Recherches sur les expériences vécues aux approches
de la mort (NDE)
Troisième partie
Les bases physiques du passage dans une autre dimension
1.
AU-DELÀ DU MUR DE LA LUMIÈRE, LA CONSCIENCE ET LA
MORT
Un nouveau modèle de conscience-matière superlumineuse
Régis et Brigitte DUTHEIL
physicien et documentaliste
" Si la réalité est inconnaissable, alors forgeons
des concepts inconcevables. "
Hegel
Toutes les philosophies, toutes les religions ont cherché à
dégager une vision globale de l'univers comprenant une définition
de la conscience et une explication de la mort, autrement dit, à
répondre aux questions : qui sommes-nous ? d'où venons-nous
? où allons-nous ?
Les philosophies ont particulièrement étudié la
notion de conscience alors que les religions se sont plutôt penchées
sur l'après-vie.
Les philosophies sont partagées quant à l'existence de
la conscience. Certaines l'ont niée n'y voyant qu'un épiphénomène
d'un cerveau machine formé de matière (Hobbes, Locke,
Marx) ou un corps formé d'atomes de matière (Démocrite,
Epicure, Lucrèce). Cependant, la plupart des philosophies, rejoignant
en cela les religions, ont affirmé l'existence de la conscience,
la définissant comme une substance idéale, éternelle,
se confondant avec Dieu et peuplant tout l'univers (Leibnitz, Spinoza)
ou livrant un combat sans merci à la matière au sein de
l'univers et de l'homme (Platon, Descartes).
Les religions, quant a elles, ont toujours présupposé
l'existence de la conscience appelée âme ou esprit, et
son corollaire la survie après la mort et l'accès à
un au-delà. Les divergences naissent de ces descriptions de l'au-delà
présenté tantôt comme une amplification agréable
(paradis des chrétiens ou des musulmans, Champs-Élysées
des Grecs et des Romains, peuplés de délices) ou désagréable
(enfers où les pêcheurs sont affreusement tourmentés)
de la réalité terrestre, tantôt comme un univers
spirituel d'harmonie fort différent de notre monde (religions
hindoue et bouddhiste).
Cependant, religions ou philosophies, tout en affirmant l'existence
de l'esprit, de la conscience, sont bien incapables de dire avec précision
en quoi consiste cet esprit, de quelle substance il est formé.
La grande faiblesse des religions, si séduisantes soient-elles,
est de faire reposer leur enseignement sur un élément
invisible et impalpable.
Quelle réalité peut bien avoir l'esprit ? Et quelle est
la réalité de la vie après la mort ? Car les deux
problèmes sont indissolublement liés : la survie après
la mort du corps ne peut reposer que sur l'esprit. Si l'esprit n'a aucune
réalité, comment croire à sa survie ? Si, par contre,
il est démontré que l'esprit a une réalité
matérielle, quelle qu'elle soit, alors la suivie prend tout son
sens.
Tant que la réalité matérielle de l'esprit n'aura
pas été démontrée, personne ne pourra trancher
le débat qui oppose philosophies matérialistes et philosophies
spiritualistes. Affirmer comme Platon que la réalité qui
nous entoure n'est qu'illusion et reflet atténué d'une
réalité fondamentale qui se situe ailleurs est séduisant
mais ne repose sur aucune preuve.
C'est pourquoi la science s'est toujours montrée sceptique à
l'égard de la réalité de l'esprit ou de la conscience.
Dans le meilleur des cas, elle a poursuivi un cheminement parallèle
à celui de la religion, laissant à celle-ci le soin de
résoudre les mystères spirituels. Dans le pire des cas,
elle a relégué tous les phénomènes psychiques
et l'existence de l'esprit au rang des superstitions et a exercé
une sorte de terrorisme intellectuel consistant à frapper d'interdit
toute personne qui ose s'y intéresser (c'est l'attitude adoptée
par les scientifiques depuis la fin du XVIIIe siècle).
Depuis la fin du XIXe siècle cependant, à
travers le monde, diverses institutions (Society for Psychical Research
à Londres et à New York, Institut Métaphysique
International à Paris) ont été créées
pour étudier la conscience et les phénomènes psychiques.
Ces initiatives privées ont attiré peu à peu le
concours de grands noms de la science, puis l'attention de certains
gouvernements pour des raisons stratégiques (URSS, Etats-Unis)
qui ont financé des laboratoires d'expérimentation.
En cette fin du XXe siècle, l'esprit n'est plus l'affaire
de la religion ou de la philosophie mais bien de la science. La mort
a suivi une évolution comparable. L'accompagnement des mourants,
la description de l'après-vie relevaient exclusivement des religions
ou des philosophies jusqu'au XXe siècle. Or, depuis
une trentaine d'années le lieu privilégié d'étude
de la mort n'est plus l'église mais l'hôpital et le laboratoire.
Les hommes de science et les médecins sont les pionniers de cette
nouvelle frontière. Les réalisateurs du film Flatliners
consacré aux NDE n'hésitent pas à déclarer
: " L'idée de Flatliners est venue en cherchant ce qui
pourrait être une nouvelle « frontière » pour
les gens de ma génération. L'Ouest a depuis longtemps
été conquis, l'espace est déjà mis en carte.
Il me semblait donc que les seules frontières à découvrir
viendraient de l'intérieur de nous-mêmes. "
Le titre du livre d'Alexis Carel, L'Homme, cet inconnu, est
toujours d'actualité. La date de sa publication (1935) est d'ailleurs
significative. Elle coïncide avec le début d'une crise profonde
de la physique qui n'est toujours pas résolue. La théorie
de la relativité et la mécanique quantique ont successivement
sapé les bases de la réalité. La relativité
a en effet ébranlé les concepts de temps et d'espace qui,
de stables, deviennent relatifs. La mécanique quantique remet
en question la notion d'objet puisque la matière peut apparaître
tantôt sous la forme de particules, tantôt sous la forme
d'ondes (principe de complémentarité). Le principe de
causalité est également ébranlé. Enfin le
concept même de réalité ne résiste pas à
l'examen dans le domaine micro-physique. Il vaudrait mieux parler de
niveaux de réalité.
Si la réalité matérielle que nous appréhendons
chaque jour n'est qu'illusion (et en cela les conclusions de la physique
moderne rejoignent les intuitions de certaines philosophies et de la
plupart des religions) il faut donc chercher ailleurs. C'est ce qu'ont
fait un physicien russe, Terletskii, et deux physiciens américains,
Sudarshan et Feinberg, qui ont eu l'idée, dans les années
60, que le mur de la lumière pouvait être franchi, autrement
dit que l'on pouvait dépasser la vitesse de la lumière
(300 000 km/seconde), contrairement à ce qu'affirmaient Einstein
et la théorie de la relativité.
En 1965 Sudarshan et Feinberg ont démontré qu'il y avait
trois classes de particules possibles :
- les bradyons (de bradus : lent) : particules allant moins vite
que la lumière et constituant notre univers ordinaire ;
- les luxons (de lux : lumière) : particules allant à
la vitesse de la lumière, de vitesse constante (photons, neutrons,
gravitons) ;
- les tachyons (de tachus : rapide) : particules hypothétiques
de vitesse toujours supérieure à celle de la lumière.
Leur existence n'a pas encore été démontrée
jusqu'ici par l'expérience. Cependant un physicien belge, de
l'université de Louvain, Jacques Steyart a observé expérimentalement
un effet tachyo-électrique qu'il interprète comme provenant
de la production d'une paire tachyon-antitachyon.
Si les expériences n'en sont qu'à leur début,
il a par contre été déjà possible de démontrer
mathématiquement l'existence d'un champ tachyonnique et d'un
espace-temps tachyonnique. A partir de 1973 R-Dutheil a repris les travaux
de Feinberg restés incomplets et a réussi à démontrer
l'existence de référentiels spécifiques des tachyons
et d' un espace-temps auquel correspondrait une matière tachyonnique.
Il en découle trois axiomes de base :
Axiome 1 : Il existe une matière tachyonnique ou superlumineuse
dont les propriétés spatiotemporelles sont différentes
de celles de la matière sous-lumineuse ou bradyonnique.
Axiome II : Par définition la vitesse relative des particules
superlumineuses est toujours supérieure à celle de la
lumière.
Axiome III : Pour un observateur tachyonnique ou superlumineux,
les lignes d'univers (chemin parcouru dans l'espace-temps par une particule)
seront superlumineuses.
Il est en fait possible de faire une théorie de la relativité
superlumineuse sans contredire Einstein. Les deux univers sous-lumineux
et superlumineux sont symétriques : isomorphisme des groupes
de Lorentz permettant de dégager la même situation abstraite
à travers des réalisations physiques pouvant être
très différentes.
Dans l'univers sous-lumineux, le temps propre est le temps réel
vécu le long de la ligne d'univers par un observateur. Cet axe
de temps propre (notre ligne d'univers) lui est inaccessible et il ne
peut mesurer le temps que par un déplacement dans l'espace à
trois dimensions (c'est-à-dire le temps cinématique) à
l'aide d'une horloge pour ensuite reporter cette mesure sur son axe
de temps propre qui est sa ligne d'univers. Par suite de cette identification,
axe de temps propre et axe de temps cinématique sont confondus
; ce qui provoque pour nous l'impression que le temps s'écoule,
qu'il y a un passé, un présent et un futur. Au contraire,
dans l'espace-temps superlumineux l'axe de temps propre et celui de
temps cinématique sont dissociés. L'axe de temps propre
sera alors confondu avec celui d'espace. Le temps ne s'écoule
plus. Il n'y a plus ni passé, ni présent, ni futur, et
un observateur superlumineux aura une connaissance instantanée
de tous les points événements de sa ligne d'univers.
La physique moderne en arrive donc à construire un univers fascinant
doué de propriétés difficilement descriptibles.
Cet univers n'est pas sans évoquer l'éternité d'un
Leibniz ou d'un Spinoza ou les nirvanas des religions hindoues.
Éternité, savoir à la fois instantané et
absolu, possibilité de se trouver immédiatement en des
points fort éloignés l'un de l'autre, telles seraient
les caractéristiques d'un être vivant au-delà du
mur de la lumière.
Une autre réalité, différente de celle qui nous
entoure est ainsi définie.
Dans les années 65-70, un certain nombre d'expériences
visant à cerner cette nouvelle réalité ont eu lieu,
mais n'ont pas permis de trouver les particules superlumineuses. Ce
qui faisait dire à Feinberg : " Ou bien elles n'existent pas,
ou bien on ne les cherche pas où elles se trouvent. "
C'est cette idée qui nous a conduits en 1985 à formuler
une hypothèse portant sur la localisation de ces particules.
Le concept de réalité est devenu multiforme, la notion
de conscience a évolué parallèlement et se retrouve
au premier plan des préoccupations des physiciens (la mécanique
quantique fait de la conscience de l'expérimentateur une donnée
essentielle de l'expérience).-
Or, l'appréhension de la réalité s'effectuant
par le biais de la sensation et de la conscience, il nous a semblé
que l'existence des tachyons, qui impliquait un bouleversement de la
réalité, devait nous amener à définir autrement
la conscience.
Il convient en effet de dépasser le vieux conflit matière/esprit
et monde visible/monde invisible.
Il existerait, à côté de notre matière formée
d'électrons et de quarks sous-lumineux, une matière superlumineuse
régie par d'autres lois, lois qui, nous l'avons vu, évoquent
les qualités attribuées à l'esprit par la tradition
philosophique et religieuse,
Nous posons donc en principe la réalité matérielle
de la conscience. Mais la matière dont est formée la conscience
est une matière superlumineuse. La conscience est donc formée
de tachyons, d'un champ de tachyons situé au-delà du mur
de la lumière et associé à un espace-temps superlumineux
dont les propriétés sont, nous l'avons vu, différentes
de celles de l'espace-temps sous-lumineux que nous connaissons.
L'idée d'une conscience matérielle n'est d'ailleurs pas
nouvelle. Des neurophysiologistes comme Eccles (pour lequel la conscience
est formée de particules appelées mindons) ou Dobbs (la
conscience est formée de psitrons) et plus récemment Karl
Pribram ont déjà proposé des modèles de
conscience matérielle. Celui de Pribram, très original,
nous a d'ailleurs inspirés. Pour lui, le cerveau fonctionne de
manière holographique. Des cellules spécialisées
du cortex cérébral auraient pour fonction d'effectuer
une analyse mathématique de schèmes d'interférences
de fréquences spatiales et c'est à partir de ces schèmes
d'interférence que les images holographiques constituant l'ensemble
des objets du monde physique seraient perçues. Notre cerveau
construit donc mathématiquement la réalité concrète
en transformant en hologrammes des fréquences provenant du domaine
de la fréquence, seule réalité primordiale transcendant
l'espace-temps habituel (le temps et l'espace y sont effondrés).
Cet univers de la réalité première contient l'information
et la signification.
Nous avons repris cette idée. En effet, selon nous, notre conscience
formée d'un champ de particules superlumineuses et située
dans un espace-temps superlumineux se projetterait sous forme d'hologrammes
dans notre univers sous-lumineux.
Le cortex cérébral, à l'interface des deux espaces-temps,
ne serait qu'une machine que la conscience, matière superlumineuse
ferait fonctionner, à l'aide de signaux physiques transformés
en hologrammes.
L'espace-temps superlumineux possédant des propriétés
particulières, entre autres le non-écoulement du temps,
la conscience-matière superlumineuse bénéficie
automatiquement de ces mêmes propriétés.
Dans l'espace-temps de la conscience, les concepts de passé,
présent et futur n'existeraient plus ainsi que notre concept
de durée lié à l'écoulement du temps. Il
y aurait instantanéité absolue et tous les événements
d'une vie pourraient être appréhendés en même
temps par la conscience superlumineuse. Mais le cerveau situé
à l'interface des deux espaces-temps filtrerait les informations
venant de la conscience superlumineuse et n'en retiendrait qu'une partie,
pauvre en significations et organisée suivant l'ordre causal
induit par l'écoulement du temps.
Les deux autres propriétés essentielles de la conscience
superlumineuse sont liées au non-écoulement du temps.
Tout d'abord, la causalité stricte n'existe plus dans l'univers
de la conscience. Toute destinée humaine est une suite de séquences
causales arrangées sous forme d'événements allant
du passé vers le futur. Tous ces événements se
retrouvent dans l'espace-temps superlumineux de la conscience, mais
ils se présentent sous forme d'informations arrangées
suivant une loi de signification et d'affinité. Il existe une
vision instantanée et non causale des événements
avec une évolution vers un état d'information et de signification
maximales.
Ensuite, et c'est le corollaire de la précédente affirmation,
la matière superlumineuse, et donc la conscience, est néguentropique,
c'est-à-dire que le désordre y diminue constamment et
que l'ordre et l'information y croissent constamment.
En cela, nous rejoignons Pribram, puisque nous faisons de la conscience
le lieu de l'information totale où le temps et l'espace ont une
autre valeur et où les événements sont arrangés
suivant une loi de synchronicité 1
respectant leur signification.
Notre univers sous-lumineux n'est qu'un reflet méconnaissable
et soumis à la dégradation entropique (le désordre
augmente) corrélée à l'écoulement du temps.
Ce modèle de conscience se situe aux confins de la science et
de la philosophie et tente de réconcilier tous les courants philosophiques.
Spiritualiste, il affirme l'existence de l'esprit ; matérialiste,
il démontre que cet esprit est formé de matière.
Mais il se rattache surtout à la vision dualiste de Platon dans
la mesure où il fait coexister deux univers, celui de la matière
ordinaire qui nous entoure et celui de la conscience formé d'une
matière différente de la nôtre, doué de propriétés
proches de celles qui caractérisent le monde des idées
de Platon.
Platon, en effet, imagine dans le mythe de la caverne que la réalité
qui nous entoure n'est que le reflet du monde parfait des idées
et que les êtres humains sont comparables aux prisonniers d'une
caverne tournant le dos à l'entrée de celle-ci et ne pouvant
voir du monde extérieur que les ombres dansant sur la paroi qui
leur fait face.
La prochaine conquête de la science sera non plus la traversée
du mur du son mais celle du mur de la lumière.
Vraisemblablement, il faudra de très longues années,
de multiples expériences et un appareillage très sophistiqué
pour y parvenir par les voies rationnelles de l'expérimentation
scientifique. Mais, tous les jours, les hommes franchissent sans le
savoir ce mur de la lumière.
Extases mystiques, rêves prémonitoires, télépathie,
voyance, télékinésie nous permettent en effet de
franchir ce mur de la lumière et d'accéder directement
au monde de la conscience totale superlumineuse.
Il est temps que le monde scientifique cesse de nier avec fanatisme
les manifestations de la conscience qui, depuis l'origine de l'homme,
ont existé et font partie intégrante de ses dons et de
ses aptitudes. Ces dons ont été cultivés par les
primitifs, puis peu à peu mis en sommeil au fil de l'édification
des diverses civilisations. N'étant pas cultivés méthodiquement,
ils ne se manifestent plus que chez certains individus et de manière
anarchique, suscitent inquiétude et étonnement chez ceux
qui n'en sont pas l'objet.
Or, puisque tout corps matériel (formé de matière
superlumineuse) a des qualités précises (résistance,
poids, étendue), pourquoi la conscience (formée de matière
superlumineuse) ne se caractériserait-elle pas par des qualités
telles que prémonition, télépathie et télékinésie
?
Nous avons vu que l'univers superlumineux de la conscience se caractérisait
par l'absence d'écoulement du temps et l'instantanéité
de la connaissance des événements d'une vie. Si certains
individus, par suite d'un défaut du système de filtre
de leur cerveau, accèdent plus largement et plus fréquemment
au domaine de la conscience, ils peuvent dès lors en retirer
des informations en temps nul sur leur avenir ou celui d'autrui (voyance,
télépathie). D'autre part, si la conscience est formée
de particules matérielles superlumineuses, pourquoi ne pourrait-elle
pas agir matériellement sur des objets du monde matériel
qui nous entoure (télékinésie) ?
Ainsi, de nombreux individus (car qui n'a pas un jour ou l'autre fait
l'expérience d'un rêve prémonitoire ?) ont fait,
font ou feront l'expérience du passage du mur de la lumière.
Mais il existe un autre moyen de franchir le mur de la lumière
que nous expérimentons tous sans exception : c'est la mort.
Puisque la conscience est formée de matière tachyonnique
superlumineuse et qu'elle est associée à un espace-temps
superlumineux où le temps ne s'écoule plus et où
le désordre diminue constamment, elle doit continuer à
« exister » après la mort du corps physique qui n'est
qu'un hologramme sous-lumineux. Tout se passerait au moment de la mort
comme s'il y avait passage de la conscience partielle souslumineuse
à travers le mur de la lumière pour rejoindre la conscience
totale superlumineuse.
Dans cette optique nous avons été amenés à
nous intéresser aux travaux des médecins américains
qui depuis E. Kubler-Ross, à partir de 1965, jusqu'aux livres
de R. Moody en 1976, de K. Ring et de M. Sabom en 1978 et 1979 ont contribué
à mettre en évidence les NDE (Near Death Expériences)
ou expériences aux frontières de la mort. D'après
les enquêtes statistiques réalisées par K. Ring
et M. Sabom et l'association IANDS (International Association for Near
Death Studies qui est représentée maintenant un peu partout
dans le monde), environ 40% des rescapés de la mort interrogés
font état d'une expérience semblable. Les témoignages
sont remarquablement concordants malgré les différences
socioculturelles des témoins.
Ces témoignages font apparaître onze phases principales
de l'expérience dont l'ordre peut être plus ou moins modifié.
Phase 1 : impression d'incommunicabilité.
Phase 2 : persistance des sensations visuelles et auditives.
Phase 3 : sensation de paix et de bien-être.
Phase 4 : phénomène sonore, bruit de cloche.
Phase 5 : traversée d'une zone obscure.
Phase 6 : décorporation.
Phase 7 : rencontre d'autres êtres.
Phase 8 : entrée dans la lumière.
Phase 9 : vision panoramique de la vie,
Phase 10 : limite infranchissable.
Phase 11 : retour à la vie.
Nous avons cherché à donner une interprétation
cohérente de ces différentes phases en accord avec notre
modèle de conscience et nous pouvons ainsi présenter un
modèle de NDE.
Phases 1 et 2 : impression d'incommunicabilité mais persistance
des sensations visuelles et auditives.
Tout se passe à l'état normal comme s'il existait un
diaphragme analogue à celui d'une caméra située
au niveau du mur de la lumière. Habituellement ce diaphragme
est presque complètement fermé. Mais à mesure que
le patient en état de mort clinique passe d'un espace-temps à
l'autre à travers le mur de la lumière, le diaphragme
s'ouvre. Ce patient, inconscient selon nos critères sous-lumineux
car ses organes sensoriels ne fonctionnent plus, peut cependant percevoir
tout ce qui l'entoure, recevoir sensations et informations par le canal
de sa conscience totale superlumineuse qui est, comme nous l'avons vu,
le siège de l'information totale et la source de toutes les sensations.
Phase 3 : sensation de paix et de bien-être.
Un homme est soumis, par sa structure biologique sous-lumineuse, à
un désordre constant et croissant qui le conduit inexorablement
à la mort. Nous luttons en permanence contre le désordre
qui s'installe en absorbant le plus d'informations possible et cette
lutte s'accompagne souvent de sensations désagréables
(peur, souffrance). En entrant dans le monde superlumineux, la conscience
regagne un univers d'ordre et d'information et se trouve débarrassée
de tous les influx négatifs liés au désordre. Paix
et bien-être en découlent.
Phases 4 et 5 : phénomène sonore, bruit de cloche
et traversée d'une zone obscure et sifflement.
Ces phases correspondraient à la traversée du mur de
la lumière qui sépare notre univers sous-lumineux (un
peu analogue à l'envers d'un vêtement) de l'univers superlumineux
de la conscience (l'endroit du vêtement). En traversant le mur
de la lumière, la conscience partielle sous-lumineuse deviendrait
lumineuse (photonique) et ne pourrait plus percevoir l'extérieur
que comme obscur : en effet devenue lumière elle-même,
elle ne peut s'observer et percevoir la lumière.
Phase 6 : décorporation et modification de la perception.
Le corps holographique sous-lumineux est maintenant séparé
de la conscience et celle-ci bénéficie des propriétés
spatio-temporelles de l'univers superlumineux : absence d'écoulement
du temps, instantanéité, possibilité de se déplacer
dans l'espace à une vitesse supérieure à celle
de la lumière, hyperacuité des sensations.
Phases 7 et 8 : rencontre d'autres êtres et entrée
dans la lumière.
Le monde de la conscience est constitué d'information à
l'état pur, Il est vraisemblable qu'un défunt arrivant
dans cet univers continue provisoirement à convertir l'information
qui lui parvient en hologrammes semblables à la réalité
qu'il vient de quitter, d'où la présence d'êtres
chers qu'il voit sous la forme de corps diaphanes.
Les paysages magnifiques et lumineux souvent décrits par les
défunts sont également des hologrammes.
Phase 9 : vision panoramique de la vie et de l'être de
lumière,
En fait, le sujet dialogue avec son moi superlumineux, sa conscience
totale qui possède, grâce aux propriétés
spatio-temporelles de l'univers superlumineux, les moyens de connaître
instantanément tous les événements d'une vie dans
leurs relations réelles du point de vue de l'information superlumineuse.
Tout se passe comme si la partie conversait avec le tout.
Phases 10 et 11 : limite infranchissable et retour à
la vie.
La conscience cherche à se fondre dans l'univers superlumineux,
mais cette pénétration ne peut se faire qu'à partir
d'un échange d'informations. Si pour une raison quelconque, la
conscience ne possède pas assez d'informations, elle retourne
dans le monde sous-lumineux ; d'où l'impression d'une barrière
infranchissable et un retour en général assez brutal à
la vie.
Ce modèle ne se veut pas définitif. Il n'est qu'une hypothèse
formulée à partir d'une théorie physique et nombre
de recherches restent encore à faire.
Un premier axe de recherche s'ouvre sur les réincarnations :
nous pensons personnellement que, si dans notre univers sous-lumineux
nous avons l'impression d'une succession de vies, en fait, ces vies
seraient vécues instantanément et simultanément
sur le plan superlumineux ; ce qui explique les interactions d'une vie
à l'autre. Des recherches sur la constitution du monde de la
mort (conditions d'existence, interactions avec le monde des vivants)
sont également à faire.
Dans ce dernier domaine les religions extrême-orientales, la
théosophie, pourraient nous être d'un grand secours et
nous permettre de décrire ce monde de lumière, d'éternité,
de connaissance, d'harmonie, où le temps est hors du temps.
Enfin, il est nécessaire de prouver expérimentalement
l'existence des tachyons.
Quels sont les arguments qui plaident en faveur d'un tel modèle
de conscience champ de matière superlumineuse ?
Ils viennent essentiellement de la mécanique quantique et de
la théorie quantique des champs.
On sait en effet, d'après le principe de complémentarité,
qu'une particule est à la fois un corpuscule et une onde représentée
par une certaine fonction psi. Cette onde a une vitesse de phase supérieure
à celle de la lumière dans le vide. Si aucune observation
expérimentale n'intervient, toute particule matérielle
serait ainsi une onde. Mais lors d'une expérience quantique,
l'onde psi se réduirait brusquement à un corpuscule localisé
dans l'espace : c'est le collapse du psi.
D'autre part, chaque grandeur physique caractérisant le corpuscule
est remplacée par un « opérateur » agissant
sur la fonction psi développée en « série
de Fourier », ce qui donne une série de « valeurs
propres » pour la grandeur physique. On peut calculer la probabilité
de production des valeurs propres pour une grandeur physique et pour
une expérience donnée. C'est tout ce que l'on connaît.
Quand l'expérience est réalisée, alors seulement
on connaît la valeur exacte de la grandeur dont on ne connaissait
que des probabilités d'apparition.
Il se forme alors un couple indissociable « système de
l'observateur »/« objet quantique observé »,
couple en interaction, et ce serait la « conscience » et
la volonté de l'expérimentateur décidant l'expérience
qui produiraient le résultat de l'expérience. Si la conscience
est un champ de matière tachyonnique (les tachyons ayant une
vitesse supérieure à celle de la lumière, comme
l'onde de phase psi), la « particule » sous-lumineuse observée
ne serait que la projection holographique d'une particule superlumineuse,
et ce n'est qu'à ce moment qu'on aurait des valeurs exactes.
Avant, comme la quantité d'informations qui passe par le filtre
cortical est très faible, on ne pourrait calculer que des probabilités.
On remarquera l'intervention des processus de Fourier aussi bien en
mécanique quantique que dans la théorie holographique.
Dans le paradoxe EPR, le théorème de Bel montre qu'il
n'y a aucune « variable cachée » locale (inégalités
de Bel). Mais le modèle de conscience superlumineux peut expliquer
la corrélation des spins de deux photons dans l'expérience
d'Aspect. Les photons seraient formés d'une composante superlumineuse
(par exemple préon tachyonnique) faisant ipso facto partie de
la conscience ; d'où transmission instantanée d'une information
sur les spins entre les deux photons.
Si les expériences sur les tachyons, après les publications
de Feinberg, Sudarshan et d'autres, ont toutes été négatives
entre 1967 et 1971, il semble bien que J. Steyart (Institut de physique
nucléaire de l'université de Louvain-la-Neuve, Belgique)
ait mis en évidence, depuis 1986, des paires de tachyons (effet
tachyo-électrique) de masse de l'ordre de 200 kev environ et
qui seraient des monopoles magnétiques.
Enfin, le 15 janvier 1990, R. Dutheil a présenté devant
la Fondation Louis de Broglie (Paris) un modèle de préon
tachyonnique considéré comme un micro trou noir superlumineux,
en généralisant le concept de préon dû à
Salam. Pour ce dernier, l'électron, le photon et les quarks de
la deuxième génération seraient formés de
particules tout à fait élémentaires : les préons.
Pour R. Dutheil, électron, photon et quarks seraient formés
d'un assemblage de préons bradyonniques et tachyonniques.
1. La synchronicité est un principe défini
par Carl Gustav Jung et Wolfgang Pauli dans les années 50. Jung
le définit comme " l'occurrence simultanée de deux événements
liés par le sens et non par la cause " ou encore comme la " coïncidence
dans le temps de deux événements, ou plus, non liés
causalement et ayant un sens identique ou semblable ".
2.
AVEC QUOI LES EXPÉRIENCEURS COMMUNIQUENT-ILS DANS UNE NDE
?
Réinjection du sens dans la théorie de l'information
Louis-Marie VINCENT
biologiste
" Ils étaient tous dans la surprise et se disaient les
uns les autres : ces gens ne parlent-ils pas galiléen ? Comment
les comprenons-nous chacun dans notre propre langue, parthe, mède,
égyptien, crétois? "
Actes des Apôtres, 2-6,
« La Pentecôte, l'Esprit descend du Ciel »
La base de l'explication rationnelle proposée dans cet article
est l'hypothèse, bien connue, formulée notamment par John
Eccles d'une conscience-matière, existant indépendamment
des organes sensoriels et du cerveau, du moins en l'état actuel
de notre capacité à mesurer leur fonctionnement 1.
L'hypothèse de l'existence de particules superlumineuses pourrait
fournir une légalité physique à ce modèle
de conscience-matière (qui n'est pas, pour autant, rappelons-le,
une hypothèse matérialiste).
Dans ce qui suit, je me propose d'approfondir, sur les mêmes
bases explicatives, un des aspects évoqués : celui des
communications.
Les expérienceurs sont capables de communiquer, c'est-à-dire
de recevoir et d'échanger des informations.
Cela soulève immédiatement des questions : comment les
expérienceurs reçoivent-ils ces informations 9
Avec quels yeux un être humain, cliniquement mort, peut-il voir
son propre corps comme s'il s'agissait d'une autre personne ? Avec quelles
oreilles peut-il entendre ? Avec quel organe peut-il comprendre et mémoriser
ce qu'il voit et ce qu'il entend pour le raconter ultérieurement
?
La communication au quotidien
Il faut rappeler, en premier lieu, ce qu'est la communication dans
la vie courante : comment voit-on, comment entend-on ? Nous pourrons
ensuite examiner si les choses se passent de la même manière
dans une NDE.
Pour tout être vivant, la communication, c'est l'échange
d'informations avec l'extérieur. C'est une fonction essentielle,
aussi nécessaire à la bactérie qu'à l'être
humain 2. Plus précisément,
pour ce dernier, communiquer, c'est : d'abord, percevoir des signaux
par les organes des sens, ce sont les « messages sensoriels »
visuels, auditifs, olfactifs ou tactiles. Ensuite, les interpréter,
les comprendre, les mémoriser. Inversement, communiquer, c'est
aussi émettre des signaux vers d'autres êtres vivants,
susceptibles à leur tour de les recevoir et de les interpréter.
Prenons l'exemple de la vue. Des rayons lumineux, mettons de longueur
d'onde de 0,65 µ 3 , sont focalisés
sur la rétine. Ils déclenchent une succession de signaux
électriques codés (l'influx nerveux) qui, cheminant par
les neurones, aboutissent au cortex cérébral où
ils déclenchent à leur tour une activité électrique
et magnétique (électroencéphalogrammes, magnéto-encéphalogrammes)
4. Tout cela est très bien connu.
A partir de là, mystère ! Après une durée
infime, on perçoit une lumière rouge. Mais le rouge n'a
pas d'existence physique. C'est une sensation. C'est quelque chose d'abstrait
qui n'existe qu'au niveau de la conscience.
Il en va de même pour le goût ou l'odorat : c'est une molécule
qui, « reconnue » par nos capteurs naturels (par un processus
du type clef-serrure), déclenchera le train d'influx nerveux
pour aboutir à une sensation tout aussi abstraite.
Dans la vie de tous les jours, les informations que nous recevons proviennent
soit des choses, des objets qui nous environnent, soit d'autres êtres
vivants, en particulier des humains.
Les signaux qui proviennent des humains sont des signaux codés,
intentionnels. Ils constituent un message : la lumière rouge
à l'entrée du labo photo, par exemple. Nos organes des
sens en permettent la réception. Ensuite, par un double travail
mental, nous interpréterons la couleur rouge comme un message,
un ordre : défense d'entrer. Cela vaut, bien entendu, dans la
mesure où nous connaissons le code utilisé par l'émetteur.
C'est également vrai pour le langage : la langue allemande,
par exemple, est aussi un code. Si nous ne la connaissons pas, tout
message, rédigé dans cette langue, n'aura pour nous aucune
signification, aucun sens. Il ne nous apportera aucune information.
Il sera assimilable à un bruit.
Tout ceci paraît évident, et pourtant...
La communication au cours d'une NDE
Comment les choses se présentent-elles dans le cas d'une NDE
?
Contrairement à ce qui se passe dans la vie courante, l'échange
d'informations, la communication, va se situer sur deux plans : d'une
part la communication entre l'expérienceur et ce que nous appellerons
le plan terrestre, comportant, comme précédemment ,l'environnement
inanimé et les êtres vivants, et d'autre part la communication
avec ce que nous appellerons le « plan au-delà du tunnel
», pour ne pas employer le terme d' « au-delà
» tout court, comportant une connotation métaphysique.
La communication s'y établit soit avec des défunts, soit
avec des entités extra-humaines et leur environnement.
En ce qui concerne les perceptions elles-mêmes, il ressort de
l'ensemble des témoignages (mais, bien sûr, il y a des
exceptions) que l'on constate, durant l'expérience, une perte
des sensations du goût, de l'odorat, ainsi que celle de la pesanteur,
et aussi, dans une certaine mesure, celle du temps et de l'espace.
En revanche, les perceptions de la vue et de l'ouïe subsistent
et sont même exacerbées. A la vision des lieux et des personnes,
salle d'opération, chirurgien, par exemple, et à l'audition
de leurs conversations s'ajoute la vision autoscopique. Dans certains
cas on note une certaine impression de délocalisation :«
On aurait dit que je voyais et entendais avec mon corps tout entier,
tellement j'étais conscient de tout. »
Sur le plan terrestre, les NDErs 5 voient
et décrivent ce qui entoure leur personne matérielle :
lieu d'un accident, salle d'opération... et souvent leur propre
corps inanimé. Ils entendent ce qui s'y dit : dialogue entre
le chirurgien et son assistant, par exemple. Parfois, l'expérienceur
entend aussi des conversations qui se tiennent dans une autre salle.
Les passages ci-après, empruntés à une enquête
de R. Moody, montrent comment s'effectue la communication. Je les donne
à titre d'exemple, mais ils sont confirmés par plusieurs
milliers de documents, publiés ou non.
LE DOCTEUR: " Vous dites que, lorsque vous étiez à
l'extérieur de votre corps, mais encore dans votre chambre
d'hôpital, vous voyiez ce que l'on faisait pour essayer de faire
repartir votre coeur. Vous compreniez aussi ce que l'on disait. "
Réponse d'Alice qui décrit la scène.
LE DOCTEUR: " Bien. Ce que j'aimerais savoir, c'est comment vous
pouviez savoir ce que l'on disait ? Je veux dire : avez-vous entendu
des voix ou bien était-ce plutôt comme... "
ALICE : " Non, je n'ai pas entendu de voix. On n'entend pas de voix
comme je vous entends en ce moment. Je ne me rappelle pas avoir entendu
quoi que ce soit de cette façon avec mes oreilles. C'est autre
chose : vous comprenez sans qu'ils aient besoin de dire les mots.
[...]
C'était plus comme si je pouvais lire dans leurs pensées.
Je voyais bien leurs lèvres bouger pour parler, mais je ne
me souviens pas d'avoir entendu leurs voix. C'est plus de la compréhension.
Comme de comprendre ce qu'ils pensaient. "
Au-delà du tunnel, l'expérienceur voit aussi des paysages
et des personnages, avec lesquels il peut s'entretenir.
L'interview se poursuit, et Alice raconte s'être trouvée
en présence de ses parents décédés, après
son voyage dans le tunnel :
LE DOCTEUR: " Avez-vous l'impression de communiquer avec eux d'une
manière ou d'une autre ? "
ALICE : " Oh oui! [...] Ils m'ont dit aussi que je devais m'en retourner
[...]."
LE DOCTEUR : " Donc vous dites qu'ils vous ont annoncé que
vous deviez repartir. Est-ce que c'était comme si vous les
entendiez ? "
ALICE : " Non, docteur. Encore une fois, ce n'est pas comme ça
que ça se passe. Quand vous êtes là-bas vous n'avez
pas besoin de mots. Vous savez instantanément ce qu'ils pensent
et qu'ils le savent de la même façon que vous. Je ne
peux pas dire mieux. "
Ce simple extrait montre bien que la manière de communiquer
lors d'une NDE ne peut être comparée à celle de
notre expérience quotidienne.
Il nous faut reprendre ces faits et les analyser en détail.
Ce qu'il faut savoir de l'information
Pour essayer de comprendre ce qui précède, il est indispensable
de revenir sur la notion d'information, évoquée brièvement
plus haut, et sur les théories qui s'y rapportent.
Le mot « information » lui-même est employé
dans des acceptions très différentes suivant les utilisateurs.
Nous le prenons ici dans son sens le plus courant, le plus général
de « ce qui nous apporte une connaissance », qu'il s'agisse
de la couleur de la mer au lever du jour ou de la date de la mort de
Napoléon 1er.
Il importe de ne pas le confondre avec celui qu'emploient les théories
actuellement en usage dans le monde scientifique et technique. Elles
permettent de traiter l'information en tant que quantité mesurable,
mais ne s'intéressent qu'à la matérialité
des messages (par exemple leur nombre de lettres). L'information y est
définie comme une quantité abstraite, sans rapport avec
ce qu'elle signifie. De ce fait, quel que soit leur intérêt
dans d'autres applications, il est clair qu'elles ne peuvent rien apporter
ici.
Leurs limitations, qui se rencontrent aussi dans d'autres domaines,
en particulier celui de la biologie, ont conduit l'auteur à formuler
une nouvelle approche : la théorie des transferts de données
6.
Elle considère que toute information comporte deux éléments
: un support de nature matérielle, le « signifiant »,
parole (onde sonore), écrit (matière solide), etc., et
un sens, une signification, le « signifié », subjectif,
de nature abstraite, qui n'existe qu'au niveau de notre conscience.
La théorie s'appuie sur les données de la linguistique,
de la sémantique et de la neurophysiologie. Les points essentiels
(uniquement l'aspect qualitatif) sont résumés dans les
lignes qui suivent.
l° Nouvelle définition de l'information
La définition complète adoptée pour l'information
est « un objet pour la communication des connaissances, comportant
un support ET une signification ».
Il découle de la définition :
a) Que l'information est de nature complexe et nécessite deux
composants
L'un matériel : Le support (ou signifiant) : signe,
signal--> feuille de papier, onde électro-magnétique
ou sonore, etc.
L'autre non matériel : La signification (ou signifié
ou sémantique) : le sens.
(abstrait)
b) La signification - abstraite - n'existant qu'au niveau mental,
AU NIVEAU DE LA CONSCIENCE, chez l'émetteur et le récepteur
(ou, tout au moins, de l'un d'eux), on peut dire que le message ne
constitue une information que s'il est interprété,
c'est-à-dire si l'on peut lui faire correspondre une signification7.
Nous voyons immédiatement le parallèle entre l'information
et la physiologie (tableau)
: qu'il s'agisse d'une odeur ou d'une parole, à chaque signal,
de nature physique ou chimique, correspond une donnée abstraite,
qui n'existe qu'au niveau de notre conscience 8.
c) Conséquence fondamentale de b) : un message ne transporte
aucune information, mais seulement des données, des data,
à entrer dans le système récepteur. D'où
le nom de « message-objet » pour éviter toute ambiguïté.
d) Autre conséquence de b) : pour faire correspondre une signification
au message-objet, le système récepteur doit posséder
cette signification antérieurement à la réception
de celui-ci. En d'autres termes, la signification doit être
prémémorisée dans le système récepteur,
quelle que puisse être la nature du support mémoriel.
2° Interprétation et compréhension des données
La compréhension est le résultat final de différentes
opérations:
- La lecture physique du message, son déchiffrage,
son interprétation : cette dernière est l'opération
proprement dite de l'établissement d'une correspondance entre
la forme déchiffrée et une signification. Elle s'établit
par l'intermédiaire d'un processus de reconnaissance de formes
: comparaison de la forme du message-objet à celles (similaires
ou complémentaires) d'un support-résident associé
à une signification prémémorisée (résidente),
dans le système cognitif du récepteur.
C'est un problème de clef et de serrure- Le message-objet ne
fera qu' « activer », actualiser une de ces formes types.
Ce processus, déterminé par les études sémantiques,
correspond aussi à de nombreux mécanismes physiologiques
ou psychophysiologiques tels que la reconnaissance des odeurs, des visages,
à certains tests de reconnaissance de « formes inexistantes
».
Le mécanisme de reconnaissance dépend de la nature du
signifié. La reconnaissance pourra être globale, le message
sera reconnu comme un tout correspondant d'emblée à une
signification donnée : c'est une configuration, une forme, par
exemple une photographie ou un hologramme. Elle est instantanée,
atemporelle. Ce type d'information relève de la géométrie
et de la topologie. C'est une structure idéelle, suivant l'expression
de René Thom.
L'autre processus est de nature analytique : décomposition en
éléments, par exemple les lettres du mot pie, P, 1, E.
Il est séquentiel. La signification n'apparaît que lorsque
la totalité, ou tout au moins un certain nombre, des éléments
du message sont transmis.
- La compréhension est l'accès du récepteur
au sens de la totalité du message, nécessaire à
l'acquisition d'une signification (ou connaissance) nouvelle.
Celle-ci ne peut résulter du seul traitement formel des éléments
du support, ni de la simple juxtaposition de signifiés élémentaires,
par exemple de celles des lettres P, I, E ; la signification nouvelle
est une résultante unique qui émerge du traitement
des significations de niveaux sémantiques inférieurs (niveaux
de la lettre, du mot, du syntagme, de la phrase-énoncé).
On se trouvera donc en présence de deux processus parallèles
:
- un traitement formel des éléments du support, des
contenants, s'effectuant au niveau matériel (pouvant être
effectué, par exemple, au moyen d'un ordinateur) ;
- un traitement des significations prémémorisées,
s'opérant dans le domaine « abstrait » et donnant
accès à de nouvelles significations (ici PIE = oiseau).
Dans son énoncé, cette approche de l'information, qui,
en réalité, ne fait que formaliser des données
de l'expérience quotidienne, ne fait appel à aucune théorie
physique particulière. On s'est contenté de distinguer
ce qui est du domaine matériel de ce qui est « abstrait
». Ce dernier terme est, somme toute, bien vague ; il ne fait
que désigner ce qui nous paraît échapper aux données
physiques courantes : dimension, masse, loi de la conservation de l'énergie,
temps... Il n'est que le témoignage de notre ignorance.
La théorie des transferts de données acquiert, en revanche,
une autre dimension (sans jeu de mots) lorsqu'on la replace dans le
cadre de la physique superlumineuse : la signification abstraite n'échappe
plus aux lois universelles de la physique ; elle est dans le prolongement
de celle-ci, elle est « transphysique », comme la conscience
elle-même, c'est-à-dire non locale, non temporelle, dans
un domaine à entropie spontanément décroissante.
Une explication possible
Contrairement aux apparences, cette digression sur l'information ne
nous a pas éloignés du sujet. Bien au contraire, elle
nous amène au coeur de celui-ci, car la distinction entre le
domaine des supports matériels et celui des significations abstraites
va nous permettre, maintenant, d'entreprendre une interprétation
des récits des NDErs.
En nous limitant au cas de la communication verbale, reprenons l'entretien
entre Alice et le médecin, pour l'exprimer en termes d'information.
Le récit montre que la communication s'établit directement
sans passer par le langage. Cela signifie que l'expérienceur
a directement accès à la signification.
L'interprétation de ceci est évidente : durant l'expérience,
c'est la conscience d'Alice qui est en cause ; constituée
de matière superlumineuse, elle accède directement à
la signification constituée elle-même d'éléments
superlumineux, de la même manière que l'oreille constituée
de matière sous-lumineuse détecte les variations de pression
des ondes sonores.
Par ailleurs, on note une dissymétrie dans les modes de communication
entre NDEr et vivants, d'une part, et entre NDEr et défunts ou
êtres extra-humains, d'autre part.
Dans le premier cas, la communication est à sens unique. Il
y a compréhension seulement de la part de l'expérienceur.
Il serait plus exact d'employer le terme d' « expérienceur-conscience
» (EXP-C) puisque c'est uniquement cette partie de celui-ci qui
est active durant la NDE.
Du fait que l'expérienceur ne dispose plus des organes de phonation
ou autres, pour lancer un message-objet, il ne peut pas être compris
des vivants, lesquels doivent, eux, passer par l'intermédiaire
de messages-objets matériels 9
: signaux sonores (paroles), signes (écrits), etc., et par leur
décodage pour avoir accès à la signification.
Exception faite, bien entendu, des cas de télépathie,
mais on ne peut plus dire alors qu'il s'agisse tout à fait de
vie courante !
Dans le second cas, au contraire, il y a interactivité, compréhension
mutuelle directe entre les extrahumains ou les défunts et l'expérienceur.
C'est une situation dans laquelle aucun des protagonistes ne se trouve
plus dans le domaine physique sous-lumineux. Il est donc clair, pour
les raisons exposées plus haut, que les uns et les autres ont
directement accès à la signification et peuvent donc établir
un dialogue 10.
Cela permet également de comprendre pourquoi il ne peut y avoir
de communication entre les extrahumains (ou les défunts) et un
humain vivant que dans le cas où celui-ci possède la faculté
d'accéder directement au signifié superlumineux. C'est
ce que l'on a appelé la médiumnité, la télépathie
étant la communication directe entre humains vivants.
L'argumentation ci-dessus s'applique également à la vision
: l'image formée sur la rétine déclenche des signaux
électriques complexes, qui sont traités, analysés,
au niveau du cortex visuel. Il en résulte une image de synthèse,
dont l'interprétation repose sur la comparaison avec des images
mentales prémémorisées. A ces images sont associées
des significations « abstraites », telles que le concept
d'arbre ou de chien. Ce processus a été bien étudié
en particulier pour la reconnaissance des visages humains et l'identification
des personnes.
S'il est possible de formuler une hypothèse cohérente
en ce qui concerne les perceptions conservées ou même exacerbées
au cours d'une NDE, il est plus difficile de comprendre pour quelles
raisons les autres perceptions disparaissent, bien que, répétons-le,
il y ait des exceptions.
Il faut se borner à une constatation : dans les cas de la vue
et de l'ouïe, les données des messages sont véhiculées
par des ondes, lumineuses ou sonores. En revanche, en ce qui concerne
le goût et l'odorat, les véhicules sont moléculaires.
Existe-t-il une relation entre la nature du message-objet et la mémorisation
des signifiés par la conscience ? Nous l'ignorons actuellement.
Pourtant, les odeurs et les saveurs sont des sensations, au même
titre que les couleurs. Elles sont souvent, aussi, chargées de
significations diverses : Faut-il rappeler la madeleine de Proust ?
Notre ignorance est encore plus grande en ce qui concerne l'absence
de sensation de pesanteur ; ici nous avons tout de même quelque
excuse, puisque les physiciens les plus chevronnés s'interrogent
encore sur la nature de la gravitation !
Quoi qu'il en soit, on peut penser que la notion de pesanteur, celle
d'espace, et également les impressions tactiles sont des sensations
essentiellement corporelles ayant une faible signification au niveau
de la conscience-matière. De là résulterait leur
perte, ou tout au moins leur atténuation considérable
au cours des NDE.
Dernier point : la disparition de la notion de temps. Bien que cette
dernière soit étroitement liée aux problèmes
de communication, on ne peut dire qu'il s'agisse à proprement
parler dune information, ou d'une sensation comme l'entendent les physiologistes
11. Ici, du moins, nous disposons d'éléments
pour avancer une explication : la conscience-matière dans le
domaine tachyonnique est, par définition, atemporelle. Seul,
le corps est situé dans 1'univers sous-lumineux dans lequel il
y a « écoulement » du temps. Cet « écoulement
» est, comme l'a montré Prigogine, lié au déroulement
des processus chimiques et à la production d'entropie : C'est
le temps thermodynamique rejoignant et précisant les premiers
travaux de P. Lecomte du Nouy sur le temps biologique. Il est
clair que, durant la NDE, les différents processus biologiques
étant fortement ralentis ou suspendus, la valeur de ce temps
s'en trouve affectée. Par ailleurs, on a pu montrer que le temps
psychologique, le temps perçu par la conscience, dépendait
du flux d'informations reçues. On conçoit dans ces conditions
qu'un corps en état de coma profond ou de mort apparente ne puisse
recevoir et encore moins transmettre séquentiellement des messages
sensoriels dont, par ailleurs, la signification est perçue directement
et de façon synchronistique par la conscience.
Conclusions
Certes, les explications que nous présentons sont, pour une
grande part, hypothétiques.
Cependant, la théorie de J. Eccles, complétée
par la relativité superlumineuse et la nouvelle approche de l'information,
fournit une base cohérente pour l'explication rationnelle (mais
non rationaliste) des NDE. Cette cohérence n'a évidemment
pas force de preuve, mais il est bien connu des scientifiques qu'elle
constitue, avec le sentiment d'esthétique qu'elle inspire, une
présomption en sa faveur.
Nous sommes bien conscients que, dans ce modèle, bien des aspects
restent encore à traiter. Bien entendu, nous sommes aussi conscients
du travail énorme qui reste à accomplir pour étayer
ces hypothèses. Mais nous pensons qu'elles constituent cependant
un bon fil conducteur pour aller plus avant.
Elles permettent déjà d'interpréter certaines
particularités des récits des NDErs. Elles permettent
aussi de comprendre pourquoi une activité mentale consciente,
intelligente, reste possible en dépit d'un cerveau en état
d'anoxie ou présentant un électroencéphalogramme
nul.
Cela rend évident que toute théorie considérant
ces activités mentales comme un épiphénomène
par rapport aux processus nerveux est incompatible avec les faits rapportés
par les expérienceurs. Elle oblige, dès lors, à
considérer ceux-ci comme des fabulateurs, des malades mentaux
ou mieux encore comme des imposteurs, ainsi que tous ceux qui se sont
consacrés à ces études. Des centaines de dossiers,
analysés, étudiés par « E.K.R. », R.
Moody, K. Ring, M. Sabom, pour n'en citer que quelques-uns, cela fait
tout de même beaucoup de naïfs ou d'escrocs ! Mais après
tout, tromperie ou erreur, c'est à ces détracteurs qu'il
appartient d'en faire la preuve !
Je voudrais terminer par une dernière réflexion.
Si j'ai évoqué le sentiment d'esthétique, c'est
qu'en fait la théorie de la conscience-matière, sous la
forme relatée dans ces chapitres, dépasse largement le
cadre des NDE. Même très répandues, ces expériences
restent spécifiques, alors qu'au contraire l'existence d'une
conscience per se touche à la compréhension profonde
de la nature même de la vie.
Au premier abord, cette théorie peut apparaître comme
une nouvelle forme du dualisme platonicien, opposant le corps à
l'esprit. Bien que ce dualisme soit une option philosophique tout à
fait respectable, je suis personnellement plus satisfait par une vision
unitaire de l'être humain, avec laquelle les concepts ecclesiens
ne sont pas incompatibles.
Voici l'idée, brièvement résumée.
On a démontré depuis longtemps qu'il n'y a pas de matière
vivante, stricto sensu, comme le pensaient jadis les vitalistes. La
matière vivante, qui constitue notre corps, n'est faite que des
mêmes atomes que ceux que l'on rencontre partout dans l'univers
: hydrogène, azote, carbone, etc. Ce n'est, somme toute, «
que » de la matière ordinaire, mais hautement organisée
ou, en d'autres termes, hautement informée. C'est un état
de la matière, l'état vivant, au même titre
que l'état liquide ou gazeux.
Si, comme nous le supposons, l'esprit, ou la conscience, qu'importe
le terme utilisé, est formé de matière superlumineuse,
il stocke, nous l'avons expliqué, la partie abstraite mais essentielle
des informations : la signification.
Rien ne s'oppose à ce que les informations concernant l'organisation
de la matière, « l'intendance », y soient stockées
au même titre que les autres. Cela n'est en rien contradictoire
avec les acquis de la génétique et de la biologie moléculaire,
qu'il n'est pas question de contester. Cela veut dire simplement que
les gènes, les ADN, sont les supports matériels des messages,
comme l'est le papier bleu d'un télégramme. Mais la signification
est ailleurs. Dans cette interprétation, qui, accessoirement,
éclaire la nature des maladies psychosomatiques, il n'est plus
question d'opposer le corps à l'esprit, puisque c'est ce dernier
qui est le façonnier de la matière. C'est, finalement,
exprimée en langage scientifique actuel, la conception qu'à
son époque Thomas d'Aquin avait exprimée en termes théologiques
: Anima forma corporis (« L'âme est la forme du corps
»).
1. Comprenons-nous bien : Il ne s'agit pas d'exposer
une théorie dûment démontrée par l'expérimentation,
comme l'est par exemple la théorie de la relativité, mais
seulement d'avancer ici des hypothèses et de proposer un «
modèle » (dans le vocabulaire scientifique, modèle
signifie représentation simplifiée d'un processus, simulation
: tout se passe comme si...)
2. Outre les informations, tous les êtres
vivants échangent en continu avec l'extérieur de la matière
et de l'énergie. Ils constituent ce qu'on appelle un «
système ouvert ». Voir à ce sujet F. Jacob, La
Logique du vivant.
3. Un micron : µ = 0,001 mm. Une onde est
définie par sa longueur d'onde, son amplitude et sa vitesse de
propagation dans le milieu considéré, La longueur d'une
onde électromagnétique est la distance qu'elle parcourt
pendant un cycle complet de vibration, à la vitesse de la lumière,
soit 300 000 km/sec. Rappelons que l'expression « taux vibratoire
», rencontrée souvent dans des ouvrages pseudo-scientifiques,
n'a aucun sens.
4. L'enregistrement de ces courants électriques
constitue précisément les électroencéphalogrammes
(EEG). Plus récemment (Relie, 1978) on a mis en évidence
(magnétoencéphalogrammes, MEG) une activité magnétique
du cerveau : les intensités sont extrêmement faibles (de
l'ordre de 10-8 gauss).
5. NDErs : ceux qui ont vécu une NDE.
L'auteur vous prie d'excuser cet anglicisme qu'il réprouve, mais
l'emploie pour éviter la répétition monotone du
néologisme français « expérienceur »,
qui manque d'ailleurs cruellement de féminin.
6. Nom donné pour éviter d'ajouter
aux ambiguïtés du terme « information ». Voir
à ce sujet L-M. Vincent : L'information, second composant
de l'univers.
7. L'interprétation automatique d'un signal
par un dispositif électronique, informatique, etc., n'est possible
que parce que ce dispositif a été finalisé
par un concepteur humain. Historiquement, la serrure en est l'exemple
le plus ancien.
8. Ce qui justifie la définition étendue
du terme : information.
9. Ou, pour utiliser le vocabulaire de la linguistique
: des formes signifiantes.
10. Du grec dia (à travers), comme
dans diapositives, et non du latin di (deux). Parler de «
trialogue », comme certains politiciens l'ont écrit, est
un pur barbarisme !
11. Sensations : « notions transmises
par les cellules sensibles aux fibres nerveuses auxquelles elles sont
reliées » (définition du Traité de physiologie
d'E. Gley). Comme on peut le constater, cette définition évite
pudiquement d'évoquer le domaine abstrait...
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
La courte bibliographie qui suit donne une sélection de quelques
titres d'ouvrages d'initiation accessibles au grand public. Les ouvrages
de référence, plus spécialisés, sont marqués
d'un astérisque.
BRILLOUIN L., La Science et la Théorie de l'information*,
Masson, 1959 ; Jacques Gabay, 1988.
CHAUCHARD P., Le Système nerveux, « Que sais-je
? », n°8, PUF, 1980.
DURAND D., La Systémique, « Que sais-je ? »,
n°795, PUF, 1983.
DUTHEIL R. et B., L'Homme superlumineux, Sand, 1990.
ECCLES J. sir, « Le Miracle de l'existence humaine », Troisième
Millénaire, n°l 2, 1989.
JACOB F., La Logique du vivant, Gallimard, 1970.
JASTROW R., Au-delà du cerveau. Ed. Mazarine, 1982.
LECOMTE DU NOUY P., Le Temps et la Vie, Gallimard, 1936.
LEVY J. -C., Le Temps psychologique, Dunod, 1969.
MOODY R. A. Jr, La Vie après la vie, Laffont, 1978.
MOODY R. A. Jr, La Lumière de l'au-delà, Laffont,
1988.
PRIGOGINE I., F, Étude thermodynamique des phénomènes
irréversibles*, Ed.Desoer, Liège, 1947.
RING K., Sur la frontière de la vie, Laffont, 1982.
TAMBA-MECZ J., La Sémantique, « Que sais-je ? »,
n°655, PUF, 1988.
VINCENT L.-M., Introduction à l'étude physique des
champs biologiques *, Ed. Zimax, 1988.
VINCENT L.-M., « L'Information, second composant de l'univers
», Troisième Millénaire, n°15-16,
1990.
VINCENT L.-M., « Qu'est-ce que la vie? * » Bull. Soc.
fr. de bio. théo., n° 16, 1991.
VINCENT L.-M. et DUTHEIL R., « Pour une approche physique des
champs biologiques* », 9' sémin. de bio. théo.,
Solignac, 1989.
3.
LES NDE FONT-ELLES PERDRE LE NORD ?
Interprétation des témoignages à partir d'inversions
topologiques
Pierre Bacelon
physico-chimiste
« L'espace, noire espace, peut être chiffonné
de manière suffisamment petite pour se fourrer dans une tasse
à café, lui et ses centaines de milliers d'années-lumière.
Dans une tasse à café quadridimensionnelle, bien sûr.
»
Robert A. Heinlein
(in La Quatrième Dimension
de Rudy Rucker)
Les notions de haut et de bas, d'avant et d'arrière, de gauche
et de droite, sont universelles et de tous les temps. La première
est due à l'existence de la gravitation, la deuxième à
la vue et la dernière au fait que toutes les personnes n'écrivent
pas ou ne travaillent pas de la même main. Ces trois notions sont
relatives : aux antipodes, le sens du haut et du bas s'inverse, deux
personnes qui se tournent le dos inversent devant et derrière
; on peut aussi bien appeler la droite gauche et réciproquement,
sans enfreindre les règles fondamentales de la physique 1.
C'est ce que les physiciens appellent les trois dimensions spatiales.
Nous vivons dans un monde à trois dimensions (3D) : latitude,
longitude et altitude. A ces trois dimensions spatiales s'adjoint une
quatrième dimension : la dimension temporelle ; soit au total
quatre dimensions spatio-temporelles.
Le but de cet article est de savoir dans quelle mesure les témoins
d'expériences proches de la mort appréhendent cet univers
3D lors de leur sortie hors du corps et cela en s'aidant le plus possible
des témoignages.
Désorientation des témoins
Le premier témoignage, et non des moindres, est celui de C.G.
Jung, lors de son infarctus du myocarde, en 1944, durant lequel il connut
une sortie hors du corps :
« Je croyais être très haut dans l'espace cosmique.
Bien loin au-dessous de moi j'apercevais la sphère terrestre
baignée d'une merveilleuse lumière bleue : je voyais
la mer d'un bleu profond et les continents. Tout en bas, sous mes
pieds, était Ceylan et devant moi s'étendait le subcontinent
indien. Mon champ visuel n'embrassait pas la terre entière,
mais sa forme sphérique était nettement perceptible
et ses contours brillaient comme de l'argent à travers la merveilleuse
lumière bleue. A certains endroits, la sphère terrestre
semblait colorée ou tachée de vert foncé comme
de l'argent oxydé. " A gauche " dans le lointain, une large
étendue - le désert rouge-jaune de l'Arabie. C'était
comme si, là-bas, l'argent de la terre avait pris une teinte
rougeâtre. Puis ce fut la mer Rouge et bien loin derrière
- comme à l'angle supérieur gauche d'une carte - je
pus encore apercevoir un coin de la Méditerranée. Mon
regard était surtout tourné dans cette direction, tout
le reste semblait imprécis. Évidemment, je voyais aussi
les sommets enneigés de l'Himalaya, mais tout y était
brumeux et nuageux. Je ne regardais pas " à droite ", je savais
que j'étais en train de quitter la terre.
« Après un moment de contemplation, je me retournai.
Je m'étais tenu, pourrait-on dire, le dos tourné vers
l'océan Indien le visage vers le nord. Alors il me sembla que
j'opérais une version vers le sud. »
Nous constatons, à la lecture de ce témoignage, la perfection
de la description tridimensionnelle de l'espace faite par Jung (seule
la quatrième dimension manque, c'est-à-dire l'heure ;
ce qui permettrait de savoir s'il faisait effectivement jour à
l'endroit où l'auteur eut cette expérience).
Tout y est logique : pieds vers la terre (« sous mes pieds était
la terre »), regardant au nord à la latitude de l'équateur
et à la longitude de Ceylan, ayant à sa gauche l'Arabie
et un coin de Méditerranée. Quelle vision magistrale alors
qu'aucune photo de la terre à cette altitude n'existait (celle-ci
fut évaluée à 1 500 km) ! Cette précision
se retrouve même dans le mouvement, quand Jung se tourne du nord
vers le sud.
Nous constatons donc qu'au cours de cette sortie hors du corps la topologie
du globe terrestre est conservée : la gauche et la droite (la
Méditerranée à gauche de Ceylan), l'avant et l'arrière
(en regardant vers le nord), le bas et le haut (les pieds vers la terre).
Cependant, une anomalie est évidente : Jung échappe à
la pesanteur ; il semble qu'il tombe... vers le haut. Cet aspect de
chute vers le haut, lors des sorties hors du corps, n'a pas été
mis en évidence de manière satisfaisante, alors que, comme
nous allons le voir, il est essentiel. En examinant d'autres témoignages,
nous allons essayer de constater si des témoins, au contraire
de Jung, perdent... le nord par inversion de la topologie de leur environnement.
Voici deux témoignages intéressant notre propos ; ils
sont extraits du livre de M.B. Sabom et sont remarquables par leur précision
2 et confirmés a posteriori. Le
premier concerne une femme cardiaque en réanimation (1978, p.
146) :
« J'avais quitté mon corps et j'étais sur le
côté [...]. Autrement dit, entre moi et mon corps, il
y avait un espace où je pouvais voir tout ce qui se passait
autour de mon lit [...]. Je voyais de dos les gens qui étaient
à gauche du lit, et de face ceux qui étaient à
droite du lit [...]. Je n'avais pas mal. Je pouvais voir mon visage
de façon tout à fait nette, et ils me soulevaient les
paupières ».
Cette personne présente bien une inversion de gravitation :
quittant son corps, elle échappe à son poids et se trouve
flottant dans un coin du plafond. Sa « vision » de l'action
est très claire et corroborée par le dossier médical.
Il y a, comme d'habitude chez ces témoins, inversion de l'avant
et de l'arrière puisque la personne se voit comme dans un miroir
: « Je pouvais voir mon visage de façon tout à fait
nette. »
Mais il faut bien noter que la personne ne se voit pas exactement comme
dans un miroir, c'est-à-dire elle-même observant son image
; non, c'est son image (moi) qui l'observe (mon corps). Il y a donc
ici une double dimension :
1. celle, comme dans un miroir, de l'objet en image
2. celle de l'image observant l'objet.
On voit donc qu'il ne s'agit pas ici seulement d'une simple inversion
spéculaire (qui serait déjà extraordinaire puisqu'il
n'y a pas de miroir dans la salle). Il y a, de plus, inversion du rôle
de l'objet et de son image. En effet, la conscience de la perception
qui se fait habituellement à l'intérieur de la personne
(son cerveau) se fait maintenant à l'extérieur de la personne.
Il y a là manifestement une inversion de l'extérieur et
de l'intérieur de la personne.
Cependant, il est possible d'objecter à cette analyse que, si
l'on regarde dans un miroir, on ne sait plus, très vite, de quel
côté du miroir on se situe, bien que l'on sache très
bien que, en l'absence de miroir, on ne se voit pas soi-même et
donc que ce que l'on voit ne peut être qu'une image de soi. Mais
l'identification à l'image est peu contrôlable. Cependant,
ce témoignage nous éclaire encore à propos de cette
inversion de l'extérieur et de l'intérieur du témoin.
Nous voulons parler ici de la description très détaillée
par le témoin lui-même, non seulement de son propre corps,
mais des autres personnes présentes autour du corps. (Nous avons
choisi ce témoignage pour sa clarté, mais aussi parce
qu'il est exemplaire de nombreux autres existant dans la littérature.)
Les autres personnes, lorsqu'elles regardent le corps du témoin,
sont vues par le témoin comme lui tournant le dos pour certaines,
et lui faisant face pour d'autres. Mais le témoin précise
bien : « J'étais sur le côté. » Par
conséquent, il voit de dos les gens qui entourent le lit de son
côté (à gauche) et de face ceux de l'autre côté
(à droite). C'est peut-être un peu compliqué, mais
souvent les témoins se situent dans un coin de la pièce
et non au milieu. Pour un témoin qui se situe au milieu, il ne
voit donc que le dos des personnes présentes.
Il y a donc là indubitablement inversion de l'extérieur
et de l'intérieur du témoin. Qu'en serait-il s'il y avait
un miroir derrière l'entourage du corps du témoin et que
celui-ci soit assez lucide pour observer la scène depuis son
corps physique ?
Tout d'abord, ce témoin verrait la face des gens qui l'entourent
par vision directe, puis par réflexion dans le miroir observerait
le dos de cet entourage, à condition que cet entourage n'occulte
pas sa propre image, puis le témoin observerait sa propre image
dans le miroir, à condition encore une fois qu'il n'y ait pas
d'occultation, ce qui est peu probable. Nous le répétons
donc : il ne s'agit pas d'une image dans un miroir,
Ces précisions amènent une question précise :
comment ce témoin aperçoit-il son corps physique à
travers le dos des gens qui l'entourent ? Eh bien, le plus simplement
du monde : l'entourage est... transparent. Mais, comme nous venons de
le voir longuement, il est aussi visible. Il est donc visible et transparent
! Nous reviendrons plus tard, et mieux armés, sur cette question
fort troublante.
Le témoignage suivant va nous permettre de mieux constater le
trouble dans lequel sont les témoins en ce qui concerne la position
de leur gauche et de leur droite. Il s'agit d'un homme cardiaque en
réanimation (Sabom, p. 168)
« Ils m'ont tout d'abord fait ces piqûres dans l'aine,
quelque part vers le bras. Il m'a semblé qu'ils mettaient une
seringue par là. Mon côté droit. »
Sabom commente le témoignage de la façon suivante : «
Le bordereau d'analyse établi par le laboratoire indique comme
lieu de prélèvement la fémorale gauche. »
Il y a là une manifeste inversion de la gauche et de la droite,
inversion vérifiée a posteriori avec on ne peut
plus de rigueur 3.
Bien que le témoignage suivant ne concerne pas une expérience
proche de la mort mais une sortie hors du corps lors d'un rêve,
nous n'hésitons pas à le citer tant il est révélateur
d'une inversion topologique entre la droite et la gauche (extrait d'un
témoignage recueilli par IANDS-France, non publié)
« Une des plus curieuses visions est celle faite ces jours
derniers. Il faut préciser que la chambre de la caravane est
minuscule ; il n'y à place que pour deux petits lits jumeaux
séparés par une petite allée de vingt centimètres
qui permet d'aller à la porte qui est au pied des lits. Une
nuit, je me suis vue être au pied des deux lits, et je contemplais
les deux dormeurs, mon mari et moi, mais bizarrement, la situation
était inversée : c'est-à-dire que mon lit habituel,
à gauche, était occupé par mon mari ; tandis
que moi-même j'étais dans le lit qui est celui de mon
mari. Cela m'intrigua tellement que, pensant que mon mari s'était
trompé de lit, j'ai réveillé Jacques en lui disant
qu'il s'était trompé de lit, et en lui tendant ses lunettes
que j'avais à la main. Cela me réveilla complètement,
et Jacques aussi, tandis que je constatais qu'il était bien
dans son propre lit comme d'habitude, et je ne compris rien à
cette " vision " inversée, aussi réelle que dans la
vie habituelle ! »
Résumons-nous avant d'aborder ce que les sciences exactes peuvent
nous fournir d'interprétations à propos de ces témoignages.
Les témoins, lors des sorties hors du corps, rapportent des
observations, vérifiées a posteriori, qui permettent
de conclure avec une bonne probabilité à trois inversions
:
- une inversion du sens de la pesanteur ;
- une inversion de la notion d'intérieur et d'extérieur
du corps
- une inversion de la gauche et de la droite.
Topologie et conditionnement de la perception
Nous allons donc maintenant réfléchir à l'interprétation
que les sciences exactes peuvent nous fournir à propos de ces
inversions. Pour cela, quelques éléments de topologie
(science du lieu) nous sont nécessaires.
L'espace à une dimension (ID) existe : la ligne ; ainsi qu'à
deux dimensions (2D) : la surface ; à trois dimensions (3D) :
le volume. Mais comment avoir idée d'un univers à quatre
dimensions (4D) ? Par exemple : un miroir (2D) reflète notre
univers à 3D. Donc un miroir d'un univers à n dimensions
a lui-même (n- 1) dimensions. Par conséquent, notre univers
3D est en fait le miroir d'un univers 4D.
Rendons cela plus explicite à l'aide d'un exemple : cette feuille
de papier avec sa longueur et sa largeur est un espace à deux
dimensions. Soit un être, appelons-le un planaire, qui n'aurait
pas le droit de sortir du plan de la feuille. Dessinons alors un cercle
sur cette feuille. De deux choses l'une : ou le planaire en tournant
sur lui-même voit de tous côtés le cercle : il en
déduira qu'il est à l'intérieur du cercle et qu'il
ne peut en sortir; ou le planaire voit le cercle, mais en se tournant
ne le voit plus : il en déduira qu'il est à l'extérieur
du cercle et qu'il ne peut y entrer. Cependant le lecteur de cette feuille,
dont les yeux sont au-dessus de la feuille, est un observateur 3D qui
voit la feuille 2D ; cet observateur verra simultanément l'extérieur
et l'intérieur du cercle et les interdictions du planaire seront
abolies. Mais, maintenant, imaginons une sphère, donc 3D, suffisamment
grande pour pouvoir nous y loger. Nous serons comme le planaire. Effectivement,
si nous sommes à l'intérieur de cette sphère nous
la verrons de tous côtés, nous ne pourrons en sortir et
nous n'en verrons pas l'extérieur. Si, par contre, nous sommes
à l'extérieur nous ne pourrons pas y entrer. Qu'en sera-t-il
pour un observateur 4D ? Eh bien, par analogie avec l'observateur 3D
et le planaire 2D, un observateur 4D verra simultanément l'intérieur
et l'extérieur de la sphère 3D.
Pour un observateur 4D, nos parois sont transparentes, ou du moins
visibles de deux côtés simultanément et bien entendu
traversables comme le cercle précédent. Un tel observateur
4D a accès à tout l'espace sans utiliser la mémoire,
c'est-à-dire indépendamment du temps. Nous utilisons ces
propriétés de la quatrième dimension spatiale pour
interpréter les témoignages.
On peut rendre cela plus concret à l'aide d'un autre exemple,
celui du cube de Necker : dessinons un cube en 2D sur un feuille de
papier (voir figure 1).
Il y a deux façons possibles de voir un tel cube (cf Vasarely,
Escher), les pointillés figurant les arêtes arrière
du cube ; citons à ce propos R. Rucker :
« Quand on regarde un cube 2D dessiné, au bout de quelques
instants, deux interprétations de cette figure se manifestent
de manière instable dans notre esprit 3D.
Ce qui rend la réversibilité du cube de Necker si importante,
c'est que les deux interprétations possibles du dessin original
sont, en fait, des images miroirs l'une de l'autre.
L'intérêt de tout cela, c'est que l'espèce de
réarrangement fugitif qui apparaît lorsqu'un cube de
Necker s'inverse est équivalente à une rotation dans
la troisième dimension. Il se produit si rapidement qu'il est
impossible à immobiliser.»
Ainsi, il est possible de réaliser une inversion d'une forme
2D du cube à une autre forme 2D via le passage par 3D.
Peut-on aisément inverser une forme 3D en sa forme image par
un passage dans 4D ?
Oui, pour cela il suffit de construire une pyramide à base triangulaire
(donc 3D) - appelons-la ABCD - et de l'observer en mettant par exemple
la pointe C loin de l'oeil (figure
2. position 1) et d'attendre un peu, comme dans le cas du cube
; et soudain, un déclic se produit : la pyramide s'inverse et
l'on voit la pointe E près de l'oeil (figure
2. position 2).
La pyramide ABCD, posée sur la table avec la pointe C loin de
l'oeil (position 1), peut être inversée suivant
la pyramide ABDE, la pointe E près de l'oeil (position 2).
Dans cette inversion, on a inversé l'intérieur et l'extérieur,
la gauche et la droite comme dans un miroir, Mais on a fait plus, et
ce plus un miroir est incapable de le faire - on a aussi inversé
la pesanteur. Pour nous en convaincre, regardons de nouveau la figure
2 : dans la position 1, la pyramide ABCD repose par sa
face ABC sur la table, ce qui est tout à fait correct, gravitationnellement
parlant. En revanche, dans la position 2, après inversion,
la pyramide ABDE repose sur la table uniquement par son arête
AB ; cette pyramide est donc en déséquilibre et devrait
tomber si nous n'étions pas dans une opération mentale,
et donc virtuelle, jusqu'à ce que sa face ABE repose sur la.
table. Or, dans notre exercice de perception, elle ne tombe pas ! Il
y a inversion, ou du moins annulation, de la pesanteur, la notion de
haut et de bas a disparu. (Pour expérimenter cette aberration
de la perception, il est préférable de faire manipuler
la pyramide sans y assister et sans que des indices de relief, par exemple
les ombres, renseignent sur sa position véritable.)
La figure 3
montre qu'un miroir inverse la gauche et la droite, l'intérieur
et l'extérieur mais non la gravitation, c'est-à-dire le
haut et le bas (voir à ce propos l'ouvrage de M. Gardner : L'Univers
ambidextre, Ed. du Seuil, 1985).
La pyramide ABCD repose par sa face ABC sur la table, ainsi que la
pyramide ABDE par sa face ABE (pas d'inversion de gravitation).
Ce qu'il y a d'amusant dans cet exemple, c'est que l'inversion des
deux formes 3D de la pyramide doit se faire par un passage, non plus
3D comme dans le cas précédent, mais par un passage 4D.
« Il en arrive à vous donner le sentiment que vous êtes
peut-être en train de jeter des coups l'oeil dans la quatrième
dimension ! » (R. Rucker.)
Nous savons qu'il est difficile à l'oeil de connaître,
sans le toucher, le relief d'un objet 3D. Sans le toucher, l'oeil observe
des fantasmes pour lesquels la béance et la saillance sont indistinguables.
Lorsque le toucher est incapable de nous donner le relief des objets
à distance, l'oeil et le cerveau « se débrouillent»
pour avoir un sens du relief par d'autres moyens :
- l'occultation visuelle d'un objet par un autre. Celui qui est occulté
(partiellement) est derrière l'objet occultant ;
- l'analyse des ombres et des lumières de l'objet en cas de
lumière latérale ;
- les effets de parallaxe, c'est-à-dire le déplacement
de la position relative apparente d'un corps lors d'un changement
de position de l'observateur (et de l'objet).
Si l'on essaie ces critères sur la pyramide, mais lorsque celle-ci
est inversée, les surprises s'accumulent :
- La détermination de la provenance de la lumière à
partir de l'analyse des ombres et des lumières sur la pyramide
est impossible. Il semble que celles-ci proviennent de la pyramide
elle-même. La figure
4 illustre cette constatation.
En position 1 (pointe éloignée de l'oeil), la
pyramide ABDE éclairée par une lumière latérale
apparaît avec des zones d'ombre et de lumière qui permettent
d'affirmer que cette lumière vient de la droite.
Par inversion (position 2), la pointe est vers l'oeil et il
est impossible d'affirmer que la lumière provient encore de la
droite puisque la face EDB est ombrée. Mais la lumière
ne peut provenir de la gauche puisque les faces ADE et BDE comportent
une ombre. L'interprétation habituelle des ombres est déconditionnée
- Les couleurs et les nuances de la pyramide sont beaucoup plus chatoyantes
que lors de la vision directe, pour une raison que j'ignore d'ailleurs.
Il s'agit là d'un constat empirique.
- Enfin, dernière surprise il y a inversion de la parallaxe
lors de l'inversion. Mais tout d'abord qu'est-ce que la parallaxe
(du grec changement) ? Pour répondre à cette question
une autre figure est nécessaire (figure
5). Grosso modo, il s'agit là du déplacement
relatif des différentes parties d'un objet entre elles, soit
lorsque l'objet se déplace, soit lorsque l'observateur se déplace
(ce qui revient au même d'après le principe de relativité).
La figure 5
illustre ce principe en ce qui concerne notre pyramide.
Tout d'abord, supposons celle-ci en position I, pointe C éloignée
de l'oeil donc (figure
5, a), et bougeons la tête vers notre droite tout en observant
comment cette pointe C bouge par rapport à la base ABC : il nous
semble que la pointe se déplace également vers la droite
(figure 5, b).
Ce déplacement relatif de la pointe par rapport à la base
est donc appelé la parallaxe. Autrement dit, dans un objet en
creux, le fond se déplace par rapport à l'ouverture dans
le sens du déplacement de l'observateur.
Maintenant, inversons la perception de la pyramide qui vient en position
2, pointe E près de l'oeil (figure
6, a), et bougeons encore la tête vers la droite. Bien
entendu, puisque, entre la position 1 et la position 2,
on observe le même objet, la pointe se déplace également
vers la droite (figure
6, b). Mais en position 2 la pyramide est en relief et,
dans un objet en relief, le relief a un déplacement relatif inverse
de celui de l'observateur !
En position 2, il y a donc bien inversion de la parallaxe par
rapport au mouvement qu'aurait un objet réel.
Or, que déclarent les témoins ? En particulier perdent-ils
le sens tactile, perte nécessaire - ainsi que nous venons de
le voir - aux inversions topologiques ? Oui, car il semble que les témoins
ne conservent, dans la grande majorité des cas, que deux sens
: l'ouïe et la vue. Cette condition étant acquise, les témoignages
suivants montrent :
- que les objets sont lumineux d'eux-mêmes ;
- que les couleurs sont extraordinairement chatoyantes.
« Je réalise maintenant avec le recul, que les choses
que j'ai pu voir étaient non pas éclairées de
l'extérieur, mais vraisemblablement étaient éclairées
de l'intérieur ; c'est-à-dire que leurs propres couleurs
et leurs propres lumières leur venaient d'elles-mêmes
» (témoignage, Bulletin de l'IANDS, n° 23).
« Non, parce que c'était d'une très très
grande intensité. C'est comme si une pièce était
illuminée par ses murs. Il n'y avait pas de lampe. Cette luminosité
venait de la matière elle-même ! En particulier, le chemin
blanc, et bleu de chaque côté » (témoignage,
Bulletin de l'IANDS, n°21).
« Ce dont je me souviens principalement, c'est des couleurs.
Dans la salle d'opération, toutes les couleurs étaient
très brillantes, éclatantes » (Ring, p.49).
Dans le cas où l'inversion de la pyramide se fait de plus en
plus vite, les deux formes coexistent simultanément, c'est-à-dire
que les deux inversions de la forme 1 en forme 2, puis de la forme 2
en forme 1, se font en un même temps. Dans ce cas, l'observateur
finit par voir un objet plat, sans creux ni bosse, un simple triangle
ABD avec un point C au centre. Les gens qui ont appris le dessin arrivent
vite à ce résultat. Mais alors, que devient la parallaxe
en cas de mouvement, puisqu'un objet plan n'a évidemment pas
de parallaxe ? Une seule réponse est possible : c'est la surface
du triangle qui se déforme d'elle-même, comme pourrait
le faire une surface de caoutchouc. Autrement dit la matière
deviendrait animée d'elle-même et le témoin se croirait
immobile dans un univers de surfaces déformables. Vision certes
fort psychédélique, mais pas incompatible avec de nombreux
témoignages. Bien que nous n'ayons pas rencontré jusqu'à
présent de témoignage tout à fait explicite sur
ce point, le témoignage n° 14, cité plus loin, peut
s'interpréter ainsi lorsque le témoin affirme que «
tout est en électrons mouvants ». Encore faudrait-il
que les questionnaires comportent une question à ce propos.
Je ne connais pas de témoignages constatant une inversion de
la parallaxe, bien que souvent les témoins « volent »
en bougeant. Mais il faut dire que c'est là une observation assez
fine à faire et qu'il est possible que les témoins n'aient
pas le temps de s'en rendre compte durant le bref temps où ils
observent des objets usuels. De plus, il faudrait que les questionnaires
comportent cette question ; ce qui n'est pas le cas.
Enfin, une dernière digression à propos de l'inversion
intérieur-extérieur. On admet généralement
que l'intérieur de notre corps, physiologiquement parlant, est
un monde sans sensations internes (cénesthésie) lorsque
la santé est bonne : « Mon foie, connais pas », dit
la publicité. L'intérieur de nous est un univers muet.
Au contraire, l'extérieur de nous est le monde des sensations
par les cinq sens. Lorsque la santé est mauvaise, au contraire
du silence, l'intérieur devient le lieu de la cacophonie appelée
douleur, cependant que l'extérieur disparaît dans les brumes
du dérèglement de nos sens. Or, les témoins, dans
l'état physiologique où ils se trouvent, devraient ressentir
uniquement leurs douleurs intérieures et ne rien percevoir de
l'extérieur. Qu'en est-il d'après leurs témoignages
? Exactement l'inverse : ils ressentent une grande joie, une sérénité
intérieure extraordinaire qu'on pourrait leur envier, et nous
pourrions également leur envier l'exactitude des observations
qu'ils font de l'extérieur ; rien ne leur échappe : la
position de la seringue, le nom du médecin, la couleur des murs,
etc. Il me semble donc que, physiologiquement également, le sens
des perceptions est inversé. Et c'est d'ailleurs là que
se pose la question cruciale : par quel non-sens les témoins
oublient-ils la douleur de leur corps, et par quel sens observent-ils
la réalité qu'ils relatent ? Il est bien certain qu'à
cette double question il faut une réponse correspondant à
un autre modèle de conscience que le modèle habituel.
Deux modèles de conscience ont été proposés
récemment :
- un modèle de conscience holographique ;
- un modèle de conscience superlumineuse.
Dans la troisième partie de cet article, nous allons examiner
uniquement le modèle de conscience holographique, en liaison
avec les inversions topologiques de surface que nous avons développées
plus haut.
D'autres mondes de perception
1. Un monde spatial
On sait que des auteurs tels que D. Böhm, K.H. Pribram expliquent
la perception suivant un modèle holographique. Nous serions capables,
par une série de transformées de Fourier, de percevoir
holographiquement la réalité. Deux auteurs ont prolongé
ce modèle aux expériences de mort imminente : A. Bonaly
et R. Dutheil. Quant à nous, nous allons tâcher de montrer
qu'un tel modèle se prête aux inversions topographiques.
Nous savons que l'holographie permet d'observer des « photos
» de la réalité, non plus en 2D, sur un support
matériel, mais en 3D, sans support matériel 4.
En effet, bien qu'il faille encore un support matériel pour que
se constitue la figure d'interférence - le schème - de
l'hologramme, celui-ci n'est pas observé par l'oeil sur ce support,
mais en avant ou en arrière de celui-ci. Or, que nous apprend
un manuel d'holographie tel que Hologrammes, de G. Saxby ? Sans
entrer dans les détails, il nous suffit de savoir qu'un hologramme
peut fournir des images réelles pseudoscopiques et orthoscopiques.
Qu'est-ce que cela signifie ?
L'image réelle pseudoscopique est la première image obtenue
par hologramme (le négatif d'une photo 2D, si l'on veut). Cette
image est l'image inversée (pseudoscopique) de l'objet. C'est-à-dire
que, comme en photo 2D, ce qui est clair sur l'objet est noir sur l'image
; et réciproquement, droite et gauche s'inversent ainsi que le
haut et le bas. Mais ce qui est nouveau par rapport à la photo
2D, puisque cette fois il y a 3D, c'est que le relief existe, bien entendu,
mais qu'il est généralement inversé par rapport
à celui de l'objet : les creux deviennent des bosses, et réciproquement.
Donc on retrouve ici l'inversion de la parallaxe, comme le montre G.
Saxby dans son ouvrage :
« Vous devez accommoder votre vue sur l'avant de I'image pour
avoir une vision nette de l'arrière-plan, et non pas sur l'arrière
comme on pourrait s'y attendre. La parallaxe est inversée.
»
Décidément, nous n'en sortons pas : il faut inverser
la logique pour comprendre nos témoins ! Quant à l'image
orthoscopique, elle est obtenue en inversant l'image pseudoscopique.
Dans ce cas, tout revient dans l'ordre, comme en photo 2D, où
l'image de l'image devient le positif et restitue la réalité.
On constate donc que l'image pseudoscopique répond aux critères
d'inversion posés plus haut. Inversion de la provenance de la
lumière, de la gauche et de la droite, de l'avant et de l'arrière,
du haut et du bas, et donc de la gravitation. A quand les hologrammes
s'échappant de la gravitation terrestre comme nos témoins
?
Enfin, signalons que les caractéristiques des images holographiques
répondent également à quelques unes des descriptions
des témoins, à savoir :
- la beauté des couleurs ;
- les objets éclairés d'eux-mêmes
- la transparence des objets ;
- la possibilité de passer à travers ceux-ci.
Nous avons déjà évoqué précédemment
les deux premières caractéristiques : la beauté
des couleurs et les objets autolumineux. Nous n'y revenons donc pas,
sinon pour montrer leur adéquation au modèle holographique.
En ce qui concerné la transparence des objets, nous ne résistons
pas au plaisir de citer ce beau témoignage (Bulletin de
l'IANDS, n° 14) :
« Bien sûr qu'on peut voir à travers les objets,
c'est évident, c'est facile parce que plus rien n'est matière
finie, tout est en électrons mouvants ; donc, évidemment...
évidemment qu'on peut passer à travers un mur, on peut
mettre sa main au travers, on peut sentir même qu'on passe à
travers son propre drap. »
Nous faisons ainsi d'une pierre deux coups, puisque ce témoin
nous montre que, du fait que les objets sont transparents, ils doivent
être également traversables, et ce pour la raison que la
matière est constituée d'électrons mouvants. Si
on se permet de remplacer le mot « électrons » par
celui de « photons », on a une excellente description d'une
image holographique.
Effectivement, on sait que celle-ci ne se forme pas sur l'émulsion,
comme dans le cas d'une photo 2D, mais en avant ou en arrière
de l'émulsion, donc dans le vide, pour ainsi dire. Une image
holographique est immatérielle ; par conséquent transparente
et traversable. C'est ainsi qu'il est possible de comprendre pourquoi
les témoins, lors de leurs sorties hors du corps, peuvent apercevoir
leur corps physique à travers les personnes qui entourent celui-ci
: ces personnes sont des images holographiques de la réalité,
au même titre que le mur à travers lequel le témoin
précédent passe la main. Cependant, cette transparence
connaît une limite : le corps physique du témoin lui-même.
En effet, ce corps physique a un statut particulier : à ma connaissance,
il n'est jamais transparent, mais toujours opaque. Pourquoi cette exception
? SI l'on veut poursuivre l'analogie avec l'holographie, seul l'objet
à photographier ne doit (évidemment) pas être transparent.
Est-ce le cas en ce qui concerne le corps physique des témoins
: être et demeurer un objet réel ?
2. Un monde temporel
Nous avons jusqu'à présent proposé un univers
spatial des NDE, sans trop nous préoccuper de la dimension temporelle.
Que déclarent les témoins à ce propos ? Nous allons
en analyser trois aspects.
Le premier est la réponse à la question : « Aviez-vous
accès au temps ou à l'espace ? », question à
laquelle sept témoins sur vingt-quatre de l'échantillonnage
IANDS 5 répondent n'avoir eu aucun
accès au temps, mais avoir eu accès à tout l'espace.
Le deuxième est l'affirmation que les impressions qu'ils éprouvèrent
furent extrêmement rapides ; par exemple, dans ces extraits de
témoignages IANDS.
Témoignage n° 11 : « Oui, c'était d'une rapidité
incroyable, c'était la vitesse de l'éclair [...]. J'ai
eu la réponse à toutes les questions : la question que
je ne me posais même pas... Il n'y avait même pas le temps,
il n'y avait même pas le temps de question-réponse [...],
c'était global. »
Ou encore ce témoignage n° 7 : « J'entendais la
réponse avant la question. »
Enfin, le troisième aspect temporel est donné par les
statistiques des recherches américaines (Moody, Sabom, Ring),
statistiques qui montrent une chronologie reproductible dans les expériences
de mort imminente : la sortie hors du corps, le tunnel, des visions
d'êtres ou de paysages, la pleine lumière et le retour.
Les deux premiers points évoqués : aucune notion de temps
d'une part, et vitesse très élevée d'autre part
sont logiques entre eux - plus ça va vite, moins le temps existe.
Mais ces deux premiers points sont en contradiction avec le troisième,
qui met en évidence une chronologie reproductible d'un témoin
à l'autre. Notons que cette contradiction existe dans les rêves
également : on raconte fréquemment un rêve par épisodes,
en disant comment il a commencé, comment il s'est poursuivi et
comment il s'est achevé. Il y a donc une chronologie dans le
rêve. Cependant, si on demande au rêveur combien de temps
a duré, montre en main, chacun de ces épisodes, il sera
bien en peine de répondre. Il semble donc que, dans les NDE comme
dans les rêves, deux temps coexistent : l'un, intérieur
au témoin, qui assure une cohérence temporelle au témoignage,
et l'autre, celui de l'horloge, dont le témoin perd la conscience.
Nous allons maintenant appliquer ces deux temps à notre modèle
d'inversion topologique et constater s'ils peuvent être en accord
avec ce modèle. Pour cela, il va nous falloir (encore !) revenir
à notre pyramide. Observons celle-ci en position
1 - comme vu plus haut - et demandons-lui de s'inverser en position
2 (cette demande est la meilleure façon d'obtenir l'inversion
!). Suivant l'entraînement de l'observateur, cette inversion peut
prendre de quelques minutes à quelques secondes. Nous définissons
ainsi un premier temps mesurable avec un chronomètre : temps
pendant lequel la pyramide ne s'inverse pas, et durant lequel l'observateur
vit, dans un monde 3D, les trois dimensions de la pyramide qu'il observe.
Mais combien de temps prend la pyramide pour s'inverser ? Comme R. Rucker
le dit au début de cet article à propos du cube de Necker,
« ce réarrangement [...] se produit si rapidement qu'il
est impossible à immobiliser ». Il s'agit bien là
d'un deuxième temps très bref, si bref d'ailleurs qu'il
n'est pas mesurable avec un chronomètre, au contraire du précédent.
Notons bien que c'est durant ce court' instant, et seulement durant
celui-ci, que l'observateur vit dans un monde à quatre dimensions
; court instant durant lequel s'opère I'inversion topologique
dont nous avons parlé plus haut, et après laquelle la
pyramide se retrouve en 3D ,mais dans la position
2. Donc, nous sommes en possession de deux temps lors de l'inversion
- le premier, mesurable avec un chronomètre, qui est le temps
d'attente pour que la pyramide s'inverse d'un monde 3D dans un autre
monde 3D. Puis un deuxième temps, très bref, qui correspond
à l'inversion proprement dite, temps trop bref pour être
mesurable et qui correspond au temps de rotation dans la quatrième
dimension spatiale.
Comment expliquer la coalescence de ces deux temps en un temps unique,
non mesurable avec un chronomètre, où tout va très
vite, c'est-à-dire le temps des témoins ? Eh bien, en
allant très vite, c'est-à-dire en diminuant le temps d'attente
pour que la pyramide s'inverse. Ce qui revient à augmenter la
fréquence de l'alternance des inversions. Nous avons déjà
vu qu'avec de l'entraînement, nous sommes maîtres de ce
temps et que c'est ce que les personnes qui ont fait du dessin arrivent
à faire très vite. Ainsi, ce temps mesurable d'attente
ou d'arrêt dans l'univers 3D diminue, jusqu'à n'être
plus mesurable. Ainsi, ce temps devient aussi bref que le temps d'inversion
dans l'univers 4D. Il y a coalescence des deux temps en un seul, et
coalescence des deux univers 3D et 4D, coalescence d'autant plus parfaite
que la fréquence d'inversion est élevée.
A ce stade de notre propos, nous allons examiner deux témoignages
pour savoir, si l'on peut dire, si nous avons encore les pieds sur terre.
Il s'agit d'abord du témoignage recueilli en 1989 d'une femme
peintre qui, à la suite d'une hémorragie interne, avait
deux de tension (Bulletin de l'IANDS n° 7) :
« Cette lumière était absolument ce qui m'est
resté de plus merveilleux et qui m'a dégoûtée
de peindre, [...] c'était désespérant de voir
cette lumière si belle qu'on ne peut rendre sur terre, [...]
c'est quand vous êtes baigné de cette vibration que vous
voyez la couleur [...]. Mais quand je voyais une couleur verte j'avais
l'impression que moi, je faisais partie du vert, mais qu'à
la fois je le voyais comme dans un miroir en vert lumineux, voyez,
je faisais partie de cette vibration du vert, c'est ça qui
est difficile à comprendre sur terre. »
Cette artiste emploie à plusieurs reprises le mot vibration
; or, à toute vibration est associée une fréquence.
En physique, la fréquence du vert a une valeur d'à peu
près un million de milliards d'alternances par seconde (1015
hertz) ; donc une valeur gigantesque. Mais aussi ce témoin affirme
qu'il faisait partie du vert (« J'avais l'impression que moi je
faisais partie du vert »), qu'il faisait partie de cette vibration.
Le témoin affirme encore : « Je le voyais comme dans un
miroir en vert lumineux. » Donc il y a inversion puisque le miroir
inverse. Mais dans ce témoignage qu'inverse-t-il ? Puisque le
témoin s'identifie au vert, et que le vert s'inverse dans le
miroir, il faut en déduire que le témoin s'inverse lui-même.
Avec quelle fréquence ? Eh bien, la fréquence du vert,
soit un million de milliards de fois par seconde. Ce qui vibre si bien,
lors des expériences proches de la mort, n'est évidemment
pas la pyramide, dont il a été assez question jusqu'à
présent, mais le témoin lui-même entre son intérieur
et son extérieur. (Pour nous, ce témoignage est une description
de ce que l'on pourrait appeler le corps de lumière.) Or, nous
avons posé comme hypothèse que la coexistence d'une chronologie
événementielle et d'un temps non mesurable dans les récits
des témoins est possible, s'il existe une fréquence d'inversion,
et si cette fréquence est élevée. Nous constaterons
que ces deux conditions sont remplies dans le témoignage cité.
Ce qu'il y a de particulier ici est que l'objet 3D observé par
l'observateur 4D est l'observateur lui-même. Le témoin
conserve le sens de la chronologie parce qu'il dispose du repère
de la fréquence, mais l'extrême valeur de celle-ci lui
donne l'impression de l'instantanéité, voire de l'absence
de temps. Notons enfin que cette interprétation permet de fournir
une vibration monochromatique nécessaire à la formation
d'un hologramme.
Le deuxième témoignage (Bulletin de l'IANDS, n°
14) concerne le trouble d'un témoin, également peintre,
à propos des surfaces :
« Je voyais autre chose que la surface de quelqu'un [...] j'avais
l'impression de pénétrer toutes ces formes [...] j'avais
des visions spatiales de tout ce qui était en surface [...].
Je ne pouvais plus supporter ce qui était en surface [...].
Il y a à l'intérieur de soi un monde gigantesque car,
bien que l'on soit limité par le corps extérieur, il
y a cet infini, à l'intérieur. »
Dans ce témoignage la coexistence de l'intérieur et de
l'extérieur est bien marquée, mais en même temps
niée, l'intérieur étant décrit comme un
infini à l'instar de l'extérieur auquel ce qualitatif
est habituellement réservé. La surface ne devient plus
le lieu où la lumière s'arrête : « J'avais
l'impression de pénétrer toutes ces formes » ; les
deux côtés de l'objet sont observés simultanément
: « j'avais des visions spatiales de tout ce qui était
en surface » (le témoin a également dû cesser
de peindre à la suite de sa NDE).
Pour nous, ces deux témoignages sont concordants : ils montrent,
chez les témoins, les interférences qui existent entre
leurs perceptions de l'intérieur et de l'extérieur de
la surface des choses (image pseudo- et orthoscopique). Ce passage d'une
face à l'autre de la surface de l'objet se faisant avec une certaine
fréquence, un modèle holographique de la conscience se
justifie. Pour ce faire, ce passage nécessite l'existence d'une
quatrième dimension spatiale.
Mais, au-delà de ces aspects de la réalité physique
des témoins, que nous avons essayé de mettre en évidence,
s'impose une autre réalité, physiologique celle-là
; réalité physiologique durant laquelle les témoins
inversent la vie et la mort. Et, d'après leurs dires, ils y éprouvent
un grand plaisir. Ce que l'auteur a ressenti en écrivant cet
article. Puisse-t-il en être ainsi pour le lecteur !
Nous n'avons pas parlé du retour des témoins. Celui-ci
est en général très bref. Notons cependant que,
d'une part, l'inversion de la pesanteur cesse, le témoin «
tombe » dans son corps physique, et que, d'autre part, l'inversion
extérieur-intérieur cesse également, c'est-à-dire
que le témoin ressent une forte souffrance et revoit son entourage
tel qu'il se présente : de face.
En conclusion, j'espère que cet article aura montré la
difficulté qu'éprouvent les témoins. En effet,
on convient assez aisément de la difficulté d'appréhender
la réalité quotidienne. Mais quand il faut, durant le
temps relativement court d'une réanimation, en saisir une autre
où tout s'inverse par rapport à la précédente,
on peut concevoir le trouble des témoins. Surtout si, pour ce
faire, il faut passer par un monde à quatre dimensions spatiales,
ou cinq dimensions spatio-temporelles, monde dans lequel la question
vient aussi vite que la réponse, et la lumière de partout.
1, Voir à ce propos le livre de M. Gardner,
L'Univers ambidextre. Ed- du Seuil. Cet ouvrage montre sur quels
a priori reposent nos notions spatio-temporelles.
2. On sait que Sabom, cardiologue, a toujours
vérifié, a posteriori, si ses patients avaient
eu une NDE, et l'exactitude des témoignages. Il a pu ainsi vérifier
que les personnes ayant eu une NDE avaient un souvenir précis
des soins qui leur avaient été apportés, au contraire
de celles qui n'en avaient pas eu.
3. Au contraire de Jung, lors de sa décorporation
rapportée plus haut, ce témoin inverse gauche et droite.
Cela peut s'interpréter par le fait que si Jung avait observé
la Méditerranée à droite de Ceylan, lors de la
décorporation, en revenant à la vie, l'habitude aidant,
il pouvait rétablir la topologie habituelle du globe terrestre.
Quant à ce témoin, il n'a pas de raison d'inverser son
observation puisqu'une piqûre ne laisse pas de cicatrice.
4. Un hologramme est un système d'interférence
de deux faisceaux monochromatiques (par exemple, faisceaux lasers) permettant
d'obtenir des images photographiques tridimensionnelles d'un objet.
A la restitution, celui-ci est donc en relief. Si l'on brise la plaque
en morceaux, celle-ci permet de restituer l'image de l'objet en entier.
5. Nous voudrions signaler ici une anomalie de
comportement des témoins après leur expérience
: un nombre extraordinaire d'entre eux deviennent végétariens.
Par exemple, parmi les 24 témoignages de IANDS-France, dont j'ai
pris connaissance, pas moins de cinq témoins le deviennent, soit
à peu près 20 %. Sans vouloir entrer dans des détails
qui n'auraient pas leur place ici, il serait peut-être intéressant
de savoir si ces expériences conduisent à des modifications
des processus biochimiques du métabolisme, comme cela a déjà
été noté par ailleurs. Une transformation de plus
?
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BONALY A., « Le Modèle holographique de Pribram prolongé
aux NDE », Bulletin de l'IANDS, n° 4, p.7.
DUTHEIL R. et B., L'Homme superlumineux, Sand, 1990, Bulletin
de l'IANDS, n) 5, p. 4.
GARDN E R M., L'Univers ambidextre. Ed. du Seuil, 1985.
IANDS, témoignage n° 11, p. 12, non publié.
IANDS, témoignage n° 7, p. 25, non publié.
IANDS, témoignage n° 14, p. 15, non publié.
JUNG C. G. Ma Vie, Gallimard, 1973.
RING K., Sur la frontière de la vie, Laffont, 1980.
RUCKER R., La Quatrième Dimension, Ed. du Seuil, 1985.
SABOM M., Souvenirs de la mort, Laffont, 1983.
SAXBY G., Hologrammes, Masson, 1984.