Les EMI sont-elles une expérience fréquente ?
Selon les études,
entre 15 et 35% des personnes qui se sont trouvées dans une
situation présentant un risque vital rapportent une EMI. Il
ne s'agit donc pas d'une expérience rare.
Personne
ne sait pourquoi, malgré des circonstances identiques, certaines
personnes vont vivre une EMI et d'autres non. La mémorisation
et le rappel de l'expérience ont certainement une importance,
mais on ne peut savoir dans quelle mesure : en admettant que, dans
une situation de mort clinique, presque tout le monde ait cette expérience,
ne peuvent en parler à leur "retour" que les personnes qui
l'ont mémorisée et qui s'en rappellent.
Ce que l'on sait, c'est que les EMI sont rapportées avec
la même fréquence quelque soit l'âge, le sexe,
la race, la religion et les croyances, la culture et la région
du monde.
Des
dizaines de théories ont vu le jour pour essayer d'expliquer
les EMI, certaines totalement farfelues, d'autres très sérieuses,
mais aucune pour l'instant ne peut rendre compte de la totalité
des expériences.
Il
n'y a effectivement pas d'explication rationnelle à ces expériences,
mais on ne peut pour autant nier leur existence. Les personnes ayant
un tel souvenir ont la certitude que ce qu'elles ont vécu était
bien réel, même si personne ne peut le prouver dans le
cadre actuel de nos connaissances. Ce qui est certain, c'est
que ces expériences sont imprimées dans la mémoire
de ceux qui disent les avoir vécues, et leurs conséquences
("effets secondaires") bien réelles et visibles, elles, sont
suffisamment importantes (et souvent perturbantes) pour ne pouvoir
être niées.
Une
recherche sur les EMI d'aveugles a été menée
aux Etats Unis par Kenneth Ring et Sharon Cooper, dont les résultats
sont présentés dans le livre "Mindsight, Near-Death
and Out of Body Experiences in the Blind". Vous trouverez un article
sur ce sujet dans le Hors série Scientifique N°1 (février
2000)(commandez le !) : "Voir sans les yeux", par Evelyne-Sarah Mercier,
ainsi que quelques réflexions dans le même N°, dans
l'article "Juste une dimension de plus", par Jean-Pierre Jourdan,
dont voici un extrait :
Ces témoignages sont à comparer avec ceux que rapportent
Kenneth Ring et Sharon Cooper (1997), qui ont étudié
des témoignages de NDE et OBE chez des aveugles, dont certains
assurent avoir vu durant leur expérience, ce qui ne manquera
pas d’avoir des échos médiatiques !...
La situation est paradoxale : des aveugles de naissance qui
décrivent un paysage ou une scène comme s'ils l'avaient
vu, et des personnes dotées d'une vue normale
qui se rendent bien compte que la façon dont
ils ont perçu n’a pas grand chose à voir
avec la vision normale.
Mais ce paradoxe n'est qu'apparent, et il est important de ne pas
se laisser abuser par le langage. En effet, durant une NDE, les
perceptions ne passant évidemment pas par les organes des
sens, les aveugles et les " voyants " seront donc à égalité,
de même que les sourds et les « entendants ».
Mais une personne dotée d'une vision normale pourra parfaitement
faire la différence, alors qu'un aveugle, sans aucune possibilité
de comparaison, en sera incapable. Ayant apparemment acquis
beaucoup plus d'informations sur une scène donnée
qu'il n'aurait pu le faire par le toucher et l'ouie, on comprendra
facilement qu'il puisse se dire: "c'est cela, voir".
La
science s'occupe de faits et de phénomènes objectifs
qui peuvent être enregistrés, testés, mesurés
et autant que possible reproduits.
Les EMI sont parfois considérées comme des expériences
subjectives, car nous n'en avons connaissance que par le témoignage
de la personne qui dit l'avoir vécue et la raconte. Pour
cette raison, certaines personnes pensent qu'elles ne sont pas réelles,
puisque ne représentant pas une preuve physique, et ne peuvent
donc faire l'objet d'une étude au sens scientifique du mot.
Inversement, dans la mesure en particulier où ces expériences
comportent des éléments apparemment objectifs, comme
des perceptions vérifiables de l'environnement, d'autres scientifiques
jugent les NDE aussi scientifiquement valides que n'importe
quelle autre expérience personnelle intense.
Mais si aucun
témoignage ne représente à lui seul une preuve,
leur accumulation et la cohérence qui se dégage de leur
étude, dans la mesure ou la plupart de leurs caractéristiques
communes semblent indépendantes de quelque facteur personnel
que ce soit, oblige à envisager que quelque chose se passe,
que l'on décide ou non que cela puisse être un sujet
d'étude pour la science.
Les EMI sont dignes d'intérêt pour la science, de par leur fréquence, la similarité de leur contenu indépendamment de quelque facteur que ce soit, de par leur survenue à un moment où théoriquement aucune perception ni mémorisation n'est possible. Elles le sontaussi, autant que n'importe quelle expérience humaine, du fait de l'impact qu'elles ont sur la vie et les valeurs celles et ceux qui les ont vécues.
Les
personnes ayant vécu une EMI et ayant aussi souffert d'hallucinations
font parfaitement la différence, et toute la recherche clinique
confirme que ce sont deux phénomènes totalement différents.
Il est probable que votre médecin soit mieux informé
sur les hallucinations que sur les EMI. Il n'y a en particulier aucune
raison de craindre que les EMI représentent un épisode
psychotique ou quoi que ce soit de pathologique.
Cette
interprétation est certainement la plus médiatisée
et la plus populaire. Mais les personnes ayant rapporté de
telles expériences étant par définition bien
vivantes, rien ne permet de dire que les EMI représentent une
preuve de "vie après la mort", d'autant qu'il n'existe
pas de consensus clair sur ce que pourraient signifier ces termes.
Tout au plus pourrait-on dire prudemment que ces expériences
suggèrent que la conscience peut parfois persister, indépendamment
de l'état fonctionnel du cerveau. Mais personne ne peut démontrer
que cela est vrai après la mort.
Les
EMI se retrouvent avec la même fréquence dans toutes
les couches de la population, quelles que soient les opinions
(ou l'absence d'opinion) religieuses. Par contre, les personnes très
pratiquantes auparavant semblent souvent attacher moins d'importance
aux manifestations extérieures et aux dogmes des religions,
dans la mesure où elles disent avoir compris que celles-ci
sont d'une certaine manière l'adaptation par l'homme de quelque
chose de beaucoup plus profond et universel.
La notion de sens de la vie et les valeurs d'altruisme et d'Amour décrites comme essentielles par les "EMIstes" vont en général de pair avec un détachement voire un rejet de tout dogme, qu'il soit politique, religieux, philosophique etc.
Dans
les suites immédiates de l'expérience, les réactions
sont diverses. Certaines personnes se plaignent d'avoir été
ramenées à la vie, disant qu'elles venaient de vivre la plus belle expérience de leur vie, la plupart sont désorientées, car elles ont l'impression
de ne plus savoir où se trouve la réalité, beaucoup
craignent d'être psychiatrisées si elles racontent leur
expérience, d'autres ont un sentiment d'euphorie et l'impression
d'avoir été "élues" ou "choisies", la plupart
enfin essaient avant tout de comprendre ce qui leur est arrivé.
L'expérience
telle qu'elle a été définie d'après l'ensemble
des témoignages comprend différents stades. Les premiers
sont définis par l'impression d'être mort, mais avec
un certain détachement émotionnel.
Ensuite on retrouve
le plus souvent ce qu'on appelle une expérience de décorporation,
dans laquelle la personne "voit" ou plutôt perçoit la
scène (de sa réanimation, par exemple) depuis un point
extérieur à son propre corps.
Puis elle est plus ou
moins "aspirée" dans un tunnel sombre, au bout duquel se trouve
une lumière intense mais non aveuglante, que beaucoup décrivent
comme étant de l'Amour à l'état pur.
A ce stade
de l'expérience, voulant s'approcher de cette lumière,
les témoins disent souvent avoir eu une notion de limite à
ne pas franchir, faute de quoi le retour ne sera plus possible, et
décrivent fréquemment la rencontre de "chers disparus"
ou d'un être rayonnant de bonté et d'amour -et très souvent d'humour-, qui parfois
les accompagne dans une revue de leur vie, sans porter de "jugement"
sur celle-ci.
Puis le témoin comprend (ou on lui fait
comprendre) qu'il faut retourner d'où il vient, avec, souvent
associée, la notion d'une tâche à terminer.
Mais tout le monde ne vit pas la même expérience : certains
ne racontent que l'impression d'avoir assisté à leur
réanimation, d'autres se trouvent d'emblée dans le tunnel,
d'autres encore vont jusqu'à éprouver de façon
inoubliable l'amour qui émane de la lumière, etc...
Sans parler de niveaux différents, ce qui serait porter un
jugement de valeur, on peut donc constater que l'expérience
comporte plusieurs étapes, qui peuvent être vécues
(dans l'ordre décrit on non) partiellement ou dans leur totalité.
Bien
que cela dépende en grande partie du contenu et de la "profondeur"
de leur expérience, la plupart des personnes rapportent un
important bouleversement dans leur conception de la vie, ce qui entraine
de nombreux changements souvent difficiles à expliquer et à
vivre.
Le plus souvent rapporté est une disparition de la peur de
la mort (mais non de la souffrance).
Très fréquemment,
ce sont les buts mêmes de la vie qui sont remis en question
: les notions de réussite et de succès (sur les plans financier et social en particulier)
perdent tout intérêt.
Des valeurs d'amour, d'altruisme et
de connaissance prennent la première place. Tout cela est difficile
à comprendre pour la famille ou les amis, qui ne reconnaissent
plus et parfois rejettent une personne qui "n'est plus la même".
Mais, en général, c'est l' "EMIste" qui ne trouve
plus d'affinités avec ses anciennes connaissances ou avec son
entourage en général. Les divorces sont d'ailleurs relativement
fréquents dans les suites d'une EMI.
La notion même d'amour qui prend une importance prépondérante
peut être difficile à comprendre. Il peut par exemple
s'agir d'une capacité d'aimer accrue, mais qui semble s'appliquer
à tout le monde sans discrimination, alors que pour la plupart
des gens l'amour est un sentiment que l'on ressent pour certaines
personnes seulement.
Pour certains, l'expérience peut apporter une forme de guérison
psychologique : ceux qui viennent d'un milieu familial perturbé
ayant laissé de profondes blessures affectives, les "cabossés
de la vie" comme disait Coluche, voient parfois se développer
positivement le sentiment de leur propre valeur, la perception de
leur droit à être, à recevoir et à choisir.
Ils apprennent à discerner et à refuser les mécanismes
pervertis qui régissaient leur vie auparavant.
Sur le plan religieux, l'observance des règles et l'acceptation des dogmes d'une
religion préexistante à l'expérience perd souvent de son importance. D'un autre côté, athées et croyants se retrouvent autour d'un concept transcendant
(quelque soit le nom qu'on puisse lui donner) qui est souvent décrite
comme évident. Les personnes ayant vécu une EMI disent
fréquemment : "Avant, je croyais ; maintenant, je sais !".
Beaucoup de personnes rapportent une intuition accrue, certains rapportent
des prémonitions plus ou moins fréquentes, on rencontre
aussi fréquemment une capacité à ressentir "ce
qui ne va pas" chez les autres, et dans quelques cas une certaine
capacité à soulager les souffrances d'autrui, par des
moyens variés (tout ceci peut sembler faire partie d'un certain
folklore, mais on rencontre les mêmes phénomènes
dans la plupart des religions, chez les moines ou les mystiques pratiquant
prière et méditation de manière intensive).
En résumé, les changements sont souvent importants et
parfois même spectaculaires. Pour la plupart des expérienceurs,
il y a un "avant" et un "après" l'EMI. Cet "après"
met du temps, parfois des années, à s'installer.
Ces
expériences sont nommées ainsi (Near-Death Experiences
ou Expériences de Mort Imminente) car les premiers cas étudiés
par le Dr. Raymond Moody en 1975 concernaient des expériences
survenues dans des situations de mort clinique. On s'est rendu compte
depuis lors qu'elles peuvent survenir dans des situations très
diverses, y compris chez des personnes en parfaite santé.
En revanche, elles doivent être bien distinguées d'expériences plus ou moins similaires mais bien connues et parfaitement expliquées, comme les paralysies du sommeil ou les intrusions de sommeil paradoxal, qui ont des caractéristiques bien précises différentes de celles des EMI.
Un
des buts de IANDS est de comprendre la signification de ces expériences,
ainsi que tout ce qu'elles peuvent nous apprendre, sur tous
les plans. Ceux ci sont multiples, et la recherche peut donner l'impression
de "découper les EMI en tranches.
Effectivement, chacun a sa propre grille de lecture..Les psychologues
et psychanalystes peuvent essayer de comprendre les facteurs favorisant
la survenue des EMI ainsi que leur signification du point de vue des
différentes théories sur l'inconscient humain ; ils
peuvent essayer de définir les perturbations qu'elles occasionnent
et les moyens d'aider à leur intégration.
Les anthropologues peuvent étudier des expériences similaires
et la signification qu'elles prennent dans d'autres cultures et dans
d'autres circonstances.
Les médecins peuvent étudier les différences
avec les états pathologiques qui pourraient être confondus
avec elles ; ils peuvent étudier ce qui se passe (ou ne se
passe pas) dans le cerveau au moment de l'expérience ; ils
peuvent essayer de comprendre une éventuelle logique derrière
d'apparentes anomalies dans les perceptions durant les NDEs.
Les théologiens peuvent étudier ces expériences
à la lueur des religions, les physiciens en déduire
de nouvelles idées sur la structure de l'univers..
Tous peuvent se réunir et échanger leurs connaissances
et leurs lumières sur l'expérience, mais chacun ne peut
parler que de ce qu'il connait.
Cela dit, chacun, au fur et à
mesure de ses recherches, s'est probablement forgé une intime
conviction, bien que toute recherche nécessite a priori une
certaine neutralité.
Les notions d'Amour, de Sacré et de transcendance, qui sont
presque omniprésentes dans les témoignages de NDE, peuvent
difficilement faire l'objet de recherches. Mais il est évident,
pour ceux et celles qui les ont ressenties (ou vécues), qu'il
s'agit de la part la plus importante de leur expérience, celle
qui les a le plus marqués et qui bouleverse leur vie et la
conception qu'ils en ont.
C'est à eux qu'il revient d'en parler.
Les pages de ce site (ainsi que celles des Cahiers de IANDS-France)
vous sont donc ouvertes si vous désirez exprimer ce que vous
avez vécu ainsi que toutes les réflexions et questions
que cela vous inspire. Le but de IANDS est avant tout d'aider les
"EMIstes" à comprendre et à intégrer leur
expérience dans leur vie. Pour cela la recherche a son importance,
c'est grâce à elle que ces expériences commencent
à être reconnues par la communauté médicale
et scientifique comme bien réelles et non pathologiques, mais
elle n'est pas l'unique but de IANDS.
La communication entre tous ceux, chercheurs et témoins, qui
veulent faire avancer les choses un tant soit peu est de la plus grande
importance, et nous espérons que ce site y contribuera.
Pratiquement
tous les témoignages parlent de l'erreur majeure que représente
le suicide, qui n'est jamais une solution à quelque problème
que ce soit. Pour vous faire une idée de cela, lisez le témoignage de Daniel Tremblay,
il se suffit à lui même...
Si vous avez d'autres questions d'intérêt général,
contactez-nous. Elles
seront publiées dans cette FAQ avec les réponses que
nous essaierons d'y apporter.