expérience devenue parcellisée. Sur son expérience Elisa nous livre une série de détails précieux: elle a senti odeur et température et pourtant elle ne saurait dire si elle avait encore des sens, la densité du paysage n'était pas la même que dans notre environnement ordinaire, la petite-fille se déplaçait comme en apesanteur, cette petite-fille ce n'était pas elle, mais plutôt un symbole de pureté, le temps n'existait plus et si elle n'a rencontré personne, elle n'a jamais eu cependant l'impression d'être seule. Après sa NDE, Elisa a eu des troubles perceptuels: une sorte d'extra-perception des sons, des objets, des personnes. Les objets se détachaient, prenaient un relief inhabituel et semblaient venir au-devant d'elle, la moindre élévation de voix lui devenait insupportable, si les gens s'approchaient trop, elle fusionnait. Cela n'était pas compatible avec une vie "normale", Elle décida de refouler. Elisa ne croyait pas en Dieu, en rien, refusait carrément ce qui était religieux. Mais il y a eu l'expérience de la lumière, c'est elle qui fait le lien, laissons-la parler: "c'est à ce moment-là que je me suis dit: il y a quelque chose. Pour moi cela relevait du divin, c'était évident, mais justement cela me perturbait beaucoup, je me disais: bon sang, ce n'est pas possible!". Depuis, Elisa a fait des recherches sur le sujet, elle a entamé une psychothérapie à orientation transpersonnelle et travaille avec des Soufis. Maintenant, Elisa a le sentiment d'aimer beaucoup plus les autres. Cette lumière et cette force qui l'accompagnaient et qu'elle avait enfouies, elle cherche aujourd'hui à les retrouver pour en faire quelque chose : "maintenant je ne peux plus refuser de me servir de ça". Cette autre réalité entrevue, "la seule réalité", Elisa se dit qu'il lui faut "l'existentialiser", la faire devenir, ici, réalité. Nous terminerons en vous livrant une répercussion aussi jolie qu'amusante : depuis son expérience, dans différentes occasions (pour rentrer dans une église, pour son initiation dans l'ordre soufi), Elisa sent dans son dos. de chaque côté de sa colonne vertébrale, deux mains qui la poussent gentiment, mais fermement. Ces deux mains n'ont pas de pouvoir exécutif complet, puisque le jour de l'entrée à l'église elles n'ont pu décider Elisa à approcher la table de communion, mais elles sont très incitatrices. Et l'intéressée de commenter "II y en a qui appelleront ces deux mains, les mains de l'ange gardien, ou autrement, moi, je ne les appelle pas. je les sens(...) c'est très fort comme sensation, c'est une sensation physique, c'est très curieux; dans ces cas-là, je crois que je n'ai qu'à me laisser guider, bon, je résiste encore des fois, toujours l'éternel conflit entre le mental et le reste...!" Patricia Patricia est une grande et belle jeune-femme blonde que j'ai rarement vue l'air reposé mais dont l'ancrage est tellement fort qu'il en est presque tangible. Il est probable que Patricia donne aux autres sans compter depuis que sa NDE a illuminé de certitude un projet d'accompagnement et de guérison qui démarrait alors à travers des études en psychologie. Patricia est devenue enseignante, conseillère en relations humaines, psychothérapeute, ajoutant à son bagage universitaire quelques dons qui pré-existaient à sa NDE, mais qui ont pris depuis leur véritable dimension. Patricia a eu sa NDE il y a onze ans, elle en avait alors dix neuf. Un ami lui a pratiqué une induction hypnotique alors qu'elle était physiquement très fragilisée. L'induction provoqua un revécu de naissance extrêmement douloureux et cet ami lui ordonna alors : "Maintenant tu n'es plus que spectatrice, tu ne souffres plus." Aussitôt, toute douleur disparue, Patricia s'est sentie sortir par le haut de la tête, s'est retournée, a vu son corps allongé et son ami penché au-dessus, puis s'est sentie appelée au loin, avec un sentiment de libération très agréable. Passant à travers la toile de la tente qui était devenue transparente, Patricia est montée très vite et s'est retrouvée dans un tunnel. Elle y progressait en glissant et avançait vers une lumière tout au fond du tunnel. Dans ce couloir, elle croisa des êtres fluidiques, un peu comme elle, ce qu'on appellerait des spectres en termes humains. Elle n'y prêta pas attention car alors seule la lumière comptait. Cette lumière, de toute évidence, était un être qu'elle nomma l'Etre Suprême, celui qui est au-dessus de nous tous, nous aime tous d'un amour universel, plein de compassion, de générosité de tendresse. Patricia se baigna dans cette lumière de plus en plus ample, éblouissante sans pourtant aveugler, éprouvant une paix, un réconfort tels que toutes les misères endurées sur terre n'avaient plus d'importance. Ensuite, ce fut un paysage très beau, avec une vallée, très verte. Dans ce lieu, elle rencontra des êtres plus concrets, qu'elle reconnût, sans pouvoir dire cependant qui ils étaient. Ils portaient de drôles de robes colorées. Patricia se disait "je suis enfin chez moi, ce n'est pas trop tôt ! Enfin, je les retrouve, ça fait tellement longtemps que je ne les ai pas vus. Je suis de retour à la maison." Un femme s'approcha et lui dit qu'elle devait s'en retourner. Ce fut un vrai déchirement. D'abord, Patricia ne voulut rien entendre, mais la femme insista et lui fit même un petit signe pour lui dire de s'éloigner. Patricia se sentit alors attirée en arrière et résista de toutes ses forces tant la séparation était difficile. Elle eut alors une vision panoramique de vies antérieures, mais pas de cette vie-ci. Elle constata combien certaines de ses morts avaient causé de peines à ses familles et accepta alors de revenir pour ne pas les infliger de nouveau à présent. Elle renonça à résister, fit tout le chemin inverse aspirée par l'arrière et revint brusquement dans son corps, par la tête. La douleur, la sensation d'étouffement furent exactement proportionnelles au bien-être et à la libération de sa sortie. Son ami calcula qu'elle s'était absentée une heure à une heure et demi. Depuis, la foi de Patricia est devenue une réalité, pour elle la mort n'est plus la mort, mais la vie, elle comprenait désormais le bien-fondé de la réincarnation. Patricia a alors entamé une analyse jungienne, la seule concevable, dit-elle, pour l'intégration de son expérience. Au terme de son analyse, les dons de guérison et de voyance sont revenus et se développent depuis. Toute enfant, Patricia guérissait instinctivement de petits maux par imposition des mains. Elle voyait également les auras, mais y renonça quand elle se rendit compte que ce n'était pas le cas de tout le monde et qu'il ne faisait pas bon en parler. Maintenant, Patricia utilise dans sa pratique thérapeutique la voyance, la radiesthésie, le magnétisme et opère ce qu'elle appelle des "guérisons de blessures karmiques". Selon Patricia, une blessure karmique est une blessure qui se rouvre à l'occasion de traumatismes physiques ou moraux dans cette vie-ci, mais qui est une blessure subie dans d'autres vies. C'est une blessure physique que Patricia sent en passant ses mains autour du corps de son patient. Des sensations visuelles, auditives se produisent, retrouvant le bain de lumière d'amour de sa NDE, Patricia se laisse guider et soigne sans vraiment savoir ce qu'elle fait. De l'extérieur, elle semble recoudre ou passer un baume sur un corps invisible. Patricia a travaillé en milieu hospitalier et laisse filtrer une colère rétrospective en évoquant le diagnostic de psychiatres qui confondent médiumnité et hallucinations pathologiques. Pour elle, la différence est évidente et l'erreur provient d'un manque de formation clinique des psychiatres. Les circonstances qui ont provoqué 1' expérience de Patricia sont pour nous des plus importantes. Des témoignages nous parviennent qui semblent confirmer une proportion non négligeable d'expériences de type NDE advenant, sans qu'il y soit besoin d'approcher la mort . A évaluer, bien sûr, statistiquement, et à vérifier phénoménologiquement. Jean Jean a maintenant cinquante-trois ans. Jusqu'à quarante-deux ans, comédien professionnel, il a vécu sous les feux de la rampe. Il officie maintenant en tant que "voyant", sa clientèle s'est faite de bouche à oreille et apparemment il en vit confortablement. En comparaison de sa vie passée, il a le sentiment d'être quasiment devenu un ermite. Tout cela parce qu'il y a 11 ans, profitant d'un déplacement de Jean en province, sa compagne l'avait, sans prévenir, quitté en vidant son appartement de tous ses meubles et les fonds de son compte en banque. La réponse de sa famille à cette épreuve fut : "Plaie d'argent n'est pas mortelle". Si la plaie l'est rarement, le choc le faillit. Après avoir vainement cherché son amie dans tout Paris et bu plus que de raison, Jean roula à tombeau ouvert, rencontra un mur sur son chemin et sombra 21 jours dans le coma. Deux ans de rééducation furent ensuite nécessaires à son rétablissement. Pendant cette période d'apparente inconscience, Jean a le sentiment d'avoir voyagé très loin. A plusieurs reprises il est parti dans un trou noir, qu'il décrit tantôt comme un gouffre, un tuyau ou un labyrinthe ; cet espace avait quelque chose d'infini. Après ce passage, il se retrouvait volant ou planant comme un oiseau, dans un lieu très coloré, très lumineux. Cette lumière était tellement belle et merveilleuse qu'il y serait bien resté. Le bien-être, la joie ressentis, il les relie aussi au fait de voler. Son corps était comme une plume. D'ailleurs, il n'a pas vu son corps physique, il n'a perçu que ce deuxième corps qui planait, identique formellement au premier, vêtu d'une sorte de tunique blanche à même la peau. Peut-être, se dit Jean, cette tunique était-elle la blouse hospitalière. A chaque voyage, il se sentait aspiré et sortait de son ventre, comme un autre lui-même qui ensuite prenait sa taille normale. Jean compare cela à la sortie d'un oeuf. Dans ce dédoublement de son être, il lui semblait laisser derrière lui son passé et voyager vers son futur. Cette expérience, c'est une seconde vie, une renaissance. Pourtant il ne s'est jamais cru mort. Jean identifie son dernier voyage par la présence d'éléments différents : l'apparition d'une porte lumineuse qu'il lui était interdit de franchir, il a tendu la main pour tenter de l'ouvrir, mais impossible de l'atteindre ; la présence d'ancêtres : sa grand-mère morte quand il avait douze ans et son père décédé alors qu'il en avait dix sept, il a eu l'impression d'un jugement dans leur regard, sans pouvoir en dire plus car il n'y a pas eu de dialogue ; enfin il a vu sa vie future : il a su qu'il serait "plus important" qu'avant, qu'il changerait complètement de vie, il a vu la personne avec laquelle il vit actuellement. A son réveil, Jean s'est posé beaucoup de questions. Il a commencé à prédire des événements et cela lui a fait peur. H est parti à Lhassa. Il a fait des recherches sur son passé et a découvert que sa grand-mère, apparue pendant son coma, était une médium connue. H est maintenant persuadé qu'il y a quelque chose au-dessus de nous. La vie est comme une pomme dans laquelle il faut croquer. Selon ses propres mots, une page est tournée, lui qui était prétentieux et doté de tous les défauts, a acquis depuis une sorte de sagesse. Il ne se sent plus agressif, il a le cœur sur la main et veut faire le bien de son prochain. En somme il s'est donné une autre ligne de conduite. Hélène Par son prénom, Hélène évoque la beauté qui mobilise les cœurs. Son témoignage, je crois, dispose du même trait. A sa première lecture (je n'avais pas rencontré Hélène), ma gorge s'est nouée, et quelque chose du côté du plexus solaire est devenu plus sensible. A la seconde lecture l'effet est resté le même et lorsqu'accompagnant une journaliste je l'ai entendue parler de la lumière, quelques larmes ont coulé. Telle est la puissance d'une expérience vécue au plus profond. Il y a quelques 39 ans, Hélène fut transportée d'urgence à l'hôpital pour une grossesse rompue. Il était 20 heures et elle était inopérable sans transfusion. Celle-ci se fit à grand peine et c'est seulement à 23 heures qu'on l'anesthésia. A peine endormie Hélène se retrouva au plafond observant et entendant tout : l'entaille du scalpel sur son ventre, le médecin disant « La jeune mariée, elle s'en va, son cœur s'arrête ». Alors Hélène s'est sentie partir, les pieds en avant, en se souvenant que son grand-père avait coutume de faire enrager les autres en leur scandant : « Tu t'en iras les pieds devant, tu t'en iras les pieds devant, comme les autres ». Puis ce fut le tunnel, comme dans un ascenseur, avec des présences encourageantes. Hélène précise même « comme le maillot jaune du tour de France ». Il y avait aussi une musique qu'on pourrait rapprocher du chant des baleines, ensuite une autre musique encore plus belle. La lumière est arrivée et devant cette lumière c'est le passé qui a défilé : « C'est très beau, on n'est pas jugé, on comprend qu'on a un but sur terre, qu'on doit aimer, qu'on doit construire ». Hélène s'est alors retrouvée devant son père qu'elle avait perdu à 3 ans, dont elle n'avait aucun souvenir et qu'elle reconnut immédiatement : « Tu vois, lui a-t-elle dit, je suis morte comme toi à 26 ans. » Son père lui a répondu : «Non, ma fille, c'est un court entracte, tu retournes sur terre, tu n'as pas accompli ta mission. Qu'as-tu regretté, sur terre ? » Hélène lui répondit qu'elle aurait bien voulu être mère et son père l'assura alors que son vœu serait exaucé. Hélène demanda à voir sa mère mais ne la rencontra pas. Repoussée par son père elle se retrouva dans son corps. En ouvrant les yeux, le médecin constata : « C'est gentil, on la sauve et pour vous remercier elle vous fait la grimace ! ». En commentaire Hélène ajoute : « Je trouve que le départ de la terre se fait dans la joie, contrairement à la naissance qui se fait en pleurant. On a autant d'aide et de guides pour nous surveiller, nous conseiller, nous guider. On garde sa conscience, on a une lucidité incroyable. On peut tout savoir sans rien comprendre, et ne rien savoir et tout comprendre comme l'amour. J'ai entrevu le ciel, c'est splendide, j'ai vu des parterres de fleurs comme un arc-en-ciel, des couleurs dégradées, des couleurs qui miroitent, qui bougent. Et moi je suis sûre qu'on va tous au ciel, mais on va au palier de ses affinités. je n'ai pas peur de la mort, mais je reconnais qu'on ne peut pas l'avancer parce ce que c'est comme si on perdait une amie, une vie, une classe, c'est un échec, il faut tout recommencer. Par contre je suis prête à refaire cette expérience, n'importe quand. Je fais des vers, je les distribue, j'aide les gens, j'ai fait 20 ans à la Croix-Rouge, à la Protection Civile, toujours bénévolement. Certaines spécificités de l'expérience d'Hélène sont intéressantes : elle voyait à travers le corps du chirurgien, elle a vu des boules lumineuses, blanc phosphorescent, elle a senti l'odeur de fleurs. De la lumière elle pense : « C'est son soi intérieur, c'est l'esprit ». De la religion elle dit qu'elle ne la pratique pas, mais qu'elle pratique la religion de charité : elle ne va pas à l'église, mais elle va voir les gens, elle distribue de ses poèmes aux curés, elle aide son prochain, même son ennemi et elle le plaint. Finalement, conclut-elle, cette pratique est le meilleur des somnifères. Sa grande réussite est d'avoir fait de son fils un savant, elle qui n'est pas allée à l'école, qui a appris à lire à 18 ans. Il est maintenant professeur, en Allemagne, de grec et de latin. C'est dans le texte qu'il peut raconter à ses élèves l'histoire de l'autre Hélène, peut-être parce que la sienne, un jour a failli mourir d'un enfantement manqué. Annie Annie avait 36 ans et était enceinte de deux mois 1/2 lorsqu'elle se sentit, chez elle, en fin de matinée, saisie de paralysie. Avant que l'ambulance n'arrive, Annie avait déjà sombré dans la nuit : grossesse extra-utérine éclatée, coma. Mais sur la table d'opération Annie entendait tout le dialogue entre le chirurgien et les infirmières. Elle se sentait aussi dans une lumière bleue et à l'horizon, très blanc, très lumineux, elle voyait une femme transparente en position de fœtus. Elle n'était pas seule, des présences autour d'elle la portaient, lui donnaient amour et chaleur ; elle était à la fois elle-même et la foule. Une voix, qui ne lui parvenait pas par les voies habituelles mais plutôt par une sorte de télépathie, lui dit "retourne sur terre". Pourtant Annie savait que la décision lui appartenait Et ce pourquoi elle reviendrait serait non seulement témoigner directement de son expérience, mais surtout témoigner concrètement par la réalisation au quotidien de son enseignement, c'est à dire manifester l'amour dans tous les actes de sa vie, dans le matériel. Annie s'est alors dédoublée une seconde fois. Une partie d'elle-même avançait vers la lumière tandis que l'autre s'en éloignait à reculons. Elle refaisait le chemin à l'envers dans cette sorte de corne d'abondance qu'elle avait d'abord franchi à toute vitesse pour arriver dans la lumière. Cette-fois-ci elle se dirigeait vers sa partie le plus rétrécie et les couleurs allaient du bleu très clair vers des bleus de plus en plus foncés, presque noirs. Alors les trois corps ont de nouveau coïncidé et Annie est retombée dans son corps comme une pierre, brutalement. C'était comme s'habiller de l'intérieur. Annie est certaine qu'elle avait le choix de repartir. Mais cette certitude est impossible à expliquer. Tout comme il est vain de vouloir exprimer la nature de l'expérience : bien-être, sérénité, joie, c'était bien entendu tout cela, mais aussi merveilleux, extraordinaire, miraculeux. Annie a tenté de reproduire les couleurs en peinture, en vain. Elles n'existent pas ici. Ce qu'elle sait maintenant, c'est que le temps n'existe pas, qu'elle est la cellule d'un grand corps, qu'elle vit aujourd'hui une nouvelle vie, qu'elle est une autre. Elle est persuadée que même si elle n'avait pas été réanimée elle serait revenue "en bébé", comme sa fille perdue, lui est revenue un an plus tard. Pour elle, cet adulte en fœtus, c'était sa fille adulte. Annie pense aussi que tout le monde vit la même NDE, mais que ce sont les souvenirs qui diffèrent d'un individu à l'autre. Certains oublient tout. Alors pourquoi se souvient-on ou pas ? Sans pouvoir trouver pourquoi, Annie dit que certains sont choisis. Une des convictions d'Annie est qu'il ne faut pas attacher d'importance à "la petite histoire", c'est à dire à la NDE en elle-même, mais qu'il faut en vivre et manifester les implications. Marie-Hélène Quand on pense aux N.D.E., on a souvent tendance à évoquer des choses merveilleuses : la lumière d'amour, les paysages d'une beauté inconnue sur la terre, l'accès à la connaissance, etc. Pour certains expérienceurs, la N.D.E. peut être le début d'une nouvelle vie plus ouverte sur les autres, amener l'apparition de certains charismes. Il n'en est pas toujours ainsi. La N.D.E peut aussi être un moment difficile à vivre. Le retour sur terre n'est pas toujours non plus un chemin tapissé de roses. Même ceux qui ont vécu des moments inoubliables d'amour, d'épanouissement total, doivent vivre l'incompréhension des autres, parfois être confrontés à ce que l'on appelle une inflation de l'ego, cela arrive aussi. Tout simplement, elle peut avoir pour conséquence chez l'expérienceur de se retrouver face à sa propre vie bouleversée par ces secondes ou ces minutes d'un autre monde, d'un autre temps, et d'avoir des difficultés à recoller les morceaux, à reconstituer les bases de son existence. Il s'agit alors d'une nouvelle expérience de vie par rapport à celle que l'on a déjà vécue, d'une nouvelle recherche pour se retrouver enfin en harmonie avec cette lumière. M. H. qui a eu plusieurs N.D.E. se situe parmi les personnes qui, aujourd'hui, doivent maîtriser le déroulement de leur vie à partir de nouvelles exigences qui leur restent à découvrir sans qu'apparemment on puisse leur apporter quelque aide. Leur recherche est personnelle, nouvelle, propre à leur chemin de vie. Chaque jour amène son interrogation. Ceci peut paraître bien étrange ; les mots semblent, en effet, dans ce cas, impropres ou insuffisants à traduire ce qui est ressenti au plus profond de l'être, de l'âme, par l'autre. Avec M. H., nous allons essayer pourtant d'expliquer la complexité et la difficulté à vivre qu'elle a rencontrée, comme certains autres expérienceurs, depuis ses voyages au-delà de la vie terrestre... DÉRACINÉE M. H. a aujourd'hui 32 ans. Elle vit dans le sud-ouest, où, voici plus ce 10 ans, elle a créé une librairie ésotérique qui a trouvé de nombreux lecteurs au sein de cette ville marquée pourtant par la tradition. Comme elle tint à me le dire, dès le début de notre entretien, elle se considère comme une déracinée. Cela tient compte de ce que nous venons de dire précédemment mais aussi de ce que sa famille a été obligée de quitter l'Algérie où elle était établie depuis 4 générations, en Oranie et dans le Constantinois. Ses parents étaient déjà revenus en France, à Beauvais, quand elle naquit. C'est un peu plus tard que toute la famille déménagera dans le sud-ouest pour y retrouver un climat plus clément, un soleil plus chaud. Inutile de dire que l'enfance de M. H. fut marquée par la nostalgie de cette famille pied-noir. Très jeune, elle a un type marqué qui l'apparente à une jeune hindoue. J'ai vu effectivement quelques photos d'elle à l'âge notamment de 13 et de 18 ans, elle a tous les traits d'une jolie indienne, les cheveux très noirs et la peau mate. Elle-même, déjà, se sent à la confluence de plusieurs cultures. Elle se sent "indo-européenne". Passionnée par les études, elle apprend très facilement Sa médiumnité supplée à ses efforts quand elle se laisse aller à la rêverie, ce qui lui arrive assez souvent. Rêverie n'est peut-être pas d'ailleurs le mot exact, car elle est à la fois ailleurs et à sa place dans sa classe. Ces professeurs, qui ne sont pas dupes, tenteront de la prendre en flagrant délit, mais à chaque fois elle sera capable de répondre exactement aux questions posées, d'une manière inexplicable : elle enregistre ce qui se dit, alors qu'elle est en train de composer un poème, par exemple... MEDIUM M. H. est médium, en effet. Ses premiers souvenirs remontent, me dit-elle, alors qu'elle n'avait que deux ans. Ses parents regrettent, quand elle est plus grande, de la voir si souvent seule. Ayant réalisé très rapidement qu'elle voit ce que les autres ne voient pas, elle s'est, comme bien d'autres médiums de cet âge, repliée sur elle-même, gardant pour elle tout ce qu'elle ressent. Sa mère très pratiquante lui donne une solide instruction religieuse. La fillette fera d'ailleurs sa communion privée comme transportée dans un autre monde durant toute la cérémonie, il en sera tout autrement pour sa communion solennelle pour laquelle elle avait imaginé revivre de nouveaux transports. Sa spiritualité est troublée par tout ce qu'elle devine dans les pensées des gens, prêtres, religieuses ou simples fidèles quand ils sont dans le temple de Dieu. Elle prend conscience de l'énorme différence qui existe, assez souvent, entre l'apparente piété des uns et des autres et leurs véritables sentiments. Pour une enfant d'une dizaine d'années, c'est, il faut bien le reconnaître, un aperçu assez éprouvant de notre nature humaine. De plus, pour elle, la présence de Dieu est sensible non seulement à l'église mais partout, à travers toute la nature... Elle continue de se taire, terrorisée par le cas d'une parente proche, schizophrène, à laquelle elle craint d'être assimilée si elle se raconte... A 12 ans, les choses iront mieux pour elle, car sa mère, médium qui s'ignore, comprendra mieux la véritable nature de sa fille. Celle-ci, d'ailleurs, part en internat, sur sa demande, et se sent de plus en plus attirée par les arts plastiques : chant lyrique, histoire de l'art. Après son baccalauréat, elle passe un an à la faculté de lettres qu'elle abandonne pour le dessin dans une école d'Arts plastiques. Un peu plus tard, elle devient représentante pour un éditeur et enfin à 20 ans, toute seule, elle crée sa propre librairie dans une ville près de laquelle ses parents sont installés. A cette époque sa médiumnité est à son apogée. Elle lit toujours dans la pensée des autres, est capable de ressentir leurs problèmes de santé et de les guérir. Elle est voyante, clairaudiente, ressent à l'avance les accidents collectifs, les tremblements de terre qui endeuillent la planète. Elle se sent aussi proche des forces de la nature, de l'eau en particulier, avec lesquelles elle a des échanges ; elle en a aussi avec les végétaux, ressent leurs troubles... De tout cela elle conserve un réel émerveillement mais qu'elle avoue avoir du mal à raconter. Elle soigne également avec efficacité en se concentrant sur les photos des malades. Elle est familière des voyages dans l'astral. Il lui arrive fréquemment de sortir de con corps par le crâne. Elle ressent cette situation, quand même, avec une certaine gêne car elle a l'impression d'appartenir à deux mondes à la fois. L'accident qui va survenir va remettre tout cela en cause et la replacer inéluctablement devant une réalité qu'elle doit vivre comme une autre pour avoir accès à la vérité qu'elle a entrevue un jour... L'ACCIDENT Le matin de l'accident M. H. pressent le danger qui va survenir. Contrairement à l'habitude, elle se coiffe avec une tresse, prend une robe large, pensant, sans vraiment savoir pourquoi, que ces détails pourraient lui rendre service. Avant de partir rejoindre les amis chez qui elle se rend, elle supplie sa mère de la retenir. Cette dernière, plutôt habituée à son esprit d'indépendance, lui répond qu'il n'en est pas plus question que d'habitude. Une scène à peu près identique se passera à nouveau le soir quand elle repartira de chez ses amis où elle voudrait rester. Mais le destin doit s'accomplir, elle partira car aucune raison intellectuelle ne l'autorise à y demeurer plus longtemps et l'accident a lieu quelques kilomètres plus loin sur une route fraîchement gravillonnée. La voiture dérape et va s'écraser sur un arbre... qui l'empêche de tomber dans le ravin... Son visage est ensanglanté. Elle découvre qu'elle ne sent plus sa jambe, la cherche, ne la trouve plus à sa place et pour cause elle a le fémur cassé, et une partie de la jambe se trouve presque à angle droit avec la cuisse. Durant l'accident, elle a le temps de "voir" une amie proche, et le garçon qu'elle a aimé et qui est décédé très jeune. Elle est bientôt secourue, emmenée à l'hôpital oùon lui administre un anesthésique qui la plonge dans un premier coma qui ne lui a laissé aucun souvenir. N. D. E. Elle tombe à nouveau dans le coma, toujours à cause de l'anesthésique, lors de l'opération qui lui est faite pour placer une broche sur le fémur. Elle se retrouve alors, sans transition, sans le tunnel habituel, sans les entités pour l'accueillir, dans un univers qu'elle n'a jamais rencontré dans ses voyages astraux, où toute notion de temps et d'espace est totalement abolie. Elle se sent, à cet instant, comme une torche vivante, consciente, sensible puisque éprouvant la souffrance, mais dont la douleur, sublimée en quelque sorte, perdait sa signification propre en étant devenue elle-même... En cet état étrange, à la limite de l'incompréhension pour nous qui vivons dans la matière, succède une sorte d'aspiration vers l'intérieur d'elle-même. Elle lui donne l'impression de n'être plus qu'une cellule ayant accès à une lumière que d'autres comme elle, appellent la lumière noire, qui n'a rien à voir avec la lumière solaire, tellement sa densité est grande, et qui est en fait ressentie comme illimitée. Cette lumière est connaissance absolue et lui donne accès à tout le savoir du monde ; elle baigne, me dit-elle, dans les lois du monde... Comme elle est devenue une torche vivante, tout brûle en elle, tout s'épure en elle, elle se sent proche du divin, sans plus aucune amarre avec son passé; tout est révolu, tout est effacé. L'extase va se terminer. Elle ressent une brûlure dans la colonne vertébrale. Elle survole la ville, puis l'hôpital, revient à l'étage où son corps repose, sent l'odeur du formol venant de la pièce voisine de sa chambre, pousse un grand cri et retrouve sa mère qui lui tient la main gauche et un médecin en train de la gifler pour l'aider à revenir à elle. Son cri, personne ne l'a entendu, mais elle se rappelle pourtant les ondes sonores matérialisées allant déferler sur les murs de sa chambre. Mais surtout elle se retrouve dépossédée, non pas de ses pouvoirs, mais de ce qu'elle a été, de son ancienne personnalité. Tous les repères sur lesquels elle a bâti sa vie ont fondu dans la chaleur de la torche, elle se retrouve une autre, qui doit tout reprendre à zéro au fond d'elle-même. D'où cette expression de déracinement, qu'elle a employée volontairement, tout de suite au début de notre entretien, et qui exprime toute sa recherche: se reconstruire elle-même.... NOUVELLE EXPERIENCE A Bordeaux, quand elle est à nouveau opérée, elle vit une autre expérience. Tout à coup, me raconte-t-elle, j'ai eu l'impression d'être mon corps, de le sentir jusqu'au détail de chaque cellule. C'était en fait une initiation à la vitesse qui variait suivant sa volonté. Plus la vitesse s'accroissait, plus la construction géométrique des cellules se simplifiait jusqu'à ne plus devenir qu'une. Si la vitesse se ralentissait, les cellules se démultipliaient avec un bruit métallique jusqu'à redevenir son corps. Elle en fit l'expérience plusieurs fois. Dans ce cas, elle ressentait comme une frontière à ne pas dépasser, parce que l'entraînant dans le règne inférieur du minéral. Inversement, l'accélération qui la faisait devenir une, la rapprochait du divin, avec l'impression de surplomber un monde de formes géométriques (**à la Vasarely"), "animé", c'est son expression, "par le sourire de Dieu". Un lama tibétain, qu'elle a rencontré depuis, lui a expliqué que ce qu'elle avait vécu s'appelait l'initiation au monde des formes. SORTIE DU CORPS Une quatrième opération visant à lui enlever sa broche échouera à cause d'un accident cardiaque provoqué par l'anesthésie. Elle assistera, alors, dans son corps astral, au déroulement des événements dans la salle d'opérations. A sa reprise de conscience, elle racontera au médecin effaré - ils n'ont pas tous lu Moody - ce qui s'est passé et lui démontrera en présence de son assistante, que son explication sur les circonstances de l'accident est en partie inventée, notamment en ce qui concerne les indications de l'appareil qui enregistrait ses pulsations cardiaques... D ne démentira pas, non plus que l'assistante... NOUVELLE VIE De tels faits ne peuvent manquer d'amener chez certains une moue dubitative. Ce n'est pas M.H. qui s'en formalisera. Elle n'a rien à prouver. Elle sait qu'elle l'a vécu. elle sait tout ce que ceci a engendré en elle comme transformations, sur tous les plans. Et déjà sur le plan physique. Assez curieusement après ces événements, son corps a changé. Elle qui ressemblait à une hindoue n'est plus typée comme elle l'était précédemment Sa peau mate s'est éclaircie au point de ne plus supporter le soleil. Ses cheveux ne sont plus aussi foncés. Elle qui était assez gracile a pris du poids. Si bien que son corps d'aujourd'hui l'étonné et la surprend encore. Son image ne correspond plus à ce qu'elle ressent. Cette évolution étonnante correspond aussi à l'apparition d'une autre personne. Elle a l'impression, me dit elle, d'avoir été déprogrammée puis reprogrammée. "J'ai l'impression d'avoir été M. H.!" Une autre. L'époque où elle avait l'impression parfois de jouer avec tous les charismes qui lui étaient dévolus est terminée. Elle a même arrêté de soigner car elle a été amenée à comprendre que, bien qu'apportant une aide aux autres, ce n'était pas le chemin qu'on lui demandait de suivre, maintenant. Elle, qui avait refusé très jeune la tutelle de ses parents, s'est retrouvée quelque temps dépendante pour prendre conscience qu'elle ne l'était plus de son passé. Elle a passé aussi, et ce n'est pas le moindre, un pacte avec la douleur qui lui tient souvent compagnie. NOUVELLE MAIEUTIQUE De tout cela, elle n'a cure. Certes, elle a perdu tous ses points de repères anciens. Certes, elle cherche sa voie. Mais elle ne requiert pas d'aide. Elle sait au fond d'elle-même qu'elle a la tâche fantastique de naître à nouveau. Elle joue tous les rôles à la fois : la parturiente, la sage-femme et l'enfant qui va naître. Dans sa librairie où le monde lui parait parfois à l'étroit, elle a entrepris depuis plusieurs années des recherches sur la Cabale, qui l'aident dans son travail de soutien à tous ceux qui viennent la consulter. Peu savent, ou peuvent comprendre, que celle qu'ils viennent voir est en train de connaître une nouvelle vie où elle apprend, à travers des épreuves renouvelées, à retrouver celle qu'elle fut, pendant quelques instants qui l'avaient rapprochée si près du Divin. La remise à zéro a été terrible, mais M.H. l'a acceptée avec ses joies, avec ses peines. Destin étrange, et courageux, que celui de naître avec une médiumnité pourvue de multiples charismes et d'en faire quasiment l'abandon pour mieux "se retrouver, dans la rigueur du sacré".
|