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SOYONS SERIEUX !
par le Dr Jean-Pierre JOURDAN, président de IANDS-France
"Une étude américaine explique les phénomènes vécus par les personnes ayant frôlé la mort"
"Mort imminente : des scientifiques américains expliquent le phénomène sur des rats" (le Huff Post)
"L'étonnante activité du cerveau juste après la mort" (le Figaro)
"La lumière blanche aperçue avant la mort enfin expliquée par la science" (Gentside)
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Une recherche effectuée par Jimo Borjigin, (professeure de neurologie à l'Université du Michigan ), a cherché à analyser les effets d'un arrêt cardiaque sur le cerveau de rats. Le résultat de cette étude est publié dans les Comptes rendus de l'Académie Américaine des Sciences.
Les chercheurs ont induit un arrêt cardiaque chez neuf rats anesthésiés, puis ont analysé leur électro-encéphalogramme (qui mesure les activités électriques du cerveau). Dans les 30 secondes qui ont suivi l'arrêt de la circulation, tous les enregistrements ont montré une augmentation de l'activité cérébrale, qui s'est avérée "très organisée dans tout le cerveau et correspondant à un état d'éveil élevé".
Doit-on pour autant en déduire une fois de plus que les EMI sont (enfin !) expliquées ?
On est en droit de supposer que oui : à en croire certains titres,
les rats chez qui Jimo Borjigin a provoqué un arrêt cardiaque ont pu être interviewés (ce qui est une grande première) et ont déclaré avoir vu une lumière blanche.
Tout cela après leur décès, ce qui est une autre grande première !
Les réactions à cette étude (et surtout aux conclusions hâtives qui en ont été déduites concernant les EMI) sont variées :
Pour Chris Chambler de l'Université de Cardiff en Grande-Bretagne, "il est tentant d'établir une relation entre le regain d'activité des neurones et l'état de conscience mais on se heurte à deux problèmes: le premier est qu'on ignore si les rats ont un état de conscience et, même si c'était le cas, conclure que ce regain d'activité cérébrale est la signature d'un tel état est simplement fallacieux".
Pour Steven Laureys, de l'université de Liège, spécialiste reconnu du coma « L'étude est extrêmement intéressante et la méthode rigoureuse. Elle montre bien que l'activité cérébrale enregistrée juste après la mort n'est pas chaotique et qu'il y a une parfaite connectivité entre les différentes parties du cerveau.»
Pour Sam Parnia de l'Université de Southampton," l'idée qu'à l'instar des rats de l'expérience, un électro-encéphalogramme serait identique chez des humains en arrêt cardiaque "est extrêmement hypothétique et ne s'appuie sur aucune indication tangible".
Comme souvent concernant les EMI, aussi bien les titres sensationnalistes que ces dernières réactions reposent plus sur des opinions, des croyances, non-croyances et expectatives que l'on croit devoir défendre, que sur des faits.
Soyons sérieux : cette étude est rigoureuse et n'a pas à être mise en cause, mais elle ne montre ce qu'elle était destinée à rechercher : la réaction de cerveaux de rats à un arrêt de la circulation cérébrale. (dans des circonstances particulières, puisqu'ils étaient anesthésiés).
Elle a permis de mettre en évidence une activité cérébrale ordonnée ressemblant à ce que l'on considère chez l'homme comme des corrélats neuronaux de la conscience ou d'une perception sensorielle attentive :
Borigin Jimo et al., Surge of neurophysiological coherence and connectivity in the dying brain
Résumé de l'article :
Le cerveau est supposé être hypoactif pendant un arrêt cardiaque. Cependant, l'état neurophysiologique du cerveau immédiatement après un arrêt cardiaque n'a pas été étudié de façon systématique. Dans cette étude, nous avons effectué un enregistrement électroencéphalographique continu chez les rats subissant un arrêt cardiaque expérimental et analysé les changements dans la densité de puissance, la cohérence, la connectivité dirigée, et le couplage inter-fréquentiel.
Nous avons identifié une augmentation transitoire des oscillations gamma* synchrones dans les 30 premières secondes après l'arrêt cardiaque, qui précédaient un électroencéphalogramme isoélectrique**. Les oscillations gamma pendant l'arrêt cardiaque étaient globales et très cohérentes, de plus nous avons observé dans cette bande de fréquences une augmentation frappante de connectivité antéro-postérieure et un couplage de phase serré avec à la fois les ondes thêta et alpha. Cette activité neurophysiologique à haute fréquence dans un état de mort imminente dépassait les niveaux trouvés pendant l'état de veille conscient. Ces données démontrent que le cerveau des mammifères peut, bien que cela semble paradoxal, générer des corrélats neuronaux d'un traitement conscient accru à l'approche de la mort. (trad. J-P J.)
* Chez l'homme, les ondes gamma (de 30 à 120 Hz, en général autour de 40 Hz) se rencontrent dans des états que l'on peut qualifier de "conscience active", comme la concentration sur un problème ou la perception sensorielle attentive, comme l'analyse / reconnaissance d'une odeur ou d'un bruit. Ces ondes gamma pourraient résulter de la synchronisation de groupes neuronaux travaillant de concert sur la même information, dans le cadre d'un traitement cognitif ciblé se traduisant par une conscience accrue.
** Electroencéphalogramme "plat"
L'un des points importants à noter dans cette étude est que cette activité survient dans les 30 secondes après l'arrêt circulatoire, donc bien avant l'apparition d'une réelle souffrance cérébrale, de dégats irréversibles puis de la mort cérébrale. Si l'on avait fait repartir le coeur des rats à ce moment là, ceux-ci se seraient réveillés en parfait état de marche et sans séquelles.
Plutôt que de se lancer dans une polémique comme toujours stérile, plutôt que de faire du sensationnel et de supputer des "états de conscience" chez le rat à partir d'enregistrements EEG, et surtout d'en déduire quoi que ce soit concernant les EMI, qui sont des expériences aussi complexes que cohérentes, la moindre des choses aurait été de vérifier si de telles études n'avaient pas déjà été faites chez l'homme, ce qui est pourtant bien le cas.
Leur motivation n'était évidemment pas de mettre des patients en état de mort imminente, mais le résultat est le même : l'effet d'arrêts cardio-circulatoires sur l'activité cérébrale a depuis longtemps été mesuré, essentiellement par EEG.
Voici un extrait de "Deadline, Dernière limite" publié en 2006 dans lequel je résumais ces études.
Aucune d'entre elles ne mentionne d'activité similaire à celle qui a été mesurée chez le rat, mais elles concernent des enregistrements EEG "standard". Il est évidemment possible que la technique utilisée ait été plus grossière que celle (électrodes posées directement sur le cortex) utilisée par Jimo Borjigin, et qu'une activité de haute fréquence ait pu échapper à ces enregistrements.
(...) Quand on se trouve devant un patient en arrêt cardiaque, l’urgence est de faire circuler un sang suffisamment oxygéné alors que le cœur a cessé d’être efficace : on l’intube donc pour lui administrer de l’oxygène et on pratique un massage cardiaque tant qu’on n’a pas pu faire repartir des contractions normales avec un défibrillateur, qui est un appareil permettant de délivrer au cœur un choc électrique qui le resynchronise en stoppant ses contractions désordonnées (tout le monde s’est trouvé un jour sur un plongeoir pour la première fois : « j’y vais, j’y vais pas, j’y vais, j’y vais pas ».. Ca peut durer un moment jusqu’à ce qu’une âme charitable vous donne un coup de pied au derrière, ce qui se traduit instantanément par « bon, j’y vais » !). On s’occupe donc de lui sauver la vie, pas de lui brancher un EEG. Comment donc peut-on avoir une idée de ses fonctions cérébrales à ce moment là ?
Comme il n’est pas pratique de se trouver en permanence à proximité de l’hôpital quand on souffre d’une pathologie susceptible de se traduire par un tel accident, on pose de nos jours chez les patients à risque des défibrillateurs implantables. Ce sont des appareils aux fonctions similaires à ceux que tout le monde a pu voir utiliser dans des séries médicales, mais miniaturisés. Au lieu des électrodes en forme de palettes que l’on applique sur la poitrine, une sonde est implantée dans le cœur du patient, permettant à l’appareil de surveiller le rythme cardiaque et de délivrer un choc électrique si une fibrillation ventriculaire survient.
Mais on ne peut permettre que l’appareil se déclenche inopinément : un choc électrique appliqué à un cœur qui fonctionne normalement peut lui-même induire une FV (c’est de cette façon qu’on peut mourir d’une électrocution, même légère). Il est donc primordial de régler son seuil de déclenchement lors de l’implantation, ce que l’on fait pendant cette dernière en provoquant volontairement un ou plusieurs épisodes de fibrillation ventriculaire, le patient étant bien entendu anesthésié.
C’est le monitoring (mesure de la vitesse du sang dans les artères cérébrales, de la saturation en oxygène du sang, de sa consommation par le cerveau, et surtout de l’EEG) lors de ces tests qui a permis d’étudier dans le détail ce qui se passe dans le cerveau lors d’un arrêt cardiaque (De Vries 1998, Haussman 1994). Le flux sanguin cérébral tombe à zéro immédiatement après l’induction de la FV, et l’évolution de l’EEG est celle d’une ischémie aiguë, montrant une diminution quasi immédiate de l’activité normale (rapide) et l’apparition d’une activité lente (ondes delta et thêta), le tout évoluant rapidement vers l’isoélectricité (EEG « plat »). Les premiers signes d’ischémie à l’EEG apparaissent en moyenne 6,5 secondes après l’arrêt circulatoire, et l’EEG devient plat dix à vingt secondes après ce dernier, rapidement suivi par l’arrêt de l’activité du tronc cérébral (Clute 1990).
Ainsi donc, toute activité cérébrale, y compris dans les structures profondes, a cessé moins d’une demi minute après un arrêt cardio-circulatoire. La durée de ce dernier varie bien entendu selon les circonstances de sa survenue : si elle ne dépasse pas une minute dans des circonstances totalement contrôlées comme celle que nous venons de voir, elle est déjà au minimum de une à deux minutes en cas d’infarctus survenant dans une unité de réanimation cardiovasculaire, elle dure entre deux et cinq minutes si l’accident survient dans un service de cardiologie, et dépasse cinq à dix minutes (et souvent beaucoup plus) s’il arrive à l’extérieur de l’hôpital. D’autre part, si le flux sanguin cérébral revient rapidement (en quelques secondes) à la normale dès que l’activité cardiaque est rétablie, la restauration d’une activité cérébrale (quand elle est possible) peut prendre un temps considérable, dépendant essentiellement de la souffrance subie par le cerveau, laquelle est liée à la durée de l’ischémie. Cette dernière conditionne clairement la survie des patients, puisque le pourcentage de survivants à long terme est de 1 à 6 % quand l’arrêt cardiaque est survenu hors d’un hôpital, passant à 17% s’il est survenu en milieu hospitalier spécialisé.
(Extrait de Deadline - Dernière limite. Jourdan J.P. (2006) Les 3 Orangers, Paris ; Pocket Paris 2010.)
Voir le site dealinelelivre
Bibliographie :
Aminoff Michael J. et al., Electrocerebral accompaniments of syncope associated with malignant ventricular arrhythmias. Annals of Internal medicine 1988; 108 : 791-796)
Clute H.L., Levy W.J., Electroencephalographic changes during brief cardiac arrest in humans. Anaesthesiology 1990, 73; 821-825.
De Vries J. et al. Changes in cerebral oxygen uptake and cerebral electrical activity during defibrillation threshold testing, Anaesthesia and analgesia 1998; 87; 16-20.
Haussmann R., Polarz H., Rauch H. et al. Evoked potential monitoring during repeatedly induced ventricular fibrillation for internal defibrillator implantation. J. Cardiothorac. Vasc. Anesth. 1994; 8; 61-3
D'autres études ont porté sur l'enregistrement EEG d'un arrêt de réanimation et de respiration artificielle, évoluant évidemment vers l'arrêt cardiaque :
Le cerveau n'est pas une ampoule dont l'éclairage baisse quand on diminue le voltage et qui s'éteint instantanément quand on coupe le courant. Si un cerveau privé d'oxygène et de glucose finit toujours par s'arrêter de fonctionner, ses réactions aux perturbations sont complexes. La relation entre son état physiologique et son activité électrique n'a rien de simple ni surtout de linéaire ou proportionnel.
Un exemple : Pour mesurer l'état d'éveil / la profondeur d'une anesthésie ou d'un coma, on utilise couramment en salle d'opération ou en réanimation un appareil qui affiche un index "BIS", Index Bispectral de l'EEG.
Cet appareil mesure et analyse en permanence l'EEG, en particulier sa puissance dans différentes bandes de fréquence et surtout son degré de synchronisation.
C''est essentiellement ce dernier qui permet de calculer l'Index Bispectral qui est un nombre sans dimension, allant de 0 (mort cérébrale) à 100 (éveil lucide), sachant qu'un EEG normal d'éveil est très peu ou pas du tout synchronisé, cette synchronisation augmentant aussi bien avec la profondeur de l'anesthésie qu'avec celle d'un éventuel coma.
En dehors de cet usage courant, l'évolution du BIS a été étudiée dans un certain nombre de cas particuliers qui peuvent intéresser la recherche sur les EMI : l'arrêt de la réanimation et de tout moyen de maintien en vie artificielle chez des patients atteints de pathologies gravissimes, et le don d'organe après mort cardiaque (DCD, donation after cardiac death).
Dans ce dernier cas, il a été noté, parfois pendant plusieurs minutes après l'arrêt de tout support vital, une remontée de l'index BIS vers des valeurs correspondant théoriquement à un état d'éveil. Dans le cas ci-dessous, le patient était en coma dépassé dpuis 8 j à la suite d'une hémorragie cérébrale due à une rupture d'anévrysme) :
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Affichage de la sortie graphique d'un moniteur d'index bispectral (BIS 2000 ®, Aspect Medical Systems, Newton, MA) indiquant l'index bispectral calculé à partir des données de l'électroencéphalogramme en temps réel. L'axe des abscisses indique le temps à partir de pose du moniteur en h: min. L'axe des ordonnées indique le score de l'indice bispectral (0-100). Le point 1 indique le score de référence. Le point 2 indique le moment où toute réanimation et respiration artificielle ont été arrêtées. Le point 3 indique une période de signes vitaux normaux avant la déclaration de décès d'origine cardiaque. Le point 4 indique l'heure de la mort cardiaque. (trad. J-P J.)
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extrait de
Auyong DB, et al. (2010) Processed electroencephalogram during donation after cardiac death. Anesth Analg 110(5):1428–1432. Lire l'article intégral (pour les anglophones )
Autre exemple d'étude montrant une bouffée d'activité cérébrale précédant la mort :
Chawla LS, et al. (2009) Surges of electroencephalogram activity at the time of death: a case series. J Palliat Med 2009;12:1095–100 (ref medline)
Résumé : Le niveau de conscience en fin de vie en réanimation est mal caractérisé. Nous rapportons une série de cas de sept patients qui étaient neurologiquement intacts avant la décision d'interrompre les soins en raison d' une défaillance systémique terminale. Dans le cadre de notre protocole de soins de fin de vie, des moniteurs de surveillance de l'index bispectral (BIS) (Aspect Medical Systems, Newton, MA) ou SEDLine (Hospira, Lake Forest, IL) sont posés sur chaque patient. Les systèmes de surveillance utilisent un système d'intégration et d'analyse de l'EEG afin de refléter le niveau de conscience / l'effet de l'anesthésie. Dans chaque cas, la baisse de la pression artérielle, contrôlée par une sonde artérielle à demeure, a été suivie d'une baisse de l'activité BIS suivie par un pic transitoire de l'activité BIS qui approchait les niveaux normalement associés à la conscience. Cette reprise d'activité des électroencéphalogrammes (EEG) était de courte durée et l'activité a ensuite diminué à un niveau d'activité associée à des tracés paroxystiques (burst suppression *). Dans le cas d'un patient qui avait un appareil SEDLine, nous avons réussi à capturer et analyser le signal EEG brut, et confirmé que le tracé EEG n'était pas parasité par des artefacts, et en fait une forme d'onde à haute fréquence était présente lors de l'activité de pointe. Nous pensons que ce niveau d'activité BIS est lié à la perte de la polarisation de la membrane cellulaire due à une hypoxémie. Nous pensons en outre que du fait que cette augmentation de l'activité électrique est survenue quand il n'y avait pas de pression artérielle discernable, les patients qui souffrent d' expériences "près de la mort" pourraient avoir un souvenir global de l'activité synaptique associée à cette hypoxémie terminale mais potentiellement réversible. (trad. J-P J.)
* Ce type de tracé EEG correspond à un EEG isoélectrique (plat) avec une persistance de bouffées d'activité. Il est de très mauvais pronostic, et précède généralement un EEG "plat".
Toutes ces études sont extrèmement intéressantes et apportent des renseignements importants.
Cependant, leur pertinence concernant les EMI est à relativiser. En effet,
en ce qui concerne l'état physiologique du cerveau, l'étude de centaines de témoignages montre que les EMI peuvent survenir dans des circonstances extrèmement diverses, les arrêts cardio-circulatoires en représentant moins de 25%.
Dans un certain nombre de cas, le cerveau peut être parfaitement fonctionnel, comme dans les "Fear-Death Experiences" (EMI survenues au moment d'un accident évité de justesse) ou dans certaines expériences en tout point similaires à une EMI survenues spontanément, pendant une méditation ou encore un orgasme.
Il peut être dans un état désasteux et totalement incapable de la moindre activité ni de la moindre capacité de mémorisation, comme durant une hypothermie profonde.
Il peut aussi se trouver dans toute une continuité d'états intermédiaires possibles : overdose, noyade, syncope, arrêt cardiaque, arrêt cardiaque pendant une anesthésie, etc..
Malgré la diversité de ces conditions physiologiques et des degrés de souffrance qu'elles impliquent, il est quasiment impossible de différencier le vécu d'expériences survenues dans des circonstances aussi différentes.
Il semble en fait (et ce n'est pas la moindre des énigmes posées par ces expériences) que la survenue, le vécu et le contenu des EMI ne soit corrélés à aucun état cérébral particulier, fût-il désastreux. Il est similaire, que le cerveau soit normalement irrigué, qu'il ne le soit plus du tout ou à moitié, qu'il soit ou non bourré de drogues, heroïne, anesthésiques, prémédications, alcool, qu'il soit en hypo- ou en hyperthermie, etc.
***
En résumé, tout cela n'a rien de nouveau, pas plus d'ailleurs que cette tendance à vouloir à tout prix parler d'explication dès qu'une recherche touche à de tels états. Les EMI sont des expériences extrèmement complexes. Dès lors que l'on a pris la peine de les étudier de près, il est difficile de les réduire à de simple hallucinations résultant de perturbations cérébrales.
Mais s'il est ridicule de parler d'une quelconque explication au vu de tracés EEG, ces derniers et leur étude sont fondamentaux. S'il y a un regain d'activité cérébrale dans certaines circonstances proches de la mort, ce point doit être pris en compte. La recherche sur les EMI est un sujet sérieux, et nous ne pourrons pas avancer dans notre connaissance de ces états tant que nous n'aurons pas exploré ce qui ce passe dans le cerveau, que cela explique ou non ces expériences.
Les réactions face aux EMI ont toujours été chargées émotionnellement. Il me semble regrettable que des expériences aussi cohérentes, profondes et transformatrices sur le plan ethique ne servent le plus souvent qu'à susciter des réactions épidermiques : soit on a décidé de les démolir ou de les ridiculiser "parce qu'on n'y croit pas", soit on y croit et on les utilise pour en tirer des conceptions métaphysiques gratuites.
Croire à une chose ne l'a jamais faite exister, pas plus que n'y pas croire ne peut la faire disparaître. Les choses sont ce qu'elles sont. Nos désirs, nos craintes, nos croyances ou non-croyances, nos convictions préalables n'ont strictement aucune prise sur la réalité. C'est le rôle de la science d'explorer cette dernière. La science n'a pas à croire ou ne pas croire, elle s'occupe de recueillir des faits, de les analyser et enfin, quand c'est possible, d'en tirer des conclusions et de faire avancer la connaissance que nous avons de nous-mêmes et de notre univers.
Il serait donc peut-être temps de sortir de la caricature et d'avoir une attitude sereine et honnête vis à vis de ces expériences, qui touchent tout de même à un aspect fondamental de l'être humain : la conscience.
Dr Jean-Pierre Jourdan - 19 Aout 2013
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Alors qu'une étude de l'Université du Michigan concernant les Expériences de Mort Imminente (EMI) vient de paraître, les questions sur ce sujet intrigant ne manquent pas. Bien qu'il fascine aussi bien les chercheurs que les illuminés, ce phénomène n'a toujours pas trouvé de réponse concrète.
(interview du Dr Jean-Pierre Jourdan)
Dans
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très complet sur la mort,
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Yvrande.
Avec
des interviews de :
Dr
J.-P. Jourdan président de l’association IANDS-France (International
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-
Alain
Grimfeld, président du Comité consultatif national
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Patrick
Baudry, sociologue, auteur de la Place des morts, enjeux et rites
(Armand Colin).
Sur
la page TEMOIGNAGES, vous trouverez
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qui ont été interviewés pour cet article.
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