Opinions et réflexions
Que vous ayez vous même vécu une expérience marquante ou que vous vous posiez simplement des questions à leur sujet, cette rubrique est destinée à accueillir les réflexions pertinentes que peuvent vous inspirer les NDE et expériences apparentées, la signification qu'elles ont pour vous, les axes de recherche qu'elles pourraient initier, etc. Précisons une fois de plus que Iands ne souscrit à aucune croyance ni parti-pris théorique, et n' a pas pour but de promouvoir une quelconque explication des NDE. Les opinions et hypothèses exprimées sont donc celles de leurs auteurs, et n'engagent que ces derniers.
- Soyons sérieux ! par le Dr Jean-Pierre Jourdan
- Une opinion personnelle sur le livre d'Eben Alexander La Preuve du Paradis par le Dr Jean-Pierre Jourdan
- Complément d'enquête... sur le livre d'Eben Alexander La Preuve du Paradis par le Dr Jean-Pierre Jourdan
- Eben Alexander : l'opinion d'une Emiste.
- Une petite réflexion personnelle pour 2010 par Vannina, "Emiste"
- Note d'après-lecture de Deadline par C.O., Expérienceuse
- Relativité de la connaissance, du réel et des EMI par Bruno Mansuy
- Note de lecture : "Deadline - Dernière limite" par Jocelyn Morisson, journaliste
- Sectes, religions, Iands et laïcité : un échange et quelques précisions
- Aveugles et borgnes par Jean-Michel Jutge
- Une brève réflexion à propos des EMI et l'origine des religions par Daniel Maurer
- L'analogie informatique: un modèle explicatif pour les NDE par Jean-Marc Viallet
- Version anglaise : The informatic analogy
Si vous désirez vous exprimer,
Juin 201319 Aout 2013
par le Dr Jean-Pierre JOURDAN, président de IANDS-France
"Une étude américaine explique les phénomènes vécus par les personnes ayant frôlé la mort"
"Mort imminente : des scientifiques américains expliquent le phénomène sur des rats" (le Huff Post)
"L'étonnante activité du cerveau juste après la mort" (le Figaro)
"La lumière blanche aperçue avant la mort enfin expliquée par la science" (Gentside)
Une recherche effectuée par Jimo Borjigin, (professeure de neurologie à l'Université du Michigan ), a cherché à analyser les effets d'un arrêt cardiaque sur le cerveau de rats. Le résultat de cette étude est publié dans les Comptes rendus de l'Académie Américaine des Sciences.
Les chercheurs ont induit un arrêt cardiaque chez neuf rats anesthésiés, puis ont analysé leur électro-encéphalogramme (qui mesure les activités électriques du cerveau). Dans les 30 secondes qui ont suivi l'arrêt de la circulation, tous les enregistrements ont montré une augmentation de l'activité cérébrale, qui s'est avérée "très organisée dans tout le cerveau et correspondant à un état d'éveil élevé".
Doit-on pour autant en déduire une fois de plus que les EMI sont (enfin !) expliquées ?
On est en droit de supposer que oui : à en croire certains titres, les rats chez qui Jimo Borjigin a provoqué un arrêt cardiaque ont pu être interviewés (ce qui est une grande première) et ont déclaré avoir vu une lumière blanche. Tout cela après leur décès, ce qui est une autre grande première !
Les réactions à cette étude (et surtout aux conclusions hâtives qui en ont été déduites concernant les EMI) sont variées :
Pour Chris Chambler de l'Université de Cardiff en Grande-Bretagne, "il est tentant d'établir une relation entre le regain d'activité des neurones et l'état de conscience mais on se heurte à deux problèmes: le premier est qu'on ignore si les rats ont un état de conscience et, même si c'était le cas, conclure que ce regain d'activité cérébrale est la signature d'un tel état est simplement fallacieux".
Pour Steven Laureys, de l'université de Liège, spécialiste reconnu du coma « L'étude est extrêmement intéressante et la méthode rigoureuse. Elle montre bien que l'activité cérébrale enregistrée juste après la mort n'est pas chaotique et qu'il y a une parfaite connectivité entre les différentes parties du cerveau.»
Pour Sam Parnia de l'Université de Southampton," l'idée qu'à l'instar des rats de l'expérience, un électro-encéphalogramme serait identique chez des humains en arrêt cardiaque "est extrêmement hypothétique et ne s'appuie sur aucune indication tangible".
Comme souvent concernant les EMI, aussi bien les titres sensationnalistes que ces dernières réactions reposent plus sur des opinions, des croyances, non-croyances et expectatives que l'on croit devoir défendre, que sur des faits.
Soyons sérieux : cette étude est rigoureuse et n'a pas à être mise en cause, mais elle ne montre ce qu'elle était destinée à rechercher : la réaction de cerveaux de rats à un arrêt de la circulation cérébrale. (dans des circonstances particulières, puisqu'ils étaient anesthésiés).
Elle a permis de mettre en évidence une activité cérébrale ordonnée ressemblant à ce que l'on considère chez l'homme comme des corrélats neuronaux de la conscience ou d'une perception sensorielle attentive :
Borigin Jimo et al., Surge of neurophysiological coherence and connectivity in the dying brain
Résumé de l'article :
Le cerveau est supposé être hypoactif pendant un arrêt cardiaque. Cependant, l'état neurophysiologique du cerveau immédiatement après un arrêt cardiaque n'a pas été étudié de façon systématique. Dans cette étude, nous avons effectué un enregistrement électroencéphalographique continu chez les rats subissant un arrêt cardiaque expérimental et analysé les changements dans la densité de puissance, la cohérence, la connectivité dirigée, et le couplage inter-fréquentiel.
Nous avons identifié une augmentation transitoire des oscillations gamma* synchrones dans les 30 premières secondes après l'arrêt cardiaque, qui précédaient un électroencéphalogramme isoélectrique**. Les oscillations gamma pendant l'arrêt cardiaque étaient globales et très cohérentes, de plus nous avons observé dans cette bande de fréquences une augmentation frappante de connectivité antéro-postérieure et un couplage de phase serré avec à la fois les ondes thêta et alpha. Cette activité neurophysiologique à haute fréquence dans un état de mort imminente dépassait les niveaux trouvés pendant l'état de veille conscient. Ces données démontrent que le cerveau des mammifères peut, bien que cela semble paradoxal, générer des corrélats neuronaux d'un traitement conscient accru à l'approche de la mort. (trad. J-P J.)
* Chez l'homme, les ondes gamma (de 30 à 120 Hz, en général autour de 40 Hz) se rencontrent dans des états que l'on peut qualifier de "conscience active", comme la concentration sur un problème ou la perception sensorielle attentive, comme l'analyse / reconnaissance d'une odeur ou d'un bruit. Ces ondes gamma pourraient résulter de la synchronisation de groupes neuronaux travaillant de concert sur la même information, dans le cadre d'un traitement cognitif ciblé se traduisant par une conscience accrue.
** Electroencéphalogramme "plat"
L'un des points importants à noter dans cette étude est que cette activité survient dans les 30 secondes après l'arrêt circulatoire, donc bien avant l'apparition d'une réelle souffrance cérébrale, de dégats irréversibles puis de la mort cérébrale. Si l'on avait fait repartir le coeur des rats à ce moment là, ceux-ci se seraient réveillés en parfait état de marche et sans séquelles.
Plutôt que de se lancer dans une polémique comme toujours stérile, plutôt que de faire du sensationnel et de supputer des "états de conscience" chez le rat à partir d'enregistrements EEG, et surtout d'en déduire quoi que ce soit concernant les EMI, qui sont des expériences aussi complexes que cohérentes, la moindre des choses aurait été de vérifier si de telles études n'avaient pas déjà été faites chez l'homme, ce qui est pourtant bien le cas.
Leur motivation n'était évidemment pas de mettre des patients en état de mort imminente, mais le résultat est le même : l'effet d'arrêts cardio-circulatoires sur l'activité cérébrale a depuis longtemps été mesuré, essentiellement par EEG.
Voici un extrait de "Deadline, Dernière limite" publié en 2006 dans lequel je résumais ces études.
Aucune d'entre elles ne mentionne d'activité similaire à celle qui a été mesurée chez le rat, mais elles concernent des enregistrements EEG "standard". Il est évidemment possible que la technique utilisée ait été plus grossière que celle (électrodes posées directement sur le cortex) utilisée par Jimo Borjigin, et qu'une activité de haute fréquence ait pu échapper à ces enregistrements.
(...) Quand on se trouve devant un patient en arrêt cardiaque, l’urgence est de faire circuler un sang suffisamment oxygéné alors que le cœur a cessé d’être efficace : on l’intube donc pour lui administrer de l’oxygène et on pratique un massage cardiaque tant qu’on n’a pas pu faire repartir des contractions normales avec un défibrillateur, qui est un appareil permettant de délivrer au cœur un choc électrique qui le resynchronise en stoppant ses contractions désordonnées (tout le monde s’est trouvé un jour sur un plongeoir pour la première fois : « j’y vais, j’y vais pas, j’y vais, j’y vais pas ».. Ca peut durer un moment jusqu’à ce qu’une âme charitable vous donne un coup de pied au derrière, ce qui se traduit instantanément par « bon, j’y vais » !). On s’occupe donc de lui sauver la vie, pas de lui brancher un EEG. Comment donc peut-on avoir une idée de ses fonctions cérébrales à ce moment là ?
Comme il n’est pas pratique de se trouver en permanence à proximité de l’hôpital quand on souffre d’une pathologie susceptible de se traduire par un tel accident, on pose de nos jours chez les patients à risque des défibrillateurs implantables. Ce sont des appareils aux fonctions similaires à ceux que tout le monde a pu voir utiliser dans des séries médicales, mais miniaturisés. Au lieu des électrodes en forme de palettes que l’on applique sur la poitrine, une sonde est implantée dans le cœur du patient, permettant à l’appareil de surveiller le rythme cardiaque et de délivrer un choc électrique si une fibrillation ventriculaire survient.
Mais on ne peut permettre que l’appareil se déclenche inopinément : un choc électrique appliqué à un cœur qui fonctionne normalement peut lui-même induire une FV (c’est de cette façon qu’on peut mourir d’une électrocution, même légère). Il est donc primordial de régler son seuil de déclenchement lors de l’implantation, ce que l’on fait pendant cette dernière en provoquant volontairement un ou plusieurs épisodes de fibrillation ventriculaire, le patient étant bien entendu anesthésié.
C’est le monitoring (mesure de la vitesse du sang dans les artères cérébrales, de la saturation en oxygène du sang, de sa consommation par le cerveau, et surtout de l’EEG) lors de ces tests qui a permis d’étudier dans le détail ce qui se passe dans le cerveau lors d’un arrêt cardiaque (De Vries 1998, Haussman 1994). Le flux sanguin cérébral tombe à zéro immédiatement après l’induction de la FV, et l’évolution de l’EEG est celle d’une ischémie aiguë, montrant une diminution quasi immédiate de l’activité normale (rapide) et l’apparition d’une activité lente (ondes delta et thêta), le tout évoluant rapidement vers l’isoélectricité (EEG « plat »). Les premiers signes d’ischémie à l’EEG apparaissent en moyenne 6,5 secondes après l’arrêt circulatoire, et l’EEG devient plat dix à vingt secondes après ce dernier, rapidement suivi par l’arrêt de l’activité du tronc cérébral (Clute 1990).
Ainsi donc, toute activité cérébrale, y compris dans les structures profondes, a cessé moins d’une demi minute après un arrêt cardio-circulatoire. La durée de ce dernier varie bien entendu selon les circonstances de sa survenue : si elle ne dépasse pas une minute dans des circonstances totalement contrôlées comme celle que nous venons de voir, elle est déjà au minimum de une à deux minutes en cas d’infarctus survenant dans une unité de réanimation cardiovasculaire, elle dure entre deux et cinq minutes si l’accident survient dans un service de cardiologie, et dépasse cinq à dix minutes (et souvent beaucoup plus) s’il arrive à l’extérieur de l’hôpital. D’autre part, si le flux sanguin cérébral revient rapidement (en quelques secondes) à la normale dès que l’activité cardiaque est rétablie, la restauration d’une activité cérébrale (quand elle est possible) peut prendre un temps considérable, dépendant essentiellement de la souffrance subie par le cerveau, laquelle est liée à la durée de l’ischémie. Cette dernière conditionne clairement la survie des patients, puisque le pourcentage de survivants à long terme est de 1 à 6 % quand l’arrêt cardiaque est survenu hors d’un hôpital, passant à 17% s’il est survenu en milieu hospitalier spécialisé.
(Extrait de Deadline - Dernière limite. Jourdan J.P. (2006) Les 3 Orangers, Paris ; Pocket Paris 2010.)
Bibliographie :
Aminoff Michael J. et al., Electrocerebral accompaniments of syncope associated with malignant ventricular arrhythmias. Annals of Internal medicine 1988; 108 : 791-796)
Clute H.L., Levy W.J., Electroencephalographic changes during brief cardiac arrest in humans. Anaesthesiology 1990, 73; 821-825.
De Vries J. et al. Changes in cerebral oxygen uptake and cerebral electrical activity during defibrillation threshold testing, Anaesthesia and analgesia 1998; 87; 16-20.
Haussmann R., Polarz H., Rauch H. et al. Evoked potential monitoring during repeatedly induced ventricular fibrillation for internal defibrillator implantation. J. Cardiothorac. Vasc. Anesth. 1994; 8; 61-3
D'autres études ont porté sur l'enregistrement EEG d'un arrêt de réanimation et de respiration artificielle, évoluant évidemment vers l'arrêt cardiaque :
Le cerveau n'est pas une ampoule dont l'éclairage baisse quand on diminue le voltage et qui s'éteint instantanément quand on coupe le courant. Si un cerveau privé d'oxygène et de glucose finit toujours par s'arrêter de fonctionner, ses réactions aux perturbations sont complexes. La relation entre son état physiologique et son activité électrique n'a rien de simple ni surtout de linéaire ou proportionnel.
Un exemple : Pour mesurer l'état d'éveil / la profondeur d'une anesthésie ou d'un coma, on utilise couramment en salle d'opération ou en réanimation un appareil qui affiche un index "BIS", Index Bispectral de l'EEG.
Cet appareil mesure et analyse en permanence l'EEG, en particulier sa puissance dans différentes bandes de fréquence et surtout son degré de synchronisation.
C''est essentiellement ce dernier qui permet de calculer l'Index Bispectral qui est un nombre sans dimension, allant de 0 (mort cérébrale) à 100 (éveil lucide), sachant qu'un EEG normal d'éveil est très peu ou pas du tout synchronisé, cette synchronisation augmentant aussi bien avec la profondeur de l'anesthésie qu'avec celle d'un éventuel coma.
En dehors de cet usage courant, l'évolution du BIS a été étudiée dans un certain nombre de cas particuliers qui peuvent intéresser la recherche sur les EMI : l'arrêt de la réanimation et de tout moyen de maintien en vie artificielle chez des patients atteints de pathologies gravissimes, et le don d'organe après mort cardiaque (DCD, donation after cardiac death).
Dans ce dernier cas, il a été noté, parfois pendant plusieurs minutes après l'arrêt de tout support vital, une remontée de l'index BIS vers des valeurs correspondant théoriquement à un état d'éveil. Dans le cas ci-dessous, le patient était en coma dépassé dpuis 8 j à la suite d'une hémorragie cérébrale due à une rupture d'anévrysme) :
Affichage de la sortie graphique d'un moniteur d'index bispectral (BIS 2000 ®, Aspect Medical Systems, Newton, MA) indiquant l'index bispectral calculé à partir des données de l'électroencéphalogramme en temps réel. L'axe des abscisses indique le temps à partir de pose du moniteur en h: min. L'axe des ordonnées indique le score de l'indice bispectral (0-100). Le point 1 indique le score de référence. Le point 2 indique le moment où toute réanimation et respiration artificielle ont été arrêtées. Le point 3 indique une période de signes vitaux normaux avant la déclaration de décès d'origine cardiaque. Le point 4 indique l'heure de la mort cardiaque. (trad. J-P J.)
extrait de Auyong DB, et al. (2010) Processed electroencephalogram during donation after cardiac death. Anesth Analg 110(5):1428–1432. Lire l'article intégral (pour les anglophones )
Autre exemple d'étude montrant une bouffée d'activité cérébrale précédant la mort :
Chawla LS, et al. (2009) Surges of electroencephalogram activity at the time of death: a case series. J Palliat Med 2009;12:1095–100 (ref medline)
Résumé : Le niveau de conscience en fin de vie en réanimation est mal caractérisé. Nous rapportons une série de cas de sept patients qui étaient neurologiquement intacts avant la décision d'interrompre les soins en raison d' une défaillance systémique terminale. Dans le cadre de notre protocole de soins de fin de vie, des moniteurs de surveillance de l'index bispectral (BIS) (Aspect Medical Systems, Newton, MA) ou SEDLine (Hospira, Lake Forest, IL) sont posés sur chaque patient. Les systèmes de surveillance utilisent un système d'intégration et d'analyse de l'EEG afin de refléter le niveau de conscience / l'effet de l'anesthésie. Dans chaque cas, la baisse de la pression artérielle, contrôlée par une sonde artérielle à demeure, a été suivie d'une baisse de l'activité BIS suivie par un pic transitoire de l'activité BIS qui approchait les niveaux normalement associés à la conscience. Cette reprise d'activité des électroencéphalogrammes (EEG) était de courte durée et l'activité a ensuite diminué à un niveau d'activité associée à des tracés paroxystiques (burst suppression *). Dans le cas d'un patient qui avait un appareil SEDLine, nous avons réussi à capturer et analyser le signal EEG brut, et confirmé que le tracé EEG n'était pas parasité par des artefacts, et en fait une forme d'onde à haute fréquence était présente lors de l'activité de pointe. Nous pensons que ce niveau d'activité BIS est lié à la perte de la polarisation de la membrane cellulaire due à une hypoxémie. Nous pensons en outre que du fait que cette augmentation de l'activité électrique est survenue quand il n'y avait pas de pression artérielle discernable, les patients qui souffrent d' expériences "près de la mort" pourraient avoir un souvenir global de l'activité synaptique associée à cette hypoxémie terminale mais potentiellement réversible. (trad. J-P J.)
* Ce type de tracé EEG correspond à un EEG isoélectrique (plat) avec une persistance de bouffées d'activité. Il est de très mauvais pronostic, et précède généralement un EEG "plat".
Toutes ces études sont extrèmement intéressantes et apportent des renseignements importants.
Cependant, leur pertinence concernant les EMI est à relativiser. En effet, en ce qui concerne l'état physiologique du cerveau, l'étude de centaines de témoignages montre que les EMI peuvent survenir dans des circonstances extrèmement diverses, les arrêts cardio-circulatoires en représentant moins de 25%.
Dans un certain nombre de cas, le cerveau peut être parfaitement fonctionnel, comme dans les "Fear-Death Experiences" (EMI survenues au moment d'un accident évité de justesse) ou dans certaines expériences en tout point similaires à une EMI survenues spontanément, pendant une méditation ou encore un orgasme.
Il peut être dans un état désasteux et totalement incapable de la moindre activité ni de la moindre capacité de mémorisation, comme durant une hypothermie profonde.
Il peut aussi se trouver dans toute une continuité d'états intermédiaires possibles : overdose, noyade, syncope, arrêt cardiaque, arrêt cardiaque pendant une anesthésie, etc..
Malgré la diversité de ces conditions physiologiques et des degrés de souffrance qu'elles impliquent, il est quasiment impossible de différencier le vécu d'expériences survenues dans des circonstances aussi différentes.
Il semble en fait (et ce n'est pas la moindre des énigmes posées par ces expériences) que la survenue, le vécu et le contenu des EMI ne soit corrélés à aucun état cérébral particulier, fût-il désastreux. Il est similaire, que le cerveau soit normalement irrigué, qu'il ne le soit plus du tout ou à moitié, qu'il soit ou non bourré de drogues, heroïne, anesthésiques, prémédications, alcool, qu'il soit en hypo- ou en hyperthermie, etc.
***
En résumé, tout cela n'a rien de nouveau, pas plus d'ailleurs que cette tendance à vouloir à tout prix parler d'explication dès qu'une recherche touche à de tels états. Les EMI sont des expériences extrèmement complexes. Dès lors que l'on a pris la peine de les étudier de près, il est difficile de les réduire à de simple hallucinations résultant de perturbations cérébrales.
Mais s'il est ridicule de parler d'une quelconque explication au vu de tracés EEG, ces derniers et leur étude sont fondamentaux. S'il y a un regain d'activité cérébrale dans certaines circonstances proches de la mort, ce point doit être pris en compte. La recherche sur les EMI est un sujet sérieux, et nous ne pourrons pas avancer dans notre connaissance de ces états tant que nous n'aurons pas exploré ce qui ce passe dans le cerveau, que cela explique ou non ces expériences.
Les réactions face aux EMI ont toujours été chargées émotionnellement. Il me semble regrettable que des expériences aussi cohérentes, profondes et transformatrices sur le plan ethique ne servent le plus souvent qu'à susciter des réactions épidermiques : soit on a décidé de les démolir ou de les ridiculiser "parce qu'on n'y croit pas", soit on y croit et on les utilise pour en tirer des conceptions métaphysiques gratuites.
Croire à une chose ne l'a jamais faite exister, pas plus que n'y pas croire ne peut la faire disparaître. Les choses sont ce qu'elles sont. Nos désirs, nos craintes, nos croyances ou non-croyances, nos convictions préalables n'ont strictement aucune prise sur la réalité. C'est le rôle de la science d'explorer cette dernière. La science n'a pas à croire ou ne pas croire, elle s'occupe de recueillir des faits, de les analyser et enfin, quand c'est possible, d'en tirer des conclusions et de faire avancer la connaissance que nous avons de nous-mêmes et de notre univers.
Il serait donc peut-être temps de sortir de la caricature et d'avoir une attitude sereine et honnête vis à vis de ces expériences, qui touchent tout de même à un aspect fondamental de l'être humain : la conscience.
Dr Jean-Pierre Jourdan - 19 Aout 2013
Une opinion personnelle sur le livre d'Eben Alexander La Preuve du Paradis par le Dr Jean-Pierre JOURDAN.
Après la lecture de ce livre, et au vu de l'image totalement faussée qu'il peut donner des EMI et de celles et ceux qui ont vécu cette expérience, il m'a semblé nécessaire de faire une mise au point.
Si le texte qui suit se trouve sur cette page "Opinions et Réflexions", c'est simplement parce que je l'ai écrit et l'assume en mon nom personnel et non en tant que président de l'association IANDS-France. Il ne reflète donc que mon opinion et n'engage que moi.
Dr Jean-Pierre JOURDAN
Le Dr Eben Alexander semble avoir fait l'unanimité autour de lui, surtout dans le petit monde qui gravite autour des EMI.
Charismatique, charmant, racontant sa propre expérience avec conviction, humanité, chaleur et émotion, que demander de plus à un neurochirurgien, dont la pratique quotidienne implique une rigueur scientifique qui ne pouvait que donner du poids à son témoignage.
Un témoignage qui allait enfin convaincre les plus sceptiques, car au vu des réactions suscitées par la relation de son expérience, on était clairement à un tournant dans l'histoire des EMI.
Depuis vingt cinq ans que je recueille et étudie les témoignages de personnes qui avaient vécu une EMI, combien de fois n'ai-je pas regretté de ne pouvoir recueillir plus de données précises, en particulier sur leur état cérébral au moment de l'expérience, tout simplement parce que cette dernière datait de dix, quinze, parfois vingt ans...
Et là, une expérience apparemment extraordinaire nous était servie sur un plateau, toute fraîche, et de surcroît vécue par un médecin et scientifique au-dessus de tout soupçon. N'ayant pas eu la chance de pouvoir assister à une conférence de mon confrère américain, j'ai donc acheté son livre, qui apparemment se vend comme des petits pains.
Je reconnais que son titre « La preuve du Paradis » me gênait un peu aux entournures. S'il n'avait été écrit par un médecin, et si je n'en avais pas entendu des commentaires aussi dithyrambiques, je l'aurais jugé comme un probable ouvrage de prosélytisme clérical et en serais resté là.
Le Paradis est un concept essentiellement religieux qui me semble déplacé dès lors qu'il est question d'EMI. En effet, la grande majorité des expérienceurs -européens et francophones, certes- que j'ai pu rencontrer, croyants ou non, relativisent largement les religions dogmatiques (en fait il apparaît qu'ils rejettent tout ce qui est dogmatique) au profit de ce que l'on pourrait appeler une spiritualité laïque.
Mais les Américains, croyants ou non, baignent depuis leur enfance dans une religion omniprésente qui leur est aussi naturelle que l'est pour nous l'air que nous respirons. Alors pourquoi ne pas qualifier de Paradis les sensations d'Amour inconditionnel et d'immense bien-être, la libération de toute tension et de tout conflit qui baignent une EMI, si c'est le premier mot qui vous vient à l'esprit ?
Admettons donc, mais sachant que les scientifiques sont en général -et à juste titre- assez chatouilleux quand la religion essaie de pointer son nez dans la science, un tel titre ne peut que les rebuter d'emblée. Ce qui n'est pas un très bon début si l'on prétend contribuer à la connaissance en apportant des preuves que l'on suppose scientifiques...
Mais bon, ce n'est qu'un mot, évitons de juger a priori.
Aïe, le sous-titre : « Voyage d'un neurochirurgien dans l'après-vie » n'est pas mieux !
Enfin si. Pour les ventes du livre, il est même parfait !
Pas facile de résister à un éditeur qui vous explique que si vous appelez votre livre « Un souvenir de coma étrange et pénétrant » ou « Voyage d'un neurochirurgien dans un coma » vous n'en vendrez que quelques centaines, alors que si vous glissez le Paradis et l'Après-vie en couverture vous allez multiplier les ventes par cent ou mille.
Allez, il s'est probablement laissé baratiner par son éditeur. Ce n'est ni le premier ni le dernier, ne lui jetons pas la pierre.
Mais tout de même, il a fallu que ce dernier soit convaincant. Car la mort est connue comme un état définitif, dont par définition l'on ne revient pas. Et qui le sait mieux qu'un médecin, qui la côtoie quotidiennement ?
Les EMI sont une énigme pour la science. Elles remettent en question beaucoup de certitudes, suscitent des réactions épidermiques, et sont à l'origine de nombreuses polémiques. La moindre des choses, si l'on veut qu'un jour elles soient prises au sérieux et étudiées avec le respect et l'intérêt qu'elles méritent, serait d'éviter de jeter de l'huile sur le feu ou de fournir d'emblée un bâton pour se faire battre.
Leur contenu, leur cohérence, leur signification profonde laissent évidemment penser que la vie telle que nous la connaissons pourrait bien n'être qu'une parenthèse dans quelque chose d'immensément plus vaste. Un quelque chose dans lequel la vie prendrait toute sa signification. Si un jour il s'avère que tel est bien le cas, tout ce que nous croyons savoir sur la conscience, sa nature et sa place dans l'univers serait bouleversé.
Mais si l'on doit passer du domaine de la métaphysique à celui de la science, cela ne pourra se faire qu'avec la plus grande rigueur.
L'exploration des EMI ne peut donc en négliger cet aspect, mais a t-on pour autant le droit de parler d'après-vie quand on est bien vivant pour en parler, et donc que l'on n'est -par définition- jamais mort ? Étonnant donc qu'un médecin et neurochirurgien ne prenne pas plus de précautions, surtout s'il désire, comme il le prétend, être entendu de la communauté scientifique et médicale à laquelle il appartient.
Mais bon, allons voir plus loin que la couverture, qui n'est là que pour faire vendre. Le reste du livre doit certainement être plus intéressant.
Malheureusement, la majeure partie des 237 pages du livre est consacrée à de nombreux retours en arrière sur la biographie de l'auteur et au vécu de sa famille pendant son coma. Son expérience, elle, n'occupe qu'un peu plus d'une vingtaine de pages.
En résumé, il s'agit de multiples allers-retours entre plusieurs « mondes » : un état plutôt désagréable et angoissant, qu'Eben Alexander appelle « le Monde Vu du Ver de terre », baigné par un inquiétant son de martèlement, une odeur intermédiaire entre celles du vomi, des excréments et du sang, des visages grotesques d'animaux grognant en sortant de la boue...
Puis une « Mélodie Tournoyante » accompagnée d'une lumière qu'il traverse pour se retrouver sur une aile de papillon, accompagné d'une jeune femme avec qui il survole un monde extatique fait de paysages enchanteurs habités de personnages dansants et chantants.
Et enfin le « Cœur », baigné d'un chant glorieux, où il reçoit des réponses instantanées à ses questions, et finit par s'approcher de Dieu...
Pendant sa semaine de coma, Eben Alexander a certainement frôlé la mort de près, et les souvenirs qu'il a ramené de cet état peuvent donc, techniquement, entrer dans la catégorie des EMI. Mais il s'agit d'une expérience pour le moins étrange, que l'on pourrait qualifier au minimum d'atypique.
J'ai recueilli en 25 ans plusieurs centaines de témoignages d'Expériences de Mort Imminente, et quoi qu'il en dise, celle du Dr Alexander ne ressemble à aucune d'entre elles. Certaines de ses caractéristiques peuvent s'approcher de ce que l'on appelle une EMI « transcendante », mais si l'on admet qu'il a bien vécu une expérience de ce type, ses souvenirs sont manifestement amalgamés à des perceptions hallucinatoires, qui n'ont d'ailleurs rien d'étonnant dans un tel coma.
Le même phénomène est d'ailleurs à l'origine d'une bonne partie des EMI qualifiées de négatives voire même d'« infernales ». Ces dernières sont en fait, après analyse, soit de purs souvenirs hallucinatoires de coma, en général angoissants et similaires à ce qu'Eben Alexander appelle « le Monde Vu du Ver », soit parfois des EMI authentiques mêlées à de tels souvenirs.
Les livres farfelus ou délirants sur les EMI, ne manquent pas, mais ils sont le plus souvent confidentiels. L'expérience d'Eben Alexander, elle, reçoit énormément de publicité, fait le tour du monde et est présentée comme emblématique des EMI.
Ce qu'elle n'est absolument pas.
Tout cela ne risque pas de contribuer à faire prendre ces expériences au sérieux. Bien au contraire, on peut supposer que les tenants d'une hypothèse hallucinatoire vont boire du petit lait et s'en désintéresser définitivement. Quant aux médecins et/ou scientifiques touchés par la publicité faite autour de l'expérience d' Eben Alexander qui se décideraient à aborder le sujet des EMI en lisant ce livre et sans point de comparaison avec ce que sont en réalité la majorité de ces expériences, leur opinion sera aussi vite faite.
Un neurochirurgien fait une méningite bactérienne... Qui va être mieux soigné, exploré et ré-exploré que lui, d'autant que les médecins qui l'ont traité sont ceux avec qui il travaille habituellement !
Il a donc dû subir plusieurs scanners et IRM, afin de suivre l'inflammation de ses méninges et de surveiller l'éventuelle apparition d'une encéphalite, d'une nécrose ou d'un abcès cérébral. Ainsi évidemment que des électroencéphalogrammes, pour contrôler l'état de son cortex... Déception, beaucoup de généralités mais pratiquement pas un mot qui soit précis et réellement sérieux là-dessus. Ce serait pourtant la moindre des choses quand l'on prétend apporter des preuves.
Certes, il s'agit d'un ouvrage destiné au grand public, qui pour l'auteur ne s'intéresse probablement pas à de tels « détails » (qui n'en sont pourtant pas!). Mais si l'on ne veut pas ennuyer le lecteur avec des détails superflus, il est d'usage de rajouter un chapitre ou un addendum à la fin du livre, où l'on donne les précisions techniques et médicales auxquelles les chers confrères sont en droit de s'attendre. Si l'on veut susciter leur intérêt, il s'agit même là du passage le plus important du livre.
En revanche, les amalgames, imprécisions et contradictions ne manquent pas :
Le Dr Alexander reproduit à la fin de son livre un certificat dans lequel le Dr Scott Wade, qui l'a soigné, parle de méningite bactérienne.
Les méninges sont les membranes qui entourent et protègent le cerveau. Leur inflammation et/ou leur infection par une bactérie est certes très grave, mais elles ne sont ni le cerveau ni le cortex, qui est la partie externe de ce dernier et est le siège de ses activités les plus élaborées.
Une atteinte infectieuse ou inflammatoire du cerveau et du cortex cérébral est une encéphalite, affection que le certificat du Dr Wade ne mentionne à aucun moment.
Ce qui n’empêche pas le Dr Alexander de parler de la « bactérie qui attaquait son cerveau (et ) avait probablement dévoré suffisamment de (son) cortex pour compromettre (ses) fonctions cérébrales supérieures.» Il affirme à plusieurs reprises qu'il se trouvait dans un état équivalent à une mort cérébrale, impliquant que son cortex cérébral n'était plus le siège d'aucune activité, et en conclut que son néocortex, envahi par E. coli, ne pouvait pas produire d’hallucinations.
Le coma et la crise d'épilepsie dont parle le Dr Alexander montrent que son cortex a probablement souffert à cause de l'inflammation des méninges qui sont censées le protéger. Pour éviter de graves complications, il est d'usage dans un tel cas de protéger le cerveau en plongeant le patient dans un coma artificiel (par exemple en lui administrant des barbituriques). Mais il ne parle à aucun moment d'une encéphalite, ce qui est heureux car une infection bactérienne du cerveau lui aurait très probablement laissé des séquelles neurologiques irréversibles. On n'a (malheureusement ) jamais vu de cortex repousser après avoir été « dévoré » par une bactérie. Si son cortex a souffert, c'est probablement de troubles circulatoires, d’œdème et d'inflammation, tous pouvant générer une activité désordonnée, mais certainement pas une absence totale d'activité.
Tout cela n'est pas très clair et est manifestement écrit pour un public dont le Dr Alexander n'a pas une très haute opinion.
Découvrir que le vécu rapporté par Eben Alexander était très éloigné d'une EMI « classique » et pouvait en grande partie être interprété en termes d'hallucinations m'a donc mis très mal à l'aise.
L'interprétation qu'il en fait n'a pas arrangé les choses.
Il parle certes de connaissance absolue, d'Amour Inconditionnel, de très beaux concepts que l'on rencontre dans les EMI.
L'auteur se définit lui-même comme non pratiquant, n'allant à l'église qu'à Pâques et à Noël. Pourtant il apparaît au fil du livre que son expérience trouve un cadre idéal dans une interprétation religieuse. Tout au long du livre, on trouve « Dieu, le Créateur, la Source qui est responsable de la création de l'univers et de tout ce qu'il contient », un Dieu qu'il décrit comme personnifié, omniscient et omnipotent, qui rappelle celui que le catéchisme enseigne aux enfants, et est doté de qualités et sentiments humains magnifiés. En fait, il utilise un vocabulaire créationniste et interprète tout ce qui peut l'être dans son expérience dans une optique religieuse.
Personne ne peut juger de croyances ou de foi, ce sont affaires privées auxquelles tout le monde a droit, y compris un neurochirurgien. Je ne me permets donc nullement de juger Eben Alexander sur ce plan-là, mais je trouve extrêmement regrettable qu'il puisse parler de preuves et de science tout en interprétant son expérience dans un contexte clairement religieux.
Mêler science, croyance et religion me semble une démarche obscurantiste, qui ne peut que nuire profondément à la « cause » des EMI qu'il prétend défendre.
En fait, pour être honnête, plus j'avançais dans lecture de ce livre plus je me demandais s'il ne s'agissait pas d'un canular : Eben Alexander va un jour ou l'autre faire une sorte de coming out, en disant « je vous ai bien eus ! On peut vous faire avaler n'importe quoi.»
Ou d'une tentative de désinformation montée de toutes pièces par des ultra-sceptiques particulièrement rusés , visant à ridiculiser les EMI en général et avec elles celles et ceux qui les ont vécues.
Ou d'une tentative des fondamentalistes créationnistes d'utiliser une fois de plus les EMI pour essayer de justifier des croyances dogmatiques, celles précisément que la majorité des expérienceurs réfutent.
Le tout remplissant d'aise le petit monde qui fait du commerce autour des EMI, qui avait enfin trouvé un porte-parole charismatique.
Ou enfin, simplement d'un énorme courage -il en faut quand on est neurochirurgien, pour raconter un tel vécu en sachant d'avance les réactions que l'on va susciter- doublé d'une foi inébranlable et d'une incroyable naïveté.
Je ne sais pas. Eben Alexander dit avec humanité beaucoup de choses touchantes, certes. Je le suppose honnête quand il relate son expérience. Ce qui me gêne, c'est tout autant son interprétation qui semble être du prosélytisme religieux, que l'utilisation qui en est faite, présentant comme EMI typique une expérience qui en est loin.
Tout cela risque de faire passer pour hallucinatoires des centaines d’expériences qui ne le sont manifestement pas dès lors qu'on les regarde de près.
J'essaie depuis plus de 25 ans de montrer l'intérêt des EMI pour la connaissance, aussi bien sur le plan humain et éthique que sur le plan scientifique. Ces expériences peuvent nous apprendre beaucoup sur la conscience, sa nature et sa place dans l'univers. Mais cela ne deviendra possible que si le monde scientifique peut constater par lui-même qu'il s'agit d'un phénomène cohérent et consistant, indépendant de toute croyance préalable (ce qui en est même l'une des caractéristiques essentielles!), digne d'être pris au sérieux et étudié avec le respect dû à toute expérience humaine.
Une dernière chose me met très mal à l'aise à la lecture de ce livre : depuis toutes les années que j'essaie de contribuer à l'étude des EMI, j'ai pu remarquer que la majorité des personnes qui ont vécu une expérience profonde ont beaucoup de difficultés à en parler. Elles gardent par devers elles ce qui est pourtant la plus belle expérience de leur vie, presque comme quelque chose de honteux.
Elles restent très discrètes, par modestie, par peur de ne pas être comprises, par refus de devenir des gourous, par manque de mots et de concepts pour faire partager leur vécu à leurs contemporains.
Et quand elles arrivent à en parler, leur préoccupation n'est ni Dieu, ni la mort, ni la vie éternelle ni l'après-vie, mais l'Amour et la Vie tout court.
La Vie, qui semble prendre un tout autre sens quand elle est mise en perspective et cesse d'être vue depuis le mauvais bout de la lorgnette.
La seule chose donc que je sache maintenant, c'est que nous venons de faire un bond gigantesque.
Un bond de 10 ou 20 ans.
En arrière.
Dr Jean-Pierre JOURDAN
28 juillet 2013
COMPLEMENT au texte précédent sur le livre d'Eben Alexander La Preuve du Paradis par le Dr Jean-Pierre JOURDAN
Dans le texte qui précède, j'avais essayé de laisser le bénéfice du doute à Eben Alexander, qui pouvait simplement être totalement naïf mais honnête.
Au vu de l'enquête parue début juillet 2013 dans le magazine américain « Esquire » sous le titre « The Prophet » (le Prophète) par le journaliste Luke Dittrich, il apparaît qu'il n'en est rien.
Ce journaliste a pu rencontrer et interviewer aussi bien Eben Alexander que l'un des médecins qui l'ont soigné, le Dr Laura Potter. Le témoignage de cette dernière montre que j'étais bien en dessous de la vérité, ne serait-ce que sur un plan strictement médical.
Si Eben Alexander se défend maladroitement en parlant de "liberté artistique" et de "dramatisation" dans le but de rendre tout cela "plus intéressant pour le lecteur", son médecin confirme la supposition que je faisais (car elle semblait médicalement logique) : Alexander a bien dû être placé en coma artificiel dès son arrivée aux urgences. Les médecins ont tenté à plusieurs reprises de cesser ou simplement de diminuer cette sédation dans les jours qui ont suivi, mais ces tentatives répétées se sont toutes soldées par un délire agité.
Ces multiples "allers-retours" entre un coma artificiel et un état d'éveil délirant sont cohérents avec ceux qu'il décrit entre plusieurs "mondes" angoissants (le "monde vu du Ver" ou idylliques (la "Mélodie tournoyante" et le "Coeur")
Son néocortex n'était en rien détruit (il aurait eu du mal à repousser !), il était en revanche sous l'effet de doses variables de drogues destinées à le protéger et à calmer son propriétaire.
Il ne s'agit pas là d'un simple mensonge "artistique". Eben Alexander reprend à de multiples reprises son argument du cortex totalement hors d'état de fonctionner, en particulier quand il passe en revue diverses hypothèses qui pourraient expliquer son vécu, par exemple :
(p.193) " Etait-ce une réminiscence déformée de souvenirs en provenance des zones les plus profondes de mon système limbique, la partie du cerveau qui alimente la perception émotionnelle ? Là encore, non. -sans un cortex fonctionnel le système limbique ne pouvait pas engendrer des visions avec la clarté et la logique dont j'ai fait l'expérience."
(p.193, à propos des médicaments qui lui ont été administrés) : "De nouveau, tous ces médicaments agissent via des récepteurs dans le néocortex. Et sans un néocortex en fonctionnement, ces médicaments n'avaient pas de substrat sur lequel opérer."
(p.193, à propos des intrusions de sommeil paradoxal) : "Désolé, mais les intrusions de sommeil paradxal nécessitent un néocortex fonctionnel pour se produire et je n'en avais pas. "
(p.193 - 194, à propos d'une éventuelle libération de DMT par la glande pinéale) : "Cependant il reste un fait que la portion du cerveau sur laquelle agit la DMT (le néocortex) était, dans mon cas, incapable d'être touchée.. Ainsi, en termes "d'explications" de ce qui m'est arrivé, l'hypothèse de la décharge de DMT échouait tout aussi radicalement que les autres principales candidates, et pour les mêmes raisons essentielles. Les hallucinogènes affectent le néocortex et mon néocortex n'était pas en état d'être affecté."
Tout cela pourrait à l'extrème rigueur être pardonnable à un non-médecin qui n'aurait pas très bien compris ce qui lui est arrivé.
Mais Eben Alexander est médecin, et de plus neurochirurgien. L'intégralité de son argumentation repose sur un mensonge fondamental, mensonge qu'il assume jusqu'au bout. Il sait parfaitement que son cortex a subi une alternance de périodes où il était sous l'effet de drogues et de tentatives de sevrage pendant lesquelles il était en état d'éveil délirant.
Ma première analyse était la bonne : son expérience est de l'ordre d'un délire hallucinatoire, et n'a rien à voir avec une EMI authentique. Nous en avons maintenant la preuve.
Et si cette expérience doit dorénavant mériter une médiatisation (qui sera certainement moins outrancière que celle dont elle a été l'objet jusqu'à présent...) c'est parce qu'il s'agit d'un magnifique exemple de tromperie.
Eben Alexander est un imposteur, il a sciemment menti sur plusieurs points essentiels, et plus particulièrement sur le fondement même de l'authenticité de son expérience : l'incapacité de son cortex " détruit par une bactérie " à produire une quelconque expérience hallucinatoire.
Il a par là même fait preuve d'un mépris total aussi bien pour ses lecteurs que pour les auditeurs de ses multiples conférences.
Voici donc quelques extraits de l'enquête de Luke Dittrich, qui se passent de commentaires :
(…) Le dossier médical d'Eben Alexander est confidentiel. Alexander ne prévoit pas de le rendre public, bien qu'il ait proposé d'autoriser trois des médecins qui l'avaient soigné à s'exprimer à propos de son cas. Deux d'entre eux refusèrent cette possibilité.
La troisième, le Dr Laura Potter, était de garde aux urgences de l’Hôpital Général de Lynchburg le matin du 10 novembre 2008, au moment où les ambulanciers l'ont emmené.
Aussi bien Alexander dans son livre que Potter dans ses souvenirs décrivent Alexander arrivant aux urgences agité, gémissant et délirant, ce qui obligea à l'attacher sur le brancard. Dans la Preuve du Paradis, Alexander décrit le Dr Potter lui administrant alors des « sédatifs » pour le calmer.
Voici comment le Dr. Potter se souvient de l'épisode :
« Nous ne pouvions pas du tout travailler avec Eben qui s'agitait, nous n'arrivions pas à mesurer ses constantes vitales, il était tout simplement dans l'incapacité de faire ce qu'on lui demandait. Nous avons pris la décision de le mettre sous coma artificiel. C'était vraiment pour sa sécurité, jusqu'à ce que nous puissions le traiter. Et c'est ce que nous avons fait.... je l'ai endormi et mis sous assistance respiratoire. »
Après son transfert depuis le service des urgences et son arrivée en Unité de Soins Intensifs, déclare Potter, les médecins ont administré à Alexander des anesthésiants qui l'ont maintenu dans le coma. Le jour suivant elle lui a rendu visite :
« Et bien sûr il était toujours dans un coma artificiel, » dit-elle. « Sous assistance respiratoire. Ils ont essayé de le réveiller pour voir comment il réagirait, mais il était exactement dans le même état d'agitation. Même s'ils essayaient de ne diminuer la sédation que très légèrement. En fait, pendant des jours, à chaque fois qu'ils essayaient de le sevrer, il se débattait, essayait de crier et de s'emparer de son tube. »
Dans la Preuve du Paradis, Alexander écrit qu'il a passé 7 jours « dans un coma causé par un rare cas de méningite bactérienne à E.coli. »
Dans le livre il n'indique à aucun moment que c'est le Dr Laura Potter et non pas la méningite bactérienne qui a provoqué ce coma, ni que les médecins du service des soins intensifs ont maintenu ce coma dans les jours qui ont suivi en utilisant des anesthésiques. Alexander écrit aussi que pendant sa semaine dans l'unité de soins intensifs il ne fut présent que physiquement, que l'attaque bactérienne avait presque complètement détruit son cerveau. Il fait remarquer que selon les connaissances scientifiques conventionnelles « si votre cerveau ne fonctionne pas,vous ne pouvez pas être conscient » et la clé de son argumentation prouvant la réalité des royaumes qu'il dit avoir visités est que ses souvenirs ne peuvent pas avoir été des hallucinations puisque son cerveau n'était même pas en mesure de créer une expérience hallucinatoire consciente.
J'ai demandé à Potter si l'état de surexcitation dans lequel Alexander était à chaque fois qu'on le sevrait de ses anesthésiants pendant les premiers jours de son coma collait à sa définition du terme « conscient. »
« Oui, » répondit-elle, « conscient mais délirant. »
Potter n'a pas lu la Preuve du Paradis, bien qu'elle ait pu en parcourir quelques passages en avant première. Environ un an après sa guérison, Alexander approcha Potter lors d'une compétition sportive à laquelle participaient leurs fils respectifs, lui disant qu'il avait commencé un livre et qu'il voulait qu'elle jette un œil à certaines parties dans lesquelles il la décrivait en pleine action dans la salle des urgences. Il voulait, disait-il, s'assurer « que vous êtes d'accord avec ce que j'ai fait. » Plus tard il lui en envoya des passages par email, et en les lisant, elle trouva « qu'ils correspondaient en gros à ce que des médecins pourraient penser, mais pas exactement à ce que j'étais en train de penser ». Elle lui a fait part de ce constat, et selon Potter il a répondu que c'était une question de « liberté artistique » et que ces aspects de son livre visaient à « dramatiser, alors ça ne s'était peut-être pas passé exactement comme cela mais c'était supposé rendre le livre intéressant pour les lecteurs. »
L'une des scènes les plus dramatiques du livre se situe juste au moment où elle va le transférer des urgences vers les soins intensifs :
« Juste avant de quitter la salle des urgences, après deux heures ininterrompues de gémissements et de plaintes animales, je suis devenu silencieux. Puis, sortis de nulle part, j'ai hurlé trois mots. Ils étaient parfaitement clairs et ont été entendus par tous les médecins et infirmières présents, de même que Holley, qui se trouvait à quelques pas de là de l'autre côté du rideau.
« Dieu, aide-moi ! »
Tout le monde s'est précipité auprès de mon brancard. Le temps qu'ils arrivent, j'étais totalement sans réaction. »
Le Dr Potter n'a pas souvenir de cet incident ni de ce cri de supplication.
Ce dont elle se souvient, c'est d'avoir intubé Alexander plus d'une heure avant qu'il quitte la salle des urgences, en introduisant un tube en plastique dans sa trachée après avoir traversé ses cordes vocales.
Pouvait-elle imaginer que son patient intubé ait été le moins du monde capable de parler, et à fortiori d'une manière parfaitement claire ?
« Non, » répondit-elle.
Vous trouverez l'intégralité de l'article (en Anglais) sur le site du magazine Esquire.
Merci à Corinne MUSITELLI pour la traduction.
Janvier 2014
Eben Alexander : l'opinion d'une Emiste.
Je viens d’écouter la vidéo du Dr EBEN ALEXANDER interviewé par la présentatrice de l’émission « La télé de Lilou ». Je n’ai pas lu son livre, car je m’abstiens de lire des livres au sujet des EMI pour ne pas leur faire plus de publicité.
J’ai vécu une EMI, dite profonde, ce qui me permet de comparer son expérience avec la mienne.
Je ne retrouve aucune des caractéristiques d’une EMI définies par le Docteur MOODY dans le récit du Docteur EBEN ALEXANDER :
les sentiments de calme et de paix
le tunnel obscur
la décorporation
le contact avec d'autres
l'être de lumière
le panorama de la vie
la frontière ou limite
le retour
Dès le début, je suis étonnée par ses propos, puisqu’il dit que son expérience a dû se passer entre le 1er et le 5ième jour. A ma connaissance, aucun expérienceur ne sait à quel moment cela a pu se produire.
Son témoignage ne ressemble, contrairement à ce qu’il dit dans l’interview, à aucun autre.
Pour valider « son EMI », il avance deux arguments. Premièrement, il dit que la sienne se rapproche plus des expériences dites « profondes ». Deuxièmement, il ancre son récit dans l’histoire, en disant que depuis des siècles et des siècles, des récits comme le sien sont racontés. Ainsi, l’étude des récits anciens confirmerait le sien car les plus récents, même profonds, ne correspondent pas au sien.
A ce moment là, la journaliste, qui connaît bien les récits des expérienceurs, précise que son récit ne ressemble pas à ceux des autres expérienceurs.
Puis le Docteur Eben ALEXANDER raconte l’univers du ver de terre et comme cette partie de son histoire n’a rien de commun avec les autres récits d’expérienceurs, la journaliste lui demande de raconter plutôt comment il s’en est sorti.
La journaliste préfère lorsqu’il parle de la lumière, car c'est enfin un point commun avec les récits des autres expérienceurs.
Mais la description des paysages relève plus du genre fantastique/onirique. Les êtres de lumière que les expérienceurs voient ne correspondent pas à la description de la superbe créature qu’il décrit.
La description du paysage d’une magnifique vallée, des enfants qui jouent et des chiens qui sautent alors qu’il se déplace sur les ailes d’un papillon à côté d’une superbe créature, tout cela est d’une existence si belle et si parfaite. Et au dessus des nuages, des sphères de lumière et une musique, qui permet de s’élever à d’autres niveaux et lorsqu’il reconnaît la musique tout s’effondre en un point et l’on voit la demeure ultime de l’âme. La superbe créature lui dit « en concept » des pensées qu’il traduit quelques semaines après. A ce moment là, sa conscience, si lucide jusque là, ne lui a pas permis de comprendre les propos de sa superbe créature, à la différence de beaucoup d’autres expérienceurs qui comprennent instantanément ce que les êtres de lumière disent. Elle lui dit : « Tu seras aimé et chéri pour toujours, tu n’as rien à craindre, il n’y a rien que tu puisses faire de mal dans cette réalité, ni à faire quelque chose de juste, tu seras toujours aimé profondément. »
Son récit correspond plus à des récits bibliques qu’aux récits des expérienceurs.
C’est tout son imaginaire religieux qui apparaît dans son récit, sans doute a-t-il dû se raccrocher à sa foi pendant son coma. Les messages d’amour ressemblent plus au besoin d’être aimé et rassuré, comme nous le ressentons ici bas et surtout, ils sont plus des encouragements à résister notamment lorsqu’on vit une expérience difficile comme le coma.
La description qu’il fait de la conscience est plutôt de l’ordre de la révélation religieuse.
C’est pourquoi son expérience n’est pas, à mon avis, une EMI.
Beaucoup d’expérienceurs préfèrent se tourner vers leur spiritualité intérieure, celle qu’ils ont reçue avec toute la lucidité et clairvoyance pendant leur expérience. Ainsi la méditation ou la prière, comme il le prône, ne correspondent plus à la nouvelle philosophie avec laquelle sont revenus les expérienceurs.
Ils ne cherchent pas des vérités à l’extérieur car elles sont désormais en eux.
Ce qui s’écroule, c’est cette petite voix rationnelle que notre éducation, culture, croyance, a inscrit dans notre conscience afin de diriger nos vies selon les usages de notre temps.
Notre conscience libérée de cette « petite voix rationnelle », et peut-être aussi de notre corps, devient immédiatement plus lucide et perçoit instantanément l’essence des choses.
Le 5 Janvier 2010
Petite réflexion personnelle.
En cette nouvelle année j'ai fait comme beaucoup de personnes, un petit bilan. Je l'ai fait sur tous les plans, et aussi concernant l'impact et le rôle de ma NDE-EMI sur ma vie au quotidien.
En 2009, j'ai témoigné trois fois dans les médias, j'ai rencontré des personnes ayant vécu la même expérience, même si ce n'est pas de la même façon. J'ai échangé avec d'autres qui n'ont pas vécu cette expérience mais qui en ont fait le centre de leurs recherches professionnelles.
Je dois dire une chose, j'ai eu ma NDE-EMI à l'age de 14 ans, et jamais je n'ai été consulter un " spécialiste " pour m'aider, parce que je pensais, et pense toujours que la vraie spécialiste, et les vrais spécialistes, ce sont nous, les expérienceurs.
De plus je n'ai jamais considéré que j'étais victime de quelque chose de négatif. Aller voir un psychologue ou un psychiatre ne m'aurait pas aidé.
Je n'ai jamais cherché à me " regrouper " pour en parler dans le cadre d'une association quelconque sous l'égide d'une personne dite " spécialisée ".
Je comprends que l'on puisse en avoir besoin, j'aime en parler avec d'autres personnes, mais j'interdis à qui que ce soit de me traiter comme une victime ou une malade. Je ne suis pas alcoolique, je ne suis pas malade, je ne suis pas non plus un sujet d'étude pour servir de faire valoir à des personnes qui n'ont pas connu cette expérience qui change profondément les valeurs de vie, simplement parce qu'elle sont fascinées par le côté extraordinaire de la chose.
J'accepte d'en parler d'égal à égal à qui me questionne, sans distinction de grade, d'âge ou de fonction.
Les professionnels ne sont pas les médecins, les psychiatres, les psychologues, les anthropologues et autres neurologues. Les spécialistes c'est nous, nous qui avons traversé la porte d'une vie à une autre.
Nous considère-t-on comme des dépressifs chroniques? Considère-t-on que nous sommes des inadaptés sociaux ? Oui, souvent.
Mais dois-je rappeler l' idée fondamentale que nous ramenons de cette expérience pour une grande majorité d'entre nous ?
-Donner et montrer plus d'amour aux autres, être plus ouvert aux autres, plus généreux.
Dois-je rappeler ce que nous vivons en passant de l'autre côté du miroir?
-Nous vivons l'expérience de l'abandon des peurs, nous vivons la rencontre avec la lumière intelligente et pleine d'amour inconditionnel, nous retrouvons parfois des êtres qui nous sont chers et qui ont disparu, et d'autres que nous ne semblons pas connaître mais qui eux nous connaissent et sont souvent bienveillants avec nous.
Quand nous revenons de ce " voyage ", retrouvons-nous ces valeurs? Cette lumière? Cet amour inconditionnel?
Non absolument pas, rien de tout cela. Nous retournons à ce monde violent, froid, avare d'amour inconditionnel, qui ne croit en rien de positif, et qui pense tout savoir de ce qu'il est bon de savoir. Un monde qui vit pour le profit le plus rapide possible au dépens de son prochain, de sa terre, de sa vie même.
N'y a-t-il pas de quoi être dépressifs? Il n'y a pas besoin d'ailleurs de vivre une NDE-EMI pour se sentir mal et dépressif dans ce monde, mais quand vous avez goûté à une réalité si douce et bienveillante, qui vous rappelle à des valeurs plus justes et vraies, il me semble logique qu'il y ait encore plus de raisons d'avoir le moral à zéro.
De plus au lieu d'être respectés pour ce que nous ramenons comme valeurs morales positives et fraternelles, on nous pointe du doigt et on nous accuse d'affabuler, ou d'avoir été leurrés par notre cerveau de chair, d'hormones, et de sang.
Aimer plus son prochain, est-ce une tare ? Est-ce un crime que de vouloir se porter plus au secours des autres ? Est-il condamnable de respecter sont prochain ?
Pour ces valeurs que nous rapportons de cette expérience, sommes-nous plus atteints, plus malades que ceux qui tuent, violent, volent, et soumettent par la peur? Et pourtant, c'est nous que l'on montre souvent du doigt, c'est nous que nous n'écoutons pas.
Quand la communauté scientifique s'y intéresse, c'est le plus souvent dans le but de savoir si la mort existe ou non, si en effet nous avons une âme, et s' il est vrai que le néant ne nous attend pas à la fin de notre existence.
D'autres encore utilisent nos témoignages comme preuve afin de faire payer des personnes endeuillées et crédules, affirmant que leurs chers disparus sont encore parmi eux et qu'un monde meilleur nous attend si nous suivons les conseils " éclairés " de ces charlatans.(Etre aidé pour un temps est une bonne chose, être sous l'emprise perpétuelle d'un autre être qui ne fait cela que pour sont bénéfice personnel est source de bien des malheurs, autant pour la personne qui profite que pour celle qui est abusée).
Une personne qui a vécu une NDE-EMI, ne profitera jamais de vous, si elle le fait c'est qu'elle ment sur le fait d'avoir réellement vécu une telle expérience, c'est qu'elle a oublié, c'est qu'elle est juste manipulatrice.
Nous, les expérienceurs véritables, le vrai message que nous rapportons, si message à rapporter il y a (et à vrai dire ce n'est pas le cas), n'est pas de dire que la mort n'existe pas! En tout cas, personnellement, je ne ramène pas ce message-là, et n'ai pas envie de vous convaincre que la mort n'existe pas.
Personnellement, je reviens avec la conclusion que la VRAIE vie, la vraie REALITE, ce n'est pas ce qui nous détruit à petit feu dans ce monde, c'est-à-dire notre égoïsme, notre aveuglement, notre violence, et notre manque absolu d'amour pour toute créature vivante, et je ne parle pas que de l'être humain.
Ce qui est réellement important, ce sont les valeurs morales qui nous échoient après une telle expérience. Ce sont elles qui font de nous des parias de la société et parfois de la race humaine telle qu'elle se développe aujourd'hui.
Pour dire la vérité, je ne souhaite pas que l'on prouve un jour de manière scientifique que la mort n'existe pas.
Parce que l'homme est un enfant qui joue avec les allumettes et met toujours le feu à sa propre maison. Si un jour on prouve que cette grande épreuve n'est rien, alors que restera-t-il pour arrêter l'escalade de la violence et des crimes? Que restera-t-il à l'humanité comme garde fou ?
Aucun.
Tant que l'on ne saisit pas que ce qui est réellement important c'est de vivre le plus justement sa vie, d'être le plus possible un être de paix, de respect et surtout d'amour, autant que nous le pouvons, en essayant de toute notre volonté et force, alors nous ne méritons pas cette libération de la peur de la mort.
Enfin, je dirai ceci : Ce qui m'a sortie de la dépression d'être en vie dans un monde aussi moche que celui que nous continuons de perpétuer chaque jour, c'est d'avoir compris à quoi servait ma vie, quel était mon rôle et pourquoi j'avais eu la CHANCE de faire une NDE-EMI. Parce que c'est une chance inouïe ! Pas un drame, ni une fatalité ! Ce qui est un drame (mais pas une fatalité cependant), c'est d'avoir des valeurs et des pulsions d'amour inconditionnel et de simple gentillesse dans un monde comme le nôtre!
Parce qu'aujourd'hui, la normalité va à la violence, à l'exploitation de son prochain, de sa planète, au profit sans aucune limite. Même la mort pour certaines personnes n'est plus une chose grave, alors que même si je sais que l'on ne meurt pas vraiment, oui moi qui le sais, je sais aussi qu'il est terriblement grave d'ôter la vie à un être vivant quand il ne le désire pas lui-même.
Voilà ma réflexion en ce début d'année 2010. Je tiens à remercier le Docteur Jean-Pierre Jourdan, qui malgré cet avis bien tranché de ma part envers sa communauté professionnelle, me tolère et me respecte. J'ai trouvé en lui l'espoir que certains " professionnels " ne nous traitent pas comme des " cas ", mais écoutent sans juger ce que nous avons à dire. (C'est d'ailleurs ça le vrai travail d'un scientifique, rendre compte de faits, expliquer, analyser, pas de juger.)
C'est pour cela que j'ai accepté de participer à sa démarche, de lire son ouvrage " Deadline ", et de témoigner, sur sa recommandation, dans certains médias. Je reste de toute manière entièrement libre de mes pensées, mouvements et engagements. Mon amitié va à Jean-Pierre Jourdan, parce qu'il a su me respecter sans me juger. Pour une personne comme moi, c'est une qualité, énorme.
Et pour finir, je dirai aussi : Nous ne sommes pas des " cas ", nous les expérienceurs, nous sommes des porteurs d'espoir et de raison, des êtres simples qui ne cherchent pas à se mettre en avant, mais qui tentent de survivre dans ce monde de Chaos, bien loin des valeurs qui nous habitent au retour d'une expérience bouleversante, mais somme toute banale, puisqu'elle peut arriver à n'importe qui sur cette planète, toutes races, âges et grades sociaux confondus.
Merci pour le temps que vous avez accordé à me lire.
Très cordialement à tous.
Vannina
"Voilà, j'ai refermé le livre "Deadline", sans en avoir sauté une seule ligne.
J'ai besoin, à présent, de laisser reposer et décanter toutes les informations que j'ai engrangées, elles sont si riches pour moi!
Je n'ai pas tout compris de certaines explications scientifiques trop élevées pour ma modeste compréhension mais, heureusement que "Dédé" était là! Il m'a bien aidée. Je prendrai plus de temps à la seconde lecture car là, je "buvais" carrément le texte au long des pages.
Et j'ai appris des choses sur ma propre expérience (je me suis sentie un peu plus "éclairée"!). Certaines sensations enfouies ont même refait surface, j'ai éprouvé une profonde nostalgie, j'ai pleuré, mais j'ai aussi beaucoup ri! Dédé, donc, la boite à camembert, le yaourt* et , comment s'appelle-t-il, déjà..."Granboudiou" (?) m'ont permis d'accéder à des plages de détente pour reprendre mon souffle dans ces vagues d'émotions qui me submergeaient souvent.
Je pense à toutes ces expériences citées que j'ai lues intensément et à leurs expérienceurs. Je souhaite de tout coeur, s'il en est besoin, pour certains d'entre eux, que la lecture de ce livre soit, comme pour moi, l'occasion de faire un pas de plus vers la réconciliation et la paix face à un fait subit qui dépasse l'entendement.
Ce grand (et épais) livre m'a permis de faire cette avancée.
D'avoir pu lire ainsi quelques passages de ma propre expérience, inscrits noir sur blanc, dans cet "espace à deux dimensions" et offerts au sens de la vision de tas de paires d'yeux avec ou sans lunettes et de couleurs variées, m'a, en quelque sorte, "réhabilitée", a réparé le silence du "non dit" que je m'étais imposé durant plus de vingt cinq ans. Cela m'a profondément soulagée, comme libérée et procuré aussi une sensation de paix.
Ce livre traduit le résultat d'un travail de vingt ans de la part du Docteur Jean-Pierre Jourdan. Je me demande encore comment, sans avoir, à priori vécu d'EMI ou d'EHC, ce dernier a pu effectuer avec autant de conviction, de rigueur, de persévérance dans la durée, une telle recherche? Je pense que la conscience du Docteur Jourdan et ses perceptions ont peut-être la capacité de considérer les EMI et leur contexte depuis une subtile autre dimension, moins "localisée" et qui lui procure le recul nécessaire...
Je souhaite de tout cœur que d'éminents cerveaux scientifiques lisent, de manière phénoménologique (sans jugement à priori), le livre "Deadline" et ouvrent la porte à la créativité de leur conscience pour aider à l'épanouissement de notre humanité.
Je vous suis très reconnaissante, Docteur Jourdan, pour la progression personnelle que m'a apportée votre livre. Mais il est, avant tout, un magistral plaidoyer pour légitimiser ces expériences étranges dont notre conscience est capable.
C.O. Expérienceuse de Deadline
*NDR: ou… fromage blanc!?
Note de lecture : "Deadline - Dernière limite" Expériences de Mort Imminente - 20 ans de recherche sur une énigme scientifique par le Dr Jean-Pierre JOURDAN, préface du Dr Raymond Moody, postface d'Evelyne-Sarah Mercier Edition Les 3 Orangers - janvier 2007
Attention événement ! La parution du livre du Dr Jean-Pierre Jourdan en est un, et doit être saluée comme tel. Jamais les témoignages de ceux qui ont frôlé la mort - ou pas, d'ailleurs - n'avaient été analysés et "déconstruits" au mot et à la virgule près comme dans cet ouvrage de plus de 600 pages. Et cette fois par un médecin qui "creuse" le sujet depuis près de 20 ans. On ne peut pas parler d'opportunisme ou de besoin de notoriété.
Quand on sait combien les mots, précisément, sont difficiles à choisir pour relater ces vécus qui sont d'abord qualifiés d'expérience "ineffable" par la totalité des témoins, on comprend que ceux finalement utilisés comptent en quelque sorte double, voire triple. Il n'y a pas de mots, disent-ils dans un premier temps, parce que l'expérience que l'on appelle "de mort imminente" ne se déroule pas dans notre réalité habituelle. Elle a "lieu" dans un ailleurs, où n'ont plus cours nos notions d'espace ni de temps, nos modes de perception habituels, nos repères, nos valeurs... Est-ce le "temps du rêve" comme le nomment les aborigènes d'Australie ? Est-ce le "Tout Autre" de Rudolf Otto, ou bien l'expérience qu'il qualifiait de "numineuse" à propos de la relation au sacré, ou faut-il encore fabriquer d'autres mots, plus savants ? Qu'importe ! N'avons-nous pas fini de nous payer de mots ?
Ces dizaines de millions de témoins - hommes, femmes et enfants de toutes nationalités, cultures, religions, niveaux d'éducation, etc. - finissent seulement par exprimer qu'ils ont rencontré une énergie qui dépasse toute conception, tout concept, toute notion. Ils l'ont rencontrée, mais bien plus que cela, ils ont fusionné, se sont fondus en elle, et ils ont réalisé qu'ils ne faisaient qu'un avec cette énergie. Qu'elle nous constitue, qu'elle est à la fois l'amour, la connaissance, la conscience. Faut-il y mettre des majuscules ? Pour qui cela fait-il une différence ? Cette énergie, cette force est notre nature-même, si seulement nous voulons bien reconnaître que nous en avons une ! Sommes-nous prêts à envisager une seconde que nous ne sommes pas nés du chaos ou du néant, et à en accepter les implications, les responsabilités ? Jean-Pierre Jourdan a sélectionné 70 témoignages parmi les centaines recueillis par les écoutants de l'association Iands-France au cours des 20 dernières années. Ceux-là sont les plus complets, les plus riches, les plus à-même de nous donner à comprendre ce que cette expérience recèle, le message qu'elle porte.
La vie après la mort ? Peut-être, mais là n'est même pas l'essentiel. Ouvrons les yeux : c'est ici et maintenant que tout se joue. Qui sommes-nous ? Première des interrogations gnostiques à laquelle la science et la philosophie n'ont pas répondu. C'est de cela dont nous parle l'EMI. Quand bien même continuerions nous d'exister après la mort, quel intérêt si c'est pour y reconduire nos veuleries, nos hypocrisies, nos "minableries"... avec pour seule différence la certitude cette fois qu'il y a bien une vie après la mort. Si c'est en effet le cas, il va falloir accepter de s'entendre demander : "Pourquoi as-tu attendu d'être ici ? D'ici tu ne peux plus agir comme tu le pouvais avant...". "A quoi ta vie a-t-elle servi ?" Comme Nicole, ce témoin à qui il fut demandé au cours de son expérience : "Comment as-tu aimé ? Qu'as-tu fait pour les autres ?". Il y a des Abbé Pierre pour ça, et des Sœur Emmanuelle, répondent les cyniques, crocodiles verseurs de larmes aux cérémonies et commémorations. Je n'ai rien fait parce que je n'avais pas de preuve qu'il fallait que je fasse quelque chose, répondent les "sceptiques". Que tous ceux-là se préparent dès maintenant à regretter leurs paroles et avaler leurs chapeaux pour l'éternité. Gare à l'indigestion !
Dieu ?? Qu'importe, là aussi ! Dieu n'est qu'un mot, inventé par les hommes tout comme les religions qui les séparent au lieu de les réunir. Ce qui compte, encore une fois, c'est ce que nous sommes, réellement, ontologiquement. Qui a peur du réel, même au-delà des apparences, au-delà du sensible ? La peur naît de l'ignorance et la nourrit en retour. Pour sortir de ce cercle visqueux, rien de tel qu'un bon coup de pied au Q.I. !
Qu'on se rassure, Jean-Pierre Jourdan n'est ni aussi solennel, ni aussi dramatique. Tout au contraire ! Tout cela est dit avec un humour inégalé, iconoclaste "en diable". Qu'on en juge - contrairement à une sage injonction - par la couverture du livre qui ose détourner l'image sacro-sainte du tunnel en y faisant figurer une femme nue en plein milieu ! Oui, l'EMI nous parle de la vie, pas de la mort !
Ce que les témoins disent, après avoir choisi leurs mots et leurs façons de le faire, le Dr Jourdan nous le découpe en tranches fines, nous l'assaisonne d'un commentaire aussi frugal que pertinent, et nous le sert enfin dans sa simple évidence. Les "invariants", nombreux, nous permettent de comprendre ce que ces témoins ont vécu, ressenti au plus profond d'eux-mêmes, ce plus profond qui est à la fois un "hors d'eux-mêmes". Mais, et c'est là que le travail de Jourdan prend une autre dimension - au propre comme au figuré - ils nous permettent de comprendre aussi ce qu'eux-mêmes n'ont pas vraiment compris "sur le coup", à savoir que cet ailleurs, il nous est possible de commencer à le caractériser, à l'objectiver. "Je voyais les objets en transparence", "je voyais dans toutes les directions à la fois", "je voyais depuis partout à la fois", "je me déplaçais comme un zoom instantané"... Ce genre d'invariant, bien connu des chercheurs qui s'intéressent à l'EMI, personne ne comprenait vraiment ce qu'il signifiait, jusqu'à ce que Jean-Pierre Jourdan nous l'explique par une analogie simplissime : le passage d'une dimension d'espace N à une dimension N+1.
Une dimension supplémentaire. "Tout se passe comme si" les témoins avaient perçu depuis une dimension qui engloberait non seulement les 3 dimensions d'espace, mais aussi la dimension temps. Un témoin a ainsi vu toute sa vie comme un objet dont il pouvait faire le tour... Ce modèle est extrêmement prometteur du fait même de cette élégante simplicité qui caractérise les grandes théories scientifiques. Les analogies sont tellement nombreuses et frappantes qu'il est certain que le Dr Jourdan a mis le doigt là où ça fait bien ! Lorsqu'il a présenté son modèle lors des 1ères Rencontres Internationales sur l'Expérience de Mort Imminente à Martigues le 17 juin dernier, l'assistance était partagée, beaucoup ne comprenant pas où il voulait en venir. Avec son détachement et son habituel sens de la dérision, Jean-Pierre Jourdan s'est contenté de traiter l'aspect "spatial", laissant le temps à plus tard... Un membre au moins de l'assistance a toutefois pris la mesure du caractère "génial" de cette réflexion : le Dr Raymond Moody, qui était l'invité d'honneur de cette journée. Le lendemain, il confiait à l'auteur de ces lignes avoir été réellement bluffé par cette présentation, et se proposait de rédiger une préface à son livre... ce qui est aujourd'hui chose faite. Une préface dans laquelle le Dr Moody confirme sa première impression, à savoir qu'il a eu le sentiment de se trouver devant un nouvel Einstein. N'en jetez plus ! Jourdan affirme qu'on le compare plus volontiers à Gaston Lagaffe, mais les deux personnages ne sont pas si éloignés l'un de l'autre. Son modèle est ici présenté dans tous ses détails et avec force illustrations. Personne, aucun scientifique, aucun médecin, ne pourra plus dire "je ne savais pas..." que l'EMI, loin d'être une hallucination, est bien une source immense de connaissance, de compréhension de la conscience et de la nature humaine.
Un dernier bravo ; il est pour l'éditeur Les 3 Orangers. Ne boudons pas notre plaisir, celui de voir 20 ans de travail et de réflexion réunis en plus de 600 pages pour constituer cet ouvrage de référence. Passer à côté serait indigne de quiconque prétend s'intéresser à l'humain, dans toutes ses conditions, et dans toutes ses dimensions.
Jocelyn Morisson, journaliste. 29 janvier 2007
Sectes, religions, Iands et laïcité:
un échange et quelques précisions
Cher Docteur Jourdan,
D'abord, permettez moi de vous saluer amicalement et de vous féliciter pour votre ouverture d'esprit et votre courage intellectuel, et également de vous remercier pour ce site vraiment utile, rigoureux, et d'une présentation agréable.
Une seule petite observation moins positive de la part du chrétien luthérien que je suis, à propos de la page "Prédateurs" (au demeurant indispensable pour mettre en garde contre les sectes et églises sectaires en tous genres) : il existe des églises et religions non sectaires, et il me semble pour le moins simpliste de traiter leurs dogmes ou la révélation sur laquelle elles se fondent comme de simples projections humaines ayant un vague rapport avec les réalités spirituelles.
Je ne connais pas bien l'Islam, le Judaïsme et le Bouddhisme, mais il me semble que ces spiritualités peuvent être vécues sans se retrancher de la société et sans renoncer à la maîtrise personnelle de sa vie, ce qui les différencie radicalement des mouvements sectaires.
Le Christianisme, auquel j'appartient (je suis membre de l'Eglise Evangélique Luthérienne de France -rien à voir avec les Evangélistes, il s'agit de l'Eglise héritière de la Réforme de Martin Luther), est une religion dans laquelle Dieu se fait homme pour LIBERER l'humanité de ses vicissitudes, de ses aveuglements, de tout ce qui l'enchaîne à une condition d'esclave de ses pulsions égoïstes et mortifères.
Non seulement cela est à l'antipode de toute aliénation sectaire, mais dire que cela ne serait qu'une projection humaine inspirée par une très vague compréhension des réalités spirituelles me paraît pour le moins péremptoire. Je serais tenté de vous demander "Qu'en savez vous ?" "Sur quoi vous fondez-vous pour dire cela ?"
Je comprends bien et j'approuve totalement le champs purement médical et scientifique de ce site, et je crois que c'est un outil formidable pour aider le lecteur à se défaire d'un éventuel rationalisme sectaire. Mais il me semble aussi qu'abordant le danger des prédateurs du spirituel, il n'est pas juste de présenter l'agnosticisme comme unique garantie contre ces dangers.
Dans les églises chrétiennes adhérentes à la Fédération Protestante de France, dans l'Eglise Catholique Romaine, et dans les Eglises Orthodoxes, les fidèles sont libres, tolérants, appelés à voir la Perfection Divine en tout être humain, même les plus dégradés par leur existence, à conduire leur vie par des décisions d'adultes à la lumière des valeurs de l'Evangile, et dans une humilité faite de lucidité sur soi-même et sur ses motivations profondes (surtout dans le Protestantisme).
Bien sûr, la révélation chrétienne n'a rien à voire avec la méthode hypothético-déductive et expérimentale de la science.
Mais n'existe-t-il pas des domaines tout à fait pertinents et dignes d'intérêt qui ne sont pas compréhensibles par la méthode scientifique, ne serait-ce que sur le plan humain où des "phénomènes" tels que la joie, la confiance ou les choix moraux d'un individu ne sont pas observables de la même manière que l'inertie d'un mobile ou la combustion d'un gaz ? Et pourtant, ces "phénomènes" existent indubitablement.
De même, la non-démontrabilité scientifique d'une révélation religieuse ou d'un courant d'idées altruiste en annulerait-elle la valeur ?
J'ai l'impression que le mépris des religions révèles procède du même mécanisme idéologique que celui qui conduit un certain nombre de neurologues à mépriser la psychologie : hors de la physique et de la chimie, point de salut...
De telles conceptions condamnent celui qui les partage à un enfermement dans le monde des phénomènes de la matérialité non-humaine, et peut même conduire à une forme d'inhumanité par mépris des biens du coeur ravalés à de simples sécrétions de neurotransmetteurs...
Je connaît personnellement un scientifique qui a réalisé qu'il avait fait totalement l'impasse sur l' aspect humain de sa vie lorsqu'un de ses fils s'est suicidé... Peut-être les dimanches passés à sa table de travail pour ses recherches scientifiques auraient-ils été mieux employés à vivre avec ses enfants, à les écouter, à jouer avec eux ?
Loin de moi de mépriser la science ou de rejeter un rationalisme ouvert et de bon alloi dont le bon sens prémunisse contre les tentations obscurantistes et les délires psychotiques. Mais la science et la pensée rationnelle doivent avoir leur juste place et doivent abandonner leur prétention de toute puissance idéologique. La science n'est pas pertinente dans tous les domaines, et les domaines qui lui échappent ne sont pas méprisables. Il faudra bien revenir sur la toute puissance de la science décrétée bien naïvement par le 19ème siècle positiviste.
Quels que soient les options spirituelles personnelles de celui qui le ferait, détourner de leur projet ceux qui ressentent le besoin d'adhérer à une révélation religieuse non-sectaire serait prétentieux et risquerait justement de les précipiter dans les mouvements sectaires.
Pardonnez mon plaidoyer un peu long, mais s'agissant d'un site aussi passionnant et pertinent que le votre, je tenais à vous faire part de ce point qui me paraissait dangereux. Lucidité protestante oblige, je crois que rien ne doit être passé sous silence, et qu'une seule chose serait boiteuse dans un ensemble parfait, elle n'a pas à être mise sous le tapis.
Vous remerciant encore pour votre site,
Bonsoir,
Je suis désolé que vous ayez pu interpréter cette page de manière négative pour les religions. Elle est uniquement destinée à avertir les personnes fragiles sur les diverses ruses des sectes (et il faut reconnaître que dans certains pays la frontière entre les deux est plutôt floue) et les dangers qu'elles représentent.
Il n'est absolument pas question de mettre les religions dans le même panier. Notre association réunit autour d'un même centre d'intérêt des personnes très diverses. Certaines sont athées ou agnostiques, d'autres adhèrent à l'une ou l'autre religion, mais la foi est une affaire personnelle qui n'entre pas en ligne de compte. Nous essayons depuis les débuts d'effectuer une recherche et d'apporter une information sans a-priori ni orientation particulière. Nous ne promouvons en particulier aucune interprétation, préférant, étant donné la complexité du sujet, exposer les nombreuses questions qu'il pose et qui sont pour l'instant sans réponse.
Sur un plan personnel, je respecte toutes les voies de recherche individuelles authentiques, qu'elles soient spirituelles, existentielles, philosophiques ou autres, tout en gardant une distance nécessaire à un minimum d’objectivité. Concernant les sectes, il ne s'agit pas à mon sens de spiritualité vraie, mais de démarches obscurantistes et de stratégies souvent parfaitement organisées dans le but très matériel de conserver ou d'accroître un pouvoir financier et politique tout à fait séculier.
Je suppose que le passage qui a motivé votre réaction est le suivant :
"Pour la plupart, les églises en général , leurs dogmes et croyances et même leur propre religion "originelle" sont comprises comme des "projections" humaines de quelque chose de beaucoup plus profond et fondamental. Si vous êtes de ceux là, vous êtes donc a priori vacciné(e) contre toute récupération."
Il ne s'agissait là aucunement de faire un amalgame, plutôt d'une manière d'expliquer que "qui peut le plus peut le moins".
Ceci dit, si les personnes qui ont vécu une EMI peuvent conserver une foi proche de celle qu'elles avaient avant leur expérience, il semble d'après la grande majorité des témoignages (plusieurs centaines) que j'ai pu étudier qu'elles se détachent des rites et des dogmes, quand ils existent, pour une recherche de sens (que l'on peut bien entendu qualifier de "spirituelle") plus individuelle. Il semble d'ailleurs que des personnes agnostiques à l'origine découvrent elles aussi cette quête de sens. C'est là une quasi constante de ces expériences que l'on ne peut que constater, et non une opinion.
Je détaille tout cela dans un livre qui devrait paraître à la rentrée 2006 et qui résumera 18 ans d'exploration et d'interrogations .
Tout à fait d'accord avec vous sur le fait qu'il existe des domaines qui échappent à la science. Science et religion (mais je préfère le mot plus vaste de spiritualité, même s'il est trop souvent galvaudé) sont deux manières différentes d'appréhender le monde, et essayer d'avoir un point de vue scientifique (qui est à mon avis nécessaire pour aider à notre compréhension d'un phénomène dont il ne faut pas oublier qu'il est avant tout une expérience humaine bouleversante) ne signifie absolument pas mépriser tout ce qui n'est pas science.
J'espère avoir répondu à vos interrogations, et vous avoir rassuré.
Très cordialement
Dr Jean-Pierre Jourdan, Webmaster
Cher Docteur Jourdan,
Ce sont effectivement les paroles que vous citez qui m'avaient fait réagir, puisque les dogmes et rites définis au Concile de Nicée sont effectivement les bases de ma Spiritualité chrétienne, en particulier avec le Credo de Nicée ("Je crois en Dieu le Père tout puissant...") qui me rappelle Qui est le Rédempteur, le Verbe de Dieu fait chair, credo qui donne à ma vie son sens profond le plus magnifique, puisque je m'y trouve infiniment et personnellement aimé de Dieu de toute éternité et rendu à la pleine dignité de mon héritage divin malgré mes fautes.
Les dogmes sont là pour définir les religions et leur spiritualité particulière, dans le cadre d'une révélation spécifique, et il me semble bon (sans tomber dans le fondamentalisme) de choisir une seule religion et de s'y épanouir spirituellement, plutôt que de butiner avec justement le risque d'être récupérable par n'importe quelle secte... Toutes les grandes religions ont certainement leur part de vérité et leur importance dans les plans du Créateur pour nous, elles peuvent s'éclairer mutuellement sur de nombreux points, mais il me semble que les originaux ont beaucoup plus de sens que les copies mélangées que nous offre le New Age, essentiellement soucieux de brouiller les pistes et leur sens comme dans le Da Vinci Code...
Je respecte parfaitement le point de vue des agnostiques, mais je trouverais dommage que quiconque se prive d'une spiritualité chrétienne, musulmane, juive ou bouddhiste par peur d'un carcan qui le priverait de sens, alors qu'il s'agit précisément du contraire... d'une vie débordante de sens et d'enthousiasme, dans laquelle ce sur quoi on compte, ce à quoi on fie ce qu'on a de plus précieux est bâti sur des fondations solides, et non sur les bons sentiments d'un moment ou sur un mysticisme démagogique qui admettrait tout et son contraire comme vérités égales.
Par exemple, être libre et croître dans la Vie implique de renoncer à tout ce qui vous dégrade et vous enchaîne (le péché - en Grec "manquer sa cible", agir hors ou à l'encontre de sa vocation d'homme libre fait à l'image de Dieu- ). Il serait bien sûr bien plus populaire de ne pas proclamer cette vérité, mais ce serait justement vider de sa substance l'Evangile de Libération du mal sous toutes ses formes...
Oui, toute vraie spiritualité implique le choix de formes spécifiques et cohérentes, donc un renoncement à d'autres formes possibles, sans lequel la quête de sens se transformerait en un consumérisme New Age où chacun puiserait dans les rayons d'un vaste supermarché "spirituel" à la recherche de sa satisfaction nombriliste immédiate.
Pardonnez moi d'avoir été un peu long dans mon développement . Votre perspective laïque et bienveillante me paraît excellente s'agissant d'un site destiné à tous, et il ne s'agissait que d'une mise au point sur un détail.
Aveugles et borgnes
Jean-Michel Jutge
Peut-on expliquer et comprendre une N.D.E. par une approche extérieure ? Dans quelle mesure la science médicale ou autre peut-elle aider celui qui a vécu cette expérience ? Tout dépend du regard que l'on porte sur le phénomène et la relation que l'on établit avec lui, car s'ouvrir et accepter la réalité d'expériences de conscience qui transcendent le cerveau humain et la matière nous oblige à reconsidérer notre propre point de vue, qui apparaît alors extrêmement étroit et limité. Pour donner une image, nous nous trouvons alors dans la situation d'une humanité aveugle qui essaierait de comprendre l'expérience de celui qui aurait entraperçu, pour un temps, un rayon de lumière, ou un paysage lumineux tout autour de lui, et toutes les informations en découlant. Comment une telle humanité pourrait-elle aider ceux qui auraient vécu ce genre d'expériences et l'expliquer, tout en restant aveugle ? elle risquerait d'avoir beaucoup de difficultés, et plus encore, de créer une grande frustration chez les expérienceurs. La réalité de ces expériences nous oblige donc fatalement à un retour sur nous-mêmes et sur la réalité de notre nature humaine, et bien plus que d'essayer d'intégrer ou de réintégrer l'expérienceur dans une humanité aveugle, ce qui risque de le déstabiliser, n'aurions-nous pas tout intérêt à nous ouvrir encore plus, écouter et observer ce que celui-ci peut nous apprendre d'une réalité de l'esprit, de la conscience ou de la nature humaine dont nous ignorons tout, non pas pour acquérir une connaissance supplémentaire, bien que cela soit d'un intérêt indéniable, mais plutôt pour nous sortir de notre cécité.
Une démarche scientifique qui serait complète ne pourrait passer que par là car nous touchons là au domaine de l'humain et sa nature existentielle et non pas à quelque objet extérieur qui puisse être mesuré. La vue étant là nous aurions alors tout le loisir de classifier, quantifier, rationaliser, confronter avec d'autres expérimentateurs ce qui serait une réalité ou une dimension de l'existence ou de l'univers auxquelles l'humain n'a accès que dans des situations exceptionnelles ou extrêmes.
Mais notre difficulté à appréhender de l’intérieur ce genre d'expériences vient du fait que nous nous sentons coupés, séparés, isolés de l'autre, et précisément, c'est cette absence de séparation, cette sorte d'unité transcendante avec le tout que nous révèlent ces expériences, et la possibilité pour l'esprit humain d'y accéder. Sans pour cela être obligé de devenir mystique, c'est de ce fait que viennent témoigner la plupart de ceux qui ont vécu cette absence de séparation, parfois brutalement, mais bien souvent en en rapportant quelque chose, le sentiment que cela est possible et en gardant quelque part une porte ouverte les rapprochant de leurs frères humains.
Alors bien entendu face aux croyances et aux structures de la psyché, cette découverte, pour celui qui la vit, peut bousculer, voire déstabiliser. Rien de plus normal, car cette psyché s'est construite sur notre état d'aveuglement, pour reprendre notre image, et le temps du réajustement peut être plus ou moins long selon les individus. Mais c'est là que l'accompagnement peut être utile et efficace, en aidant l'autre à intégrer plus rapidement ses nouvelles données, et comment faire au mieux cela si ce n'est en les ayant déjà intégrées pour soi-même.
Dans ce contexte, seul un expérimentateur se donnant comme vocation cet aspect, ou seul un chercheur ayant eu suffisamment d'écoute pour vivre en son cœur et à travers le récit oral de l'expérimentateur, cette compréhension intime, seuls ceux-là peuvent aider au mieux et tirer le meilleur enseignement de ce que peut être une N.D.E. et découvrir peut-être le moyen de partager et d'en retirer des bénéfices pour tous. Nous rejoignons là ce qu'ont alors tenté de faire différentes religions ou spiritualités avec leurs moyens propres. Mais nous ne sommes pas des religieux et voulons rester objectifs. Il y aurait donc là toute une autre approche à découvrir et à mettre au point qui permettrait de tenir compte à la fois du caractère rationnel et nécessaire à cette démarche, et à la fois de son caractère transcendant.Jean-Michel Jutge – Professeur de yoga
http://members.aol.com/jmjutge/kundalini/
Une brève réflexion à propos des EMI et
l'origine des religions par Daniel Maurer
Suggérer que les Expériences de Mort Imminente sont à l'origine des religions du Livre est une hypothèse digne du meilleur intérêt. Les Ecritures recèlent en effet, comme nous allons le constater, de troublantes analogies avec les récits d'Expériences de Mort Imminente.
On soulignera tout d'abord ces visions d'une lumière éblouissante, parfois associées à l'apparition de personnages célestes, dont la conversion de Saul (Actes, IX, 3-5 et XXII, 6-8) sur le chemin de Damas est l'exemple le plus... lumineux. Ce même Saul, devenu Saint-Paul, revient dans sa deuxième épître aux Corinthiens (XII 2-4) sur cet extraordinaire vécu qui n'est pas sans rappeler les vertus transcendantales d'une EMI : « Je connais un homme en Christ, qui fut, il y a quatorze ans, ravi jusqu'au troisième ciel (...). Et je sais que cet homme (...) fut enlevé dans le paradis, et qu'il entendit des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme d'exprimer. » Ineffables, en effet, confirmerait un expérienceur contemporain.
Le fait de rencontrer plus d'une similitude de cet ordre dans les textes sacrés incite à la réflexion. De celle-ci le croyant déduira tout naturellement que les EMI trouvent leur explication dans la religion. Qu'elles sont une éclatante démonstration de sa légitimité et de l'authenticité de son message. Mais pourquoi ne pas oublier, un instant, deux millénaires de conditionnement doctrinal et imaginer la proposition inverse ? À savoir que les EMI, et plus largement les états modifiés de conscience de nature transcendantale, sont en mesure de rendre compte de l'avènement des religions. Cette hypothèse, peut être audacieuse , ne remet pas en cause l'existence d'une intelligence supérieure, qu'on l'appelle Dieu, Allah, Yahvé ou autre Grand Architecte.
Parmi les similitudes qui plaident en faveur de cette hypothèse on retiendra la longue méditation de Jésus dans le désert, lorsque l'apparition des anges est venue mettre un terme à la tentation à laquelle le soumettait le Malin (Matthieu, IV, 2-11). Dans ce cas précis l'analogie avec les EMI à connotation négative, qui s'achèvent par la vision de personnages célestes venus sauver l'expérienceur, n'échappera pas à celui qui reprendra la lecture du texte sur la base de cette interprétation.
Ces quarante jours de jeûne et d'isolement endurés par Jésus-Christ représentent d'ailleurs le contexte inducteur idéal d'une expérience mystique, analogue en bien des points à une EMI. En effet, isolation sensorielle, méditation, psalmodies, abstinence, sont connus pour être propices au déclenchement de ce type d'états modifiés de conscience. Ce contexte a d'ailleurs eu la faveur des mystiques de tout temps, quelle qu'ait été leur confession. Aujourd'hui il n'est plus utilisé par les seuls contemplatifs puisqu'il est mis à contribution, de façon mesurée, dans le cadre de thérapies de développement personnel visant parfois à l'éveil à une dimension supérieure de l'être : sessions de méditation dans le désert, en forêt, en montagne ou en d'autres lieux isolés.
Mais plus encore, les fondateurs de deux autres grandes religions, l'Islam et le Bouddhisme, connurent eux-aussi la révélation dans un contexte identique. Quelle coïncidence ! n'est-ce pas. Ce fut le cas de Mahomet, auquel l'ange Gabriel apparut alors qu'il méditait dans une caverne du mont Hirâ et du prince Siddharta Gautama, le Bouddha, éveillé lors de sa méditation sous un figuier à Bodh Gaya, en Inde. Ces trois adeptes de la méditation solitaire que furent Jésus, Mahomet et Bouddha se mirent ensuite en devoir, à leur tour, d'éclairer les hommes.
Peut-on raisonnablement en appeler au hasard dans le fait que les fondateurs des trois plus grandes religions actuelles ont vécu une expérience identique ? Une expérience qui donnera corps à leur enseignement et dont les répercussions pèsent aujourd'hui encore sur la destinée de plusieurs milliards d'hommes.
Leur enseignement initial, qui a pris racine dans la puissante expérience intérieure qu'ils ont vécu, insistait sur l'importance de l'amour, sur la notion d'interdépendance et sur les vertus du bien. Pour un expérienceur ordinaire cette puissante expérience intérieure débouche pareillement, on le sait, sur des répercussions positives similaires. Mais sachant aussi qu'une EMI est influencée par des éléments d'ordre biographique et culturel on en déduira, dans le cadre de la présente hypothèse, que les nuances entre les religions relèvent de ce modèle ; chaque religion ayant été marquée, dès l'origine, par l'empreinte personnelle et par la culture de son fondateur, puis par celles de ses disciples et chroniqueurs successifs.
Un autre indice vient conforter la thèse du rôle primordial des EMI dans l'émergence des religions. Il se rapporte à une forme de monothéisme qui avait vu le jour treize siècles avant Jésus-Christ par la volonté du pharaon Akhenaton (Aménophis IV). Celui-ci entendait rendre un culte sans partage au soleil, qu'il considérait comme l'unique dispensateur de la vie. Il est aisé de postuler ici que le rituel de mort/renaissance auquel était soumis le pharaon et les hauts dignitaires, a débouché, pour Akhenaton, sur une EMI profonde caractérisée par la fusion avec la lumière ; ce " soleil de bonté et d'amour " comme l'indiquent certains expérienceurs.
Moïse lui-même, recueilli par la fille du Pharaon, était prince égyptien par adoption. Et à ce titre il est fort probable qu'il ait été initié, dans un rituel de mort/renaissance similaire. Et sa rencontre avec Dieu sur le mont Sinaï, au sommet duquel le prophète s'était retiré après une longue errance dans le désert à la tête du peuple hébreux, n'est pas moins évocatrice, d'une façon plus symbolique, de certaines caractéristiques d'une expérience d'expansion de la conscience : « ...il y eut des tonnerres, des éclairs, et une épaisse nuée sur la montagne ; le son de la trompette retentit fortement... » (Exode XIX,16-17). Ou encore : « La montagne était embrasée, et les flammes s'élevaient jusqu'au milieu du ciel. Il y avait des ténèbres, des nuées, de l'obscurité. » (Deuteronome IV, 11-13).
L'hypothèse que le récit de cette rencontre sur le mont Sinaï ait été l'expression symbolique d'un état d'expansion de la conscience, comparable à une EMI, apparaît à nouveau, plus clairement, dans un passage du même Deuteronome (V, 26-27) : « Quel est l'homme en effet, qui ait jamais entendu, comme nous, la voix de Dieu vivant parlant du milieu du feu, et qui soit demeuré vivant ? » Ce que l'on peut aisément interpréter comme l'audition de la voix de Dieu venue d'une intense lumière (du milieu du feu). Un phénomène qui ne pouvait être vécu qu'à l'approche de la mort, puisque « ...et qui soit demeuré vivant ? »
Ainsi, les fondateurs des grandes religions et leurs prophètes connurent probablement un état modifié de conscience d'un réalisme saisissant, de l'ordre d'une EMI ou d'une expérience mystique profonde. Ils se trouvèrent alors en présence de cette lumière, identifiée à Dieu, qui leur délivra un message d'amour comparable à celui dont nous parlent les expérienceurs contemporains et qu'ils interprétèrent à partir de leurs traditions.
Ces rencontres avec l'être de lumière, nous ne l'ignorons pas, amènent le sujet à reconsidérer profondément sa relation aux autres. Pour celui qui a vécu pleinement une telle expérience, l'existence d'une conscience supérieure est une évidence première et l'amour du prochain ou, si l'on préfère une formule moins pompeuse, la véritable solidarité des hommes, une impérieuse nécessité. S'y ajoute le respect de toute forme de vie, la certitude d'une continuité par delà la mort, etc. Ces principes auxquels tentent de se soumettre les expérienceurs, très peu y parviennent vraiment, sont la base des grandes religions. Et le décalogue remis à Moïse, qui résume l'enseignement reçu lors de son expérience d'expansion de la conscience, est parfaitement conforme à l'enseignement reçu de la Lumière par les expérienceurs d'aujourd'hui.
L'analogie entre les pouvoirs surnaturels que l'on prête aux initiateurs des grandes religions, tels que les pouvoirs de précognition et de guérison, et ceux dont certains expérienceurs font preuve relève également de notre propos. Le charisme de celui qui a fusionné avec la Lumière de Vérité favorise incontestablement le prosélytisme et il ne fait guère de doute que dans le contexte de l'époque où vivait Jésus, considéré ici comme un expérienceur-modèle, ses disciples aient vu en lui le Messie dont parlaient les Ecritures. Mais les disciples, on ne le sait que trop, vont parfois bien au-delà des enseignements du maître et ne sont pas nécessairement des chroniqueurs objectifs. Aussi, pour asseoir la valeur de sa doctrine, est-il vraisemblable qu'ils aient été tentés d'amplifier la portée de son pouvoir de guérison et lui aient prêté la faculté d'accomplir des miracles.
De fait, et à leur décharge, les expérienceurs qui ont développé ce genre de pouvoir ont parfois eu la surprise d'obtenir des résultats véritablement miraculeux : rémission d'une maladie grave ou guérison inespérée. Il est connu, par ailleurs, que le prestige accordé à celui qui détient le don de guérir conditionne favorablement l'évolution de la maladie. Ces considérations laissent donc à penser que les fondateurs des grandes religions furent sans aucun doute des guérisseurs hors-pair. L'efficacité du prestige dont ils jouissaient ne pouvait manquer d'aboutir de temps à autre à des résultats miraculeux, grâce à un mécanisme de suggestion directe tout autant que par celui d'une autosuggestion par contamination (bouche à oreille).Au terme de cet exposé succinct, la portée de l'hypothèse qui le motive mérite d'être mieux ajustée. Si l'origine des religions actuelles et des diverses croyances en la survie était un jour attribuée au phénomène que l'on nomme Expérience de Mort Imminente, alors ce phénomène devrait être considéré comme la matrice essentielle de la plupart des cultures qui ont cours sur la planète. Vertigineuse perspective !
L'ANALOGIE INFORMATIQUE
Un modèle explicatif pour les NDE
© Jean-Marc Viallet- 2005
1-INTRODUCTION
Les Nde (near death experience- EMI ou expérience de mort imminente en français) sont un véritable défi au sens commun et à la science de notre temps. Je ne vais pas ici détailler ce genre d'expérience : voir le site de Iands France (http://www.iands-France.org) pour de plus amples informations.
Bien que n'ayant pas moi-même subi ce genre d'état, je ne doute pas de sa véracité et des témoignages : c'est pourquoi je me questionne sur une explication éventuelle, la science actuelle n'en fournit pas et l'explication officielle est l'hallucination.
Je pense qu'une nouvelle science, extension de l'actuelle, est à découvrir ou à inventer.
Je présente ici des extraits de mon livre " pensées analogiques " , avec le cheminement intellectuel qui me conduit ici. En particulier :
du progrès, pour l'évolution des sciences de l'analogie, pour ce mode de raisonnement intuitif de la souffrance, notion centrale du bouddhisme avec la vacuité qui semble faire bon ménage avec l'analogie informatique (vive le virtuel) de l'amour, ma conception de cette notion centrale des NDE de l'atome et de la relativité, où j'élabore cette analogie informatique avec la physique moderne : à noter que cette conception est corroborée par la toute récente théorie de " l'univers granulaire " de Lee Smolin
Ensuite viennent les considérations pour concilier NDE avec ordinateur cosmique…
A la manière d'un Lucrèce qui arrivait à la conclusion de l'existence des atomes par la simple observation des éléments familiers et le raisonnement, j'élabore ici une hypothèse intuitive qui reste à mettre en équation pour en faire une véritable science (un peu à la manière dont Lee Smolin a discrétisé les équations de la relativité): à vous chercheurs et mathématiciens…
2- DU PROGRÈS
Pour une conscience une fois formée, c'est à dire pour l'adulte, la perception du monde se réfère à sa culture- Cette 'vision du monde' sera modelée par la religion d'origine, les convictions personnelles, mais surtout en occident par la compréhension scientifique du monde.
Par exemple, plus personne n'ignore que la terre est ronde, et on s'en rend compte facilement quant on téléphone dans un pays éloigné ou qu'on regarde à la télé un direct où il faut prendre en compte le décalage horaire, ou encore plus simplement en regardant une photo satellite: Galilée est entré dans la vie de tous les jours…
De même la théorie de l'évolution des espèces, la découverte de l'atome, la théorie du Big-Bang amènent à une vision et une compréhension de ce qui nous entoure radicalement différente de celle du siècle dernier.
Face à cette évolution des sciences, on peut honnêtement penser que le progrès n'est pas terminé et qu'il va se poursuivre dans les années et les siècles à venir (ce qu'oublient les " réductionnistes " pour qui tout a déjà été découvert).
Qu'on pense aux prouesses techniques accomplies, par exemple avec l'électronique ou la radio : cela représenterait de la magie pour quelqu'un né il y a un siècle ou deux. Par simple extrapolation, il faudrait donc s'attendre à des sciences que l'on considèrerait actuellement comme" magiques " dans le futur. Bon nombre d'idées classées aujourd'hui au rayon de l'ésotérisme ont des chances de se retrouver dans la science officielle future.
On peut se demander où va mener l'évolution à court terme, disons dans vingt ou trente ans, on peut penser être encore en vie à ce moment là pour voir ce progrès de nos propres yeux. Mais on peut aussi se demander ce qu'il adviendra à plus long terme pour les générations futures. Dans les deux cas, je pense que la science-fiction est un genre qui a son rôle à jouer pour nous permettre d'imaginer l'univers des possibles.
Comme axe de progression, il faudra bien que la science explique un jour les NDE (Near Death Experience ou expérience de mort imminente) où les mourants se voient sortir de leur corps, observent, puis s'en vont dans un tunnel de lumière. De même pour le voyage astral (sortie du corps volontaire) que pratiquent entre autres les Tibétains. Il faudrait que la science donne également son avis sur l'idée de réincarnation. Enfin il y a toute une série de phénomènes inexpliqués (prémonition, synchronicité,…). Si on est convaincu de la véracité de ces phénomènes, et que la science décrit la réalité, il est normal de penser que cette science est aujourd'hui incomplète mais devrait parvenir à expliquer ou du moins décrire ces phénomènes dans le futur.
Nous vivons actuellement une époque très riche en progrès technique avec principalement la micro-informatique et la biologie moléculaire. Le siècle passé a été extrêmement fertile avec deux théories majeures : la relativité et la mécanique quantique.
Une question se pose : pourquoi nous ? Pourquoi sommes nous nés précisément dans cette époque d'accélération des sciences ?
Déjà dans l'antiquité, Lucrèce dans " De la nature " observait des progrès techniques (machines de guerre, marine…) et en concluait que le monde était jeune, car sinon ces innovations auraient existé depuis longtemps.
Il y a des périodes d'accélération et des périodes de stagnation, mais notre époque est indubitablement exceptionnelle.
Mais quelle part prenons-nous à cette évolution ? Hormis la poignée de savants et de chercheurs qui font progresser la science, le citoyen se contente d'observer soit en se tenant informé par des lectures averties, soit plus simplement en observant les progrès technologiques qui l'environnent : la technologie s'est démocratisée avec l'industrialisation et le consommateur est souvent en première ligne des innovations.
On peut se contenter tout au mieux d'attendre les nouveautés…Ce que l'on peut dire c'est qu'on est placé à un moment et un endroit privilégié pour observer ce genre d'évolution.
3- DE L'ANALOGIE
Se poser des questions et penser ou raisonner signifie utiliser le langage dont nous disposons. Mais nos mots sont-ils aptes à appréhender une quelconque réalité fondamentale ?
On peut être tenté de répondre par la négative :
Les mystiques de différentes origines affirment, semble-t-il, le côté ineffable de leur expérience. Les orientaux insistent sur le côté de la pratique, disant que le raisonnement ne suffit pas pour atteindre l'éveil. Les nouvelles disciplines sont amenées à créer leur propre vocabulaire. Les lois de la nature obéissent, par la physique, à un langage mathématique.
Les mots seraient donc insuffisants et l'expérience difficilement communicable.
Mais face à l'inconnu, tout ce que l'honnête homme peut faire, c'est utiliser les notions qu'il a à sa disposition et qu'il connaît, et raisonner par analogie.
Ainsi les mythes de l'antiquité sont des histoires qui mettent en scène des Dieux ou demi-Dieux à caractère humain pour tenter d'expliquer les phénomènes naturels. C'est une analogie humaine pour répondre aux questions fondamentales telles par exemple la création du monde ou de l'homme.
D'autre part, les Dieux de l'ancien temps ont un caractère humain, le tonnerre représentant la colère du Dieu ou encore ce dernier pouvant récompenser et punir.
On voit ensuite dans le passé un usage de la métaphore agricole, par exemple dans la Bible : c'est que pour un peuple d'agriculteurs/ éleveurs c'est une notion immédiatement compréhensible.
A partir de la renaissance, avec l'observation du ciel, l'analogie devient mécanique. Les planètes sont des boules en mouvement autour du soleil : c'est la mécanique céleste.
Par la suite, le triomphe du machinisme fait aussi voir les choses du côté de la mécanique. Pour Descartes les animaux ne sont que des machines, des espèces d'automates naturels.
Enfin, avec la théorie des atomes, le monde se réduit à une gigantesque partie de billard.
Mais après l'homme, l'agriculture et la mécanique, on a maintenant des objets d'analogie plus modernes : les appareils électroniques comme la télévision ou le téléphone, et aussi l'ordinateur.
Néanmoins, la première analogie avec l'homme n'est peut-être pas si archaïque : après tout l'homme n'est-il pas une entité beaucoup plus élaborée que toutes nos réalisations ?
S'il y a quelque chose (plutôt que rien), nos sens n'en captent pas la totalité : si la pensée humaine est limitée par le langage et son vocabulaire, nos sens sont naturellement bridés.
Prenons le cas des ondes hertziennes ou électromagnétiques : elles nous traversent, traversent les murs et différents obstacles, peuvent véhiculer différents types d'information (de la musique, des images, des fichiers informatiques…) mais nous n'en avons aucune sensation. Il faut un récepteur radio pour convertir ces ondes dans une forme qui nous soit accessible. Ces ondes ont été découvertes il y a seulement une centaine d'années.
Comme il a été dit plus haut, on peut penser que la science est aujourd'hui incomplète et qu'il y a sûrement d'autres types de phénomènes qui nous soient cachés.
L'analogie avec la télévision me semble intéressante.
On peut par exemple imaginer que le cerveau est un récepteur et que la conscience ou âme soit située ailleurs. Comme un poste de télévision : l'image n'est pas créée dans la télé mais est uniquement reçue, la transmission par les ondes radio échappant à nos sens. Le vrai siège de l'image est le studio de télévision.
Bien sûr un dérèglement du récepteur entraîne un dérèglement de l'image- tout comme l'absorption d'alcool ou toute autre substance agissant sur les neurones dérègle la conscience.
Imaginons un singe devant une télé : il croît peut-être que l'image est créée dans l'appareil ou même que les scènes existent dans le poste alors qu'en fait elles sont virtuelles.
Mais prenons maintenant un singe devant un écran de télévision éteint. Le singe peut, à force d'apprentissage, comprendre la fonction du miroir. Devant un poste éteint, le singe peut croire avoir compris son utilité comme celle d'un miroir. C'est sans compter sur le bouton de mise en marche qui fait soudain apparaître une nouvelle fonctionnalité. Mieux : on peut également changer de chaîne.
Et si l'homme utilisait son cerveau comme une télé éteinte ou encore comme une télé en marche mais en croyant qu'il n'y a qu'une chaîne, sans soupçonner des fonctionnalités inconnues ?
A partir du moment où il y a quelque chose, pourquoi n'y aurait-il pas quelque chose d'autre, perceptible ou non ?
L'analogie informatique apporte également de nouvelles perspectives.
Nos sens nous permettent d'appréhender un monde extérieur et des objets qui nous entourent. Mais qu'est-ce que la réalité ? L'informatique, avec l'apparition du virtuel, permet une nouvelle analogie. Des films de science-fiction comme " Matrix " ont joué sur l'ambiguïté entre réel et virtuel, notre réalité ordinaire étant dans ce film la simulation d'un gigantesque ordinateur. Cela rejoint les thèses orientales sur l'illusion de la réalité. Il est formidable de voir que l'évolution technologique permette aujourd'hui de retrouver des philosophies millénaires.
4- DE LA SOUFFRANCE
Ce sujet est si important que le but avoué d'une philosophie comme le bouddhisme est d'éliminer la souffrance.
Mais qu'est-ce au juste que cette notion ?
La souffrance est une douleur physique ou morale.
En fait la douleur a une utilité : Si par exemple on touche par mégarde un objet brûlant, grâce à la douleur ressentie on retire immédiatement la main et on évite ainsi de l'endommager.
La douleur morale a aussi son utilité et nous pousse à agir pour notre bien, par exemple la satisfaction d'un désir ou d'un besoin.
Mais ce mécanisme est construit de manière aveugle et il est bien des cas ou la souffrance est gratuite, sans aucune utilité. On soulage par exemple les souffrances d'un malade en phase terminale avec de l'opium…
En revenant à l'analogie informatique, on peut considérer la douleur, de même que l'envie, le plaisir et certains sentiments, à un compteur. Ce compteur est relié au reste de l'organisme (par ce que j'appellerai le " câblage " interne) et croît ou décroît en fonction de nos agissements.
Cela fait penser aux petits animaux virtuels japonais (appelés Tamagoshis) qui faisaient fureur chez les enfants il y a quelques années. La simplicité du principe est frappante : ce sont des petits boîtiers électroniques munis en tout et pour tout d'une horloge, d'un compteur (pour la faim) d'un bouton (faisant office de nourriture) et d'une sonnerie. Le but du jeu consiste à " nourrir " l'animal à intervalle régulier en appuyant sur le bouton, sinon le compteur décroît jusqu'à zéro et l'animal meurt.
Dans le cas du malade soulagé avec de l'opium, on n'agit pas sur le compteur de la douleur par le circuit normal (en soignant la maladie) mais directement (ou artificiellement) sur le compteur grâce à la drogue.
5- DE L'AMOUR
On peut observer comment se comporte le vivant sur cette terre : les animaux naissent, mangent et boivent pour se nourrir, grandissent, se reproduisent, meurent. La plupart dorment la nuit ( ce qui est dû à l'alternance jour/nuit causée par la rotation de notre planète)
A la différence des autres espèces, le cerveau du petit d'homme n'a pas fini son développement à la naissance : le petit humain va continuer son évolution à l'extérieur du ventre de la mère et poursuivre un apprentissage très long avant d'arriver à l'âge adulte (compter 18ans officiellement).
Ce qui est inné chez les animaux les moins évolués demande de l'apprentissage et devient de l'acquis pour l'homme : la culture jouant alors le rôle d'un ADN " externe ".
En plus de l'instinct sexuel propre à tous les animaux et nécessaire pour la reproduction de l'espèce, l'homme a développé le sentiment amoureux qui permettra au couple de rester uni le temps de l'éducation du petit. Le sexe et, je pense, également l'amour ont donc comme finalité la reproduction et la préservation de l'espèce, voire de sa culture.
Au-delà de l'amour pour une personne du sexe opposé ou de l'amour parent/enfant, il peut y avoir une sorte d'amour plus universel pour l'homme en général : ce sentiment permet également à l'humanité d'être préservée dans les meilleures conditions possibles.
Ce serait cette forme d 'amour plus universel ou spirituel qui serait ressentit lors des NDE, concrétisé par une lumière très vive.
6- DE L'ATOME
L'hypothèse de l'atome a été vérifiée au début du XX° siècle, confirmant l'intuition de Démocrite.
Je pense que l'on n'a pas encore tiré toutes les conséquences de cette formidable découverte : la matière loin d'être continue et infiniment fine est discontinue, discrète : il y a des " grains " de matière (qu'on ne peut pas couper en deux mais qui peuvent se transformer en d'autres particules), bref la matière est finie.
Cela me donne l'impression de bonhommes vivant sur l'image d'un écran de télévision et qui découvrent qu'ils sont formés de pixels….
Il est tentant d'étendre cette notion de discontinuité à l'espace et au temps : il pourrait y avoir des " grains " d'espace et des " grains " de temps . Il y aurait une échelle où on ne pourrait plus diviser l'espace en deux…
Cette hypothèse (hypothèse car ce n'est pas observé par la physique actuelle, le grain devant être très petit) aurait le mérite de résoudre le paradoxe grec de la flèche qui n'atteindra jamais le cible : la flèche doit d'abord traverser la distance moitié entre sa position et celle de la cible, puis encore la moitié, ceci à l'infini. Dans notre hypothèse d'espace discret , il arrive un moment où la notion de distance moitié n'a plus de sens et on passe alors au " grain " suivant…
L'axe des distances et celui du temps seraient discrets: tout intervalle contiendrait un nombre fini d'élément, ce qui me satisfait intellectuellement car je pense que l'infini est une vue de l'esprit mais n'existe pas en physique…
Cette notion nous renvoie à l'informatique ou tout est nombre, mais nombre fini donc calculable.
L'univers pourrait être le résultat de calcul d'un ordinateur " cosmique ", ordinateur a la puissance gigantesque et sans commune mesure avec nos misérables appareils…
Mais quel ordre de grandeur aurait cette granularité ?
Le physicien Max Planck , en combinant les constantes de la physique, a trouvé un temps élémentaire dit " temps de Planck " de l'ordre de 10-43 (10 puissance -43) seconde. Il ne considère pas ce temps comme une " brique " mais dit plutôt qu'en dessous de cette valeur, les lois de la physique classique cessent de s'appliquer .
On aurait donc une " distance de Planck " de l'ordre de 10-35 mètre.
Dans l'hypothèse discrète, une position exprimée en mètre serait un nombre avec 35 chiffres après la virgule.
Le temps exprimé en secondes aurait 43 décimales…
La fréquence la plus élevée possible, ou fréquence horloge de notre ordinateur cosmique, serait de l'ordre de 1043 hertz (10 millions de milliards de milliards de milliards de Giga-hertz)
On voit que même à l'échelle de l'atome ( 10-10 m) le grain est infime et on peut sans problème utiliser les équations différentielles (approximation par l'infiniment petit) pour les fonctions d'onde qui décrivent les particules.
7- De la relativité
L'hypothèse d'un espace temps discret nous permet d'aborder intuitivement ce qu'on pourrait appeler les paradoxes de la théorie de la relativité, du moins pour le sens commun.
Si tout le monde admet par exemple le fait que c ,vitesse de la lumière, soit la vitesse la plus grande possible, on ne comprend pas intuitivement cette limitation. De même pour la relativité du temps avec la vitesse…
Si un " atome " d'espace Δx est parcouru en un " atome " de temps Δt, on comprend immédiatement que la vitesse maximum est c = Δx/Δt. C'est en quelque sorte la rapidité de performance de notre ordinateur cosmique.
Une approche intuitive de la relativité du temps m'est venue en travaillant sur console informatique : Les serveurs en temps partagé traitent plusieurs utilisateurs et plusieurs calculs en même temps. Si quelqu'un lance un calcul qui mobilise beaucoup de ressources, les autres utilisateurs voient le temps de réponse de leur terminal se ralentir, ce qui est visualisé sur la courbe de facteur de charge. Cette courbe représente le ralentissement du temps relatif.
Si l 'équivalent d'un ordinateur traite en temps partagé le temps relatif à un objet et sa position dans l'espace, on comprend alors intuitivement que, chargé par le calcul de position dû à une très grande vitesse, le temps relatif ralentisse….
7- DE L'ORDINATEUR COSMIQUE
Voici le décor planté, mais quel support physique aurait cet ordinateur cosmique ? En fait le principe d'ordinateur, comme celui d'information, est très abstrait : il peut prendre de nombreuses formes de support. Si le support usuel est électronique, on peut imaginer un ordinateur mécanique (dont l'ancêtre est le boulier), un ordinateur optique, etc… On peut donc imaginer un support quelconque dans un autre monde.
Mais de la même manière que les ondes électromagnétiques n'ont pas de support physique ( il n'y a pas d'éther, comme on le croyait au siècle dernier- en fait le support est l'espace lui-même) on pourrait même imaginer un ordinateur sans support aucun.
Ordinateur, réseaux d'ordinateurs, autres ordinateurs simulant d'autres univers, on peut tout imaginer.
L'avantage, avec l'informatique, c'est que tout est possible : on peut tout simuler et on est uniquement limité par les performances de la machine en question.
Si tout est discret et que notre univers est le résultat de calcul d'un immense ordinateur cosmique, le coté virtuel rejoindrait les intuitions orientales comme quoi le réel est illusion... enfin tout serait théoriquement permis
Notre univers est limité par les lois de la physique : rien n'empêche maintenant d'imaginer une extension de cet univers avec d'autres lois et d'autres limitations…
Ce sont justement ces autres propriétés qu'on peut essayer d'appréhender à travers des expériences du genre NDE.
8- NDE ET ORDINATEUR COSMIQUE
Le premier phénomène inexplicable qui se produit lors d'une NDE est la décorporation ou sortie hors du corps ( OBE pour out of body experience en anglais). Cette expérience aussi appelée " voyage astral " peut être aussi vécue par des personnes éveillées qui ne sont pas proches de la mort.
La personne se voit donc au-dessus de son corps physique, possède la plupart du temps un autre corps subtil ou astral, observe et entend les conversations, a une vision panoramique à 360° et semble voir de tous les côtés à la fois. La personne devient télépathe et le corps subtil peut traverser les murs. Autre propriété étonnante : il suffit que la personne pense à un endroit pour y aller instantanément…Tout ceci avec des personnes dont l'électro-encéphalogramme peut être plat, donc sans aucune activité cérébrale.
Le Dr JP Jourdan propose l'existence d'une 5ème dimension pour expliquer le côté visuel et les propriétés du corps subtil.
Une éventuelle 5ème dimension ou même plus en extension de nos dimensions usuelles ne pose aucun problème aux mathématiques et peut donc être simulé dans notre ordinateur cosmique.
Mais la principale révélation de cette affaire est la dualité corps physique/ esprit : la conscience ne réside manifestement pas dans le cerveau…
On peut donc imaginer que les informations relatives à la conscience sont stockées dans la mémoire centrale de l'ordinateur cosmique et non pas dans l'espace. La vision astrale serait une perception immédiate dans la gigantesque base de données de l'espace/ temps un peu à la manière dont on peut visualiser une image dans un programme informatique de 3D : pas besoin d'yeux physiques mais traitement direct des données en mémoire informatique.
Le corps astral ne serait alors qu'un avatar nous permettant de garder les habitudes du corps physique.
Comme dans un programme 3D, on peut se déplacer instantanément à volonté…
Pas de problème pour la télépathie dans notre modèle informatique : il suffit de se connecter à la source des informations….
Il pourrait y avoir des zones de la 5ème dimension astrale où les personnes créeraient elle-même leur réalité un peu comme dans un rêve : c'est du moins ce que rapportent certains experienceurs.
Enfin cette dimension serait celle des esprits dont parle le spiritisme…
Une étape suivante de la Nde est celle du tunnel et au bout la rencontre avec une lumière : l'experienceur ressent un amour infini, a l'impression de tout comprendre, rencontre un être de lumière et des personnes disparues et revoit toute sa vie défiler devant lui.
On est là des les hautes couches du modèle ISO (modèle informatique en 7 couches: du matériel à l 'applicatif) de notre ordinateur cosmique- la sensation d'omniscience pourrait s'expliquer par l'accès de la conscience à une base de données de connaissance universelle. Mais les experienceurs ne rapportent pas sur terre de nouvelles connaissances : soit ils ont oublié, soit notre langage est inapte à rendre compte des réalités fondamentales…
La revue de vie suppose l'existence d'un enregistrement d'une vie entière par l'ordinateur. Non seulement les personnes revoient des passages de leur vie oubliés, mais ils expérimentent aussi les sentiments des personnes qui les entourent dans la revue.
Cela rejoint l'idée ésotérique des annales " akashiques " qui serait l'enregistrement entier de l'histoire du monde et que certains voyageurs astraux pourraient consulter.
Cette étape est en quelque sorte un " grand portail " que les experienceurs ne franchissent pas : on leur dit que l'heure de mourir n'est pas venue et ils réintègrent leur corps physique.
Qu'y a-t-il derrière ce portail : paradis, réincarnation ?
Toute cette histoire fait effectivement penser à un jeu informatique, avec différentes étapes à franchir. Notre conscience serait en quelque sorte prisonnière du programme.
Une autre question est celle du temps : y a-t-il un temps différent, une sorte d'intemporalité, dans les hautes couches de notre modèle cosmique ? Cela permettrait d'expliquer la rencontre avec les être disparus et la rapidité de la revue de vie.
9- CONCLUSION
Vouloir expliquer tous les phénomènes avec un principe où par définition tout est possible peut sembler dérisoire. Il me semble pourtant que le modèle informatique peut améliorer notre compréhension de la possibilité d'un phénomène aussi étrange que la NDE.
Je pense que les mathématiques et les théories de l'information ( je pense aux machines de Turing) pourraient faire avancer la théorisation de ce modèle. Quant à l'expérimentation, il faudrait peut-être inventer des instruments astraux ou " divins " ( dans les hautes couches de l'ordinateur cosmique) pour mesurer quelque chose que les instruments purement matériels ne peuvent pas atteindre.
En somme, tout est information.
Jean-Marc Viallet, 44 ans, est ingénieur chez Orange France.
Il s'intéresse aux NDE depuis une quinzaine d'années et a écrit
un livre de réflexions: "Pensées Analogiques", publié en 2003.
http://perso.wanadoo.fr/jean-marc.viallet