LA MORT TRANSFIGURÉE

Recherches sur les expériences vécues aux approches de la mort (NDE)

 

TÉMOIGNAGES

Les témoignages figurant en tête de chaque partie ont été laissés dans leur forme la plus brute possible, à partir des narrations libres recueillies dans le cadre du protocole d'enquête IANDS-France (voir annexe 2). Certains d'entre eux ont néanmoins dû être un peu contractés, ou complétés (à doses homéopathiques), pour plus de clarté, par des éléments de la partie questionnaire dirigé. Malgré ces légers écarts, je me suis efforcée de rester au plus près du récit spontané, lui conservant toutes les approximations du langage verbal, voire ses éventuelles maladresses. Il m'a semblé qu'il fallait conserver cet écart parfois extraordinaire entre l'expression du témoin et la finesse ou la complexité de la réalité perçue, qui échappe souvent largement an contexte socioculturel.
 
 

Témoignages de la première partie.

Mme F. H. est une femme d'une quarantaine d'années, actuellement très impliquée dans le mouvement de renouveau de la spiritualité. Elle organise notamment de grands colloques sur les nouvelles approches scientifiques du monde « subtil ».

Je devais avoir huit ans et demi, neuf ans et demi, et mes parents, qui vivaient à moitié en Egypte et à moitié en Europe, étaient partis cette année-là en me confiant à une tante. Elle habitait une maison au bord de la mer, près d'Alexandrie.

Un jour où nous n'avions pas le droit de nous baigner (il y avait le drapeau noir), ma copine et moi avons décidé d'aller quand même jouer sur la plage.

Nous étions en train de faire un château de sable, et nous avons voulu aller chercher un peu de sable plus mouillé. Nous sommes allées juste an bord, et comme la mer était très démontée, nous avons été emportées toutes les deux.

Je suppose qu'elle devait nager beaucoup mieux que moi, parce que nous nous sommes tenues par la main pendant très très longtemps. Après, elle m'a lâchée, elle a essayé de revenir, pendant que moi, durant des heures et des heures, je me débattais, j'avalais de l'eau. J'étais très loin du bord, je ne le voyais plus du tout, je n'arrivais pas à revenir. Je suis restée... Je ne me rendais absolument pas compte du temps, je voyais juste, quand j'arrivais à ressortir de l'eau, je voyais juste le soleil, et je me disais : « C'est loin dans la journée », surtout avec mes impressions d'enfant, je me disais : « Peut-être que si je me laisse aller, je vais arriver de l'autre côté du rivage », et j'essayais de me laisser emporter, parce que je voyais bien que je ne pouvais pas revenir. Pendant ce temps-là, j'avalais énormément d'eau, j'étais vraiment en train de me noyer, j'avais le ventre tout gonflé, mon petit deux-pièces avait craqué. Je me suis débattue pendant des heures et des heures... enfin, j'avais l'impression que ça durait des heures et des heures. J'étouffais, je savais qu'il fallait que je m'abandonne, pour mourir. Depuis le début, je savais que je pouvais mourir si je n'arrivais pas à revenir, et donc, à un moment, j'ai décidé que je n'avais plus la résistance, que je n'avais plus la force, qu'il valait mieux que j'abandonne et que j'arrête d'essayer de rester à la surface et d'avaler de l'eau. Il valait peut-être mieux que je me laisse couler et que j'abandonne... que je me laisse mourir, pour ne plus souffrir, parce que c'était très très pénible. Et là, au moment où j'ai décidé de tout lâcher, ce qui m'est apparu, c'est comme le déroulement d'un film, c'est-à-dire que j'ai vu les mauvaises actions et les bonnes actions que j'avais faites dans ma vie, quelques années avant, c'est-à-dire les moments très forts, les gens que j'aimais. J'ai vu se dérouler le film des choses importantes, tout ce que j'avais fait de bien ou de mal, les choses vraiment importantes, les trucs où je me sentais coupable, les trucs où j'étais contente de moi, des images importantes, comme un film qui se déroulait à toute vitesse. Je me voyais agir, j'étais spectatrice, et je me voyais active.

Et puis, j'ai commencé à penser à ma tante, en me disant : La pauvre, elle va se sentir très coupable, puisqu'on m'a confiée à elle, toute la vie elle va avoir cette culpabilité que je sois morte, et je me suis aussi demandée pourquoi mes parents m'avaient laissée juste cette année-là, pourquoi ils avaient emmené ma soeur et pas moi, alors que chaque année je repartais avec eux l'été. Et puis, j'essayais de me calmer, de ne pins lutter, et d'accepter le fait que j'allais mourir. Et je crois qu'à ce moment-là, lorsque j'ai vraiment réussi à me calmer, à ne plus me débattre, c'est là que j'ai vu comme un tunnel noir, comme un immense tunnel de rond de béton, dans lequel j'étais, moi ; il était noir, long, long, long, mais au bout je voyais une lumière très particulière, très intense, comme je n'en avais jamais vue. Je n'entendais pas de sons, ni de voix, ni de musique, rien du tout. Juste cette lumière très très forte dans laquelle j'arrivais.

Dans la lumière, c'était très particulier. J'avoue que je n'ai pas de souvenirs exacts, mais dans la lumière, il y avait des choses qui bougeaient, ce n'étaient pas des êtres, mais des choses étranges, je ne peux pas les décrire vraiment, ma mémoire n'est plus là. Mais je sais que dans la lumière ce n'était pas simplement une lumière, il se passait des choses. Je croyais que c'était la fin, j'avais l'impression que j 'arrivais dans un endroit de paix, de calme, et que cette lumière intense, là, allait enfin pouvoir m'apaiser. Et j'avais aussi l'impression que je pouvais aller encore plus loin. Mais à ce moment je suis sortie, et là j'ai vu ce qui se produisait dans le réel, en bas. C'est comme si j'avais été sortie de la mer, dans le ciel, en l'air. Je regardais en bas et j'ai vu une image vraiment étrange : j'ai vu des hommes qui se donnaient la main, et le dernier se détachait, je ne comprenais pas ce que c'était, je ne comprenais pas ce qui m'arrivait, je ne savais vraiment pas où j'en étais, mais je me disais que j'étais vraiment près de mourir. Et tout à coup, je crois que j'ai perdu connaissance. Je ne me rappelle plus du tout ce qui est arrivé à ce moment-là. Je sais seulement que je me sais réveillée sur une plage, avec le ventre gonflé, énorme, avec plein de gens autour de moi, et quelqu'un qui me pressait sur le ventre et me faisait la respiration artificielle.

Deux ou trois jours plus tard, j'ai dit à ma tante : « Il me semble que j'ai vu mon sauvetage, il me semblé que j'ai vu des hommes qui se donnaient la main, et puis un dernier qui s'est détaché. » Elle m'a dit :

« Mais non, tu es complètement folle, je suppose qu'on te l'a raconté. » J'ai répondu : « Pourquoi, qu'est-ce qui s'est passé ? - Effectivement, il y avait des hommes qui s'entraînaient pour le marathon... ils avaient tous de l'huile sur eux, et quand ta cousine qui, elle, t'a lâché la mais est revenue, au bout de 4 heures, elle a pu dire que tu étais encore dans l'eau, et ces personnes-là se sont rassemblées, la mer était tellement démontée qu'ils ont dû faire une chaîne. Le dernier, effectivement, a lâché les autres et a nagé, il t'a trouvée, t'a donné un coup sur la tête parce que tu te débattais dans tous les sens, et il t'a ramenée calmement. Tu as dû rester dans l'eau 9 ou 10 heures, puisque tu es partie depuis le matin 9 heures, et on t'a retrouvée à 18 heures. »

Mais quand elle m'a dit que j'étais folle, alors que moi j'étais bien sûre d'avoir vu ça, que personne ne me l'avait raconté, je me suis dit :

« Bon, eh bien il ne faut pas que j'en parle. Si elle me prend pour une folle, personne ne va me croire ». De toute façon, c'est vrai que j'étais dans un tel état que j'ai pu imaginer. Et je n'en ai plus reparlé pratiquement pendant une trentaine d'années, ou plus. Je n'en ai plus reparlé à qui que ce soit. Et puis, il y a quelques années, j'ai lu un livre de Moody qui parlait de ce genre d'expérience, et je me suis dit : « Je ne suis donc pas folle, j'ai vécu ça, j'ai vu ça, je ne suis pas folle, il m'est vraiment arrivé quelque chose de ce genre. » Et là, j'ai osé en parler pour la première fois. Mais cette fois encore j'ai vu que les personnes avaient des doutes ; et je me suis tue, je n'en ai plus reparlé. C'est tout à fait dernièrement que j'ai lu La Source noire, et j'ai vu qu'il y avait 8 millions d'Américains qui avaient vécu ce genre d'expérience, que ce n'était pas quelque chose d'exceptionnel, on peut vivre cela simplement par une anesthésie, que c'était quelque chose qui pouvait se produire, et que, donc, ce qui m'était arrivé était une expérience possible.

Il y a donc très peu de temps, maintenant, que je peux en parler.


Mme P. V., secrétaire à la retraite, est très active, mène des activités bénévoles et fait partie d'une association de radiesthésistes. Elle ne considère pas avoir changé à la suite de son expérience, ayant toujours eu, selon elle, le même caractère. Toute jeune, on l'avait surnommée « la petite religieuse ». Pourtant ses croyances actuelles peuvent paraître très modérées relativement à d'autres témoins : elle n'a pas peur de la mort, mais n'en a jamais eu peur, la mort est simplement la fin de notre vie terrestre ; elle ne sait pas s'il existe une âme ; la vie éternelle est liée à notre procréation ; il y a des réalités à découvrir... Son expérience lui est arrivée durant l'été 1942, à 17 ans, en Tunisie :

Je revenais de la plage, mes pieds étaient mouillés et nous devions traverser un chemin de fer électrifié. J'ai posé un pied sur le premier rail et, sans le quitter, mon autre pied sur le second. J'ai ressenti aussitôt une vive brûlure envahissant peu à peu tout mon corps d'un pied à l'autre, J'avais l'impression d'être dans un four, que mon corps fondait. Je me suis alors sentie soulevée horizontalement, comme sur un coussin, bercée par des bras. Cette élévation s'est faite dans un nuage coloré, pastel, an milieu de chants et de musiques extraordinaires. C'était un choeur de voix inconnues, que je n'aurais pu attribuer à des hommes ou à des femmes. Je suis arrivée dans un univers lumineux, aux couleurs fondues, très douces, brillant mais non éblouissant. J'étais dans la lumière comme si j'avais été moi-même lumière. Je me laissais aller dans ce bien-être inoubliable. C'était superbe, ça ne peut pas se décrire, magnifique, angélique; une autre réalité, celle de l'esprit ou de l'âme.

Mais je devais être à 300-400 mètres du sol et je voyais tout : j'étais recroquevillée entre les rails, la tête repliée au milieu des jambes, comme un foetus, de couleur violet-noir. Ma mère, qui m'accompagnait, revenait vers moi, taudis que les Tunisiens, qui accouraient avec de grandes perches, lui criaient : « Ne la touche pas ! » J'ai voulu mettre ma mère en garde, l'arrêter de ma main, mais j'étais paralysée. J'ai alors pensé que j'étais morte.

Comme ma mère continuait à s'approcher, j'ai compris qu'elle allait quand même tenter de me venir en aide. Alors, malgré mon bien-être, et les bras qui me tenaient, j'ai réussi, an prix d'un effort surhumain, à m'en dégager. J'ai fait une plongée verticale, comme tirée par un élastique. J'ai eu du mal à retrouver mon volume dans mon corps, mais j'y suis rentrée et me suis dépliée. Je ne sentais plus mes jambes et ma voix avait disparu.

Les Tunisiens se sont mis en prière et ont engagé ma mère à en faire autant.

Le médecin a dit : « Il faudrait vérifier si elle n'a pas fait sauter la centrale ». Ce que mon frère fit le lendemain.

Première partie

Retour à l'index


Témoignage de la deuxième partie.

M. R. R., au moment de son expérience, à l'âge de 57 ans, était directeur d'une petite entreprise de fabrication de boyaux. Il était, en termes professionnels, « boyaudier » et se fournissait auprès des abattoirs de Lyon- En mars-avril 1992, il a fait trois infarctus et a vécu comme un calvaire son mois passé à l'hôpital. Il dit qu'il a maintenant une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête et se demande comment cet illustre prédécesseur a terminé sa vie. Car il n'a, heureusement, pas perdu le sens de l'humour ni sa vivacité d'esprit. M.R.R., en 1981, dut subir une opération à coeur ouvert en circulation extra-corporelle. Il précise régulièrement : " Je n'avais jamais vu auparavant de bloc opératoire, et je suis entré et sorti inconscient de celui où l'on m'a opéré. " Cette remarque est très importante.

J'ai donc attendu fort longtemps, dans la rotonde et dans le froid, voyant défiler le spectacle horrible des opérés, qu'on me fasse les piqûres pré-opératoires. Je me suis réveillé en réanimation, Pendant deux jours, j'ai été incapable de soulever les paupières, je ne voyais strictement rien. C'est au bout de quelques jours que le souvenir du bloc m'est revenu :

J'ai fait une sortie instantanée de mon corps et me suis retrouvé dans une sorte d'antichambre de la mort. Je ne vois pas d'autre mot pour désigner cet espace. J'étais moi-même un nuage immatériel, un pur esprit, une pensée. J'étais bien, heureux, sans besoin de respirer, en apesanteur, ne désirant rien. Et j'attendais une décision,

Je me suis alors demandé où se trouvait ma voiture (mon corps) et me suis retrouvé aussitôt au plafond, voyant une douzaine de nuques. Il y avait mon corps, recouvert par les draps, caché par les nuques. Mon attention a été attirée par un individu, assis sur une chaise, ayant l'air de s'ennuyer. Il était devant une machine horizontale, surveillant des cadrans. Je voyais un bras avec une roulette au bout, qui tournait. Du corps, sur la table d'opération, sortait un tuyau qui partait vers cette machine. Un autre en sortait. Je me suis dit : « Tiens, on dirait une parmentière ! » La parmentière est une machine industrielle qui sert à éplucher les patates. Ce qui m'ennuie, c'est de penser que là, même parti en fumée, évaporé, je continuais à penser en boyaudier ! J'espère qu'il ne faudra pas continuer à travailler de l'autre côté !

Puis, je suis reparti dans mon tunnel-antichambre. Pas de paroi, le vide, rien de matériel, un passage dans une autre dimension. Il y avait deux sorties pour ce tunnel, l'une vers le monde matériel, l'autre, en contrebas, vers une autre dimension, autre chose, d'où personne n'est jamais revenu.

Cela appartient à l'inimaginable pour ceux qui ne l'ont pas vécu. J'ai été balancé dans une situation incroyable, vécue finalement de façon totalement passive. Rien ne dépendait de moi et rien ne m'inquiétait. La décision était en train de se prendre. Elle relevait d'une volonté inflexible, inutile de marchander ! Qui a pris la décision ? Je le saurai quand je serai mort. Mon dossier n'était-il pas à jour ? J'ai l'impression qu'on m'a signifié : Continuez à en baver encore un peu ! Je devais retourner et je n'étais pas heureux du tout de devoir recommencer à respirer !

J'ai eu en tout 17 opérations et une seule expérience comme celle-là, lors de l'intervention à coeur ouvert. Je pense que cela s'est produit au moment du débranchement-rebranchement de la machine.

Ce qui est terrible, c'est de vouloir en parler avec des médecins, des anesthésistes. Je me suis lié à l'un d'eux, mais il m'a grondé : « Vous êtes drogué, même l'air que vous respirez n'est pas naturel ! » On vous prend pour un fou. Je n'ai pas insisté parce que je me suis dit : Un de ces quatre matins, Ils vont m'envoyer chez le psychiatre!

J'avais parlé de ce que j'avais vu à une infirmière avec qui j'avais sympathisé. Mais elle niait tout, me disant que toutes ces machines sont verticales, comme les ordinateurs. Sur une émission d'Antenne 2, à la télévision, j'ai guetté : la machine était effectivement verticale. Et puis, il y a deux/trois ans, la télévision régionale lyonnaise a retransmis une première coeur-poumons. Et qu'est-ce que j'ai vu ? La même machine que la mienne, la parmentière, l'horizontale ! Je me suis informé ; à l'époque il n'y avait qu'un seul bloc équipé avec celle-ci. L'infirmière pouvait ne pas le savoir.

Ce jour a été très important pour moi. Je tenais enfin un os. J'avais la preuve que je n'avais pas rêvé. Maintenant, le médecin qui me tapote encore la joue avec condescendance, en me disant que ce sont les drogues, je ne le laisserai pas faire. Je sens que je vais me fâcher.

Il y a une évolution. Aujourd'hui les mêmes personnes disent : « Ah oui, on en parle ! » Ils sont intéressés, mais réticents. Ils admettent qu'il se passe quelque chose, mais ne cherchent pas les détails. Ils ne dominent pas le sujet, quelque chose leur échappe. Je crois qu'il leur faudra encore longtemps

Mes valeurs ont changé, celles pour lesquelles je me serais battu n'ont plus d'importance. Avant, j'étais trop impliqué dans les affaires. Gagner sa biscotte, ce n'est pas ça la vie. Pourtant, c'est une nécessité, et ça vous évite de trop réfléchir. Les vraies valeurs, c'est essayer de se connaître les uns les autres. Si on savait, on pourrait aider de plus en plus les gens isolés.

J'ai été élevé dans la religion catholique, mais il n'y a rien de religieux dans la NDE. Vous me faites plus plaisir, avec votre approche, que Moody qui semble avoir catalysé les expériences religieuses.

Je n'ai plus peur de la mort. On continue sous une autre forme, totalement inconcevable. Quant à connaître la suite, je ne pense pas que ce soit permis à aucune élite, aucun homme d'aucune église. Il faut faire le voyage de l'autre côté pour savoir. Et je ne vois pas pourquoi de l'autre côté on viendrait gesticuler, attirer l'attention sur ce qui s'y passe ! Ça n'a rien à voir.

Ce serait comme un poisson vivant au fond de la mer qui parlerait de ce qui se passe en haut de I'Himalaya ! Et encore, là, c'est matériel des deux côtés !

Alors que la différence est incroyable. Là, tout à coup, le temps ne compte plus, ce n'est plus une mesure. La pesanteur n'existe plus. La pensée est un moteur qui vous déplace. C'est dingue !

Après, on ne pense plus qu'à ça. C'est une expérience après laquelle on ne peut plus échapper à cette certitude : la mort n'est pas une fin totale. L'âme, c'est quelque chose qui est en nous et ne meurt pas. Comme le rayon lumineux qui continue son chemin dans l'espace, même si sa source est éteinte...

Deuxième partie

Retour à l'index


Témoignage de la troisième partie.

Mme J. M. est une femme à la belle quarantaine, élégante, mère de quatre enfants, mariée à un professeur enseignant à la faculté de pharmacie. Elle a occupé des fonctions d'attachée de presse, développé des activités artistiques et créatrices dans différents domaines. Elle attribue ce qu'elle appelle ses dons d'intuition, d'entreprise, de créativité à celle expérience vécue il y a de nombreuses années.

C'est une opération chirurgicale qui a eu lieu en 1962, j'avais alors 17 ans. Et ça se passait au fin fond de l'Afrique, je veux dire en Guinée.

J'ai eu des manifestations banales de... crise d'appendicite. J'ai donc été hospitalisée à l'hôpital F., qui était un hôpital américain, à 80 km de notre domicile, et dans cet hôpital il n'y avait pas vraiment les moyens que l'on trouve dans nos cliniques, en France, et notamment à Paris pour pratiquer ce genre d'opération. C'était déjà une aventure que de se rendre à cet hôpital en crise aiguë, avec fièvre, vomissements...

Nous avons dû faire 80 km en jeep, dans la brousse, dans la poussière rouge du pays ; je suis arrivée à l'hôpital F. en urgence et j'ai rencontré un docteur qui n'avait pas vraiment de qualification de chirurgien, qui m'a opérée dans des conditions tout à fait précaires ; mais l'opération s'est bien passée, et le lendemain je suis rentrée.

Et puis la fièvre est apparue, une fièvre importante, avec vomissements, nausées, et nous avons cru à une crise de paludisme, puisque j'étais sujette à cette maladie bien connue dans ces pays-là ; on a fait venir une personne que nous connaissions bien, un médecin de famille, qui a décidé de mon hospitalisation immédiate, dans sa « micro-clinique » où il avait à peu près quatre ou cinq chambres.

Lorsque je suis arrivée, j'étais en pays de connaissance, et donc pas inquiète du tout. On a décidé de pratiquer une incision au niveau de la cicatrisation qui se faisait mal ; on a percé l'abcès, tout ça sans anesthésie, si ce n'est une anesthésie assez curieuse qui fait bondir les médecins quand je leur en parle, c'est-à-dire une anesthésie au Kélène, un produit réfrigérant qui a pour action de diminuer ou même... je dirais presque d'inhiber la douleur par le froid : j'ai « dégusté » ! J'avais un torchon qu'on avait complètement noué et qu'on m'avait mis entre les dents. Ç'a été une intervention très très pénible, J'ai perdu une première fois connaissance, puis, quand je me suis réveillée, je n'étais pas bien du tout. Mes parents étaient à côté de moi. Mme E., l'épouse du médecin, est venue deux ou trois fois prendre de mes nouvelles, mais tout lui semblait aller bien.

Une demi-heure à trois quarts d'heure plus tard, j'ai fait une chute de tension importante.

C'est à ce moment-là que j'ai eu des impressions très étranges. En dehors bien entendu de la douleur intense, épouvantable, puisqu'on avait percé un abcès lui-même épouvantable, dans une odeur de putréfaction qui' me reste encore à l'esprit. Cette première impression, c'est une impression bien évidemment d'angoisse, avec tremblements, froid intense, et, après avoir ressenti quelque brouillard au niveau de la vision, une espèce d'impression de chute libre... mais c'est curieux, quand on dit « chute libre », on a l'impression de tomber vers le bas, non, là ce n'était pas ça, c'était une chute libre vers l'au-delà ; et j'en avais parfaitement conscience.

Alors, à partir de là, j'ai commencé à m'agite, on a fait sortir mes parents, et mon père seul est resté à mon chevet. Les manifestations de ces signes absolument extraordinaires se sont alors précisées ; en dehors du fait que j'avais littéralement l'impression d'étouffer, d'être plongée dans l'eau et de ne plus pouvoir respirer, j'avais le sentiment, l'impression réelle de m'en aller, que le coeur lâchait et que je m'en allais, une sensation de mort imminente, que l'on pourrait expliquer par un phénomène d'angoisse, par des problèmes de tension, etc., je n'en sais rien, je laisse aux médecins le soin de juger.

Et puis, j'ai parcouru un chemin invraisemblable, j'ai continué cette espèce de chute, et je me suis retrouvée tout d'un coup dans un état de béatitude difficile à expliquer, comme quelqu'un qui serait plongé dans l'eau et qui tout d'un coup se sentirait extrêmement léger, bien, évidemment, mais en même temps, qui pourrait respirer sous l'eau ; c'était absolument extraordinaire; et j'avais l'impression d'un détachement total de la scène qui se déroulait sous mes yeux. Parce que, en fait, à partir de là, je me suis sentie un petit peu étrangère à ce corps, que j'observais, euh, à trois mètres au-dessus, c'est-à-dire comme si j'étais au plafond de cette chambre ; et j'observais la scène sans aucune manifestation émotive, complètement détachée, j'avais l'impression d'une séparation de l'esprit et du corps. J'étais libérée de ce corps et je trouvais cela formidable. J'étais comme un cavalier tombé de son cheval, un esprit uniquement, quelque chose capable de penser, voir, entendre. Je raisonnais avec une grande logique, mais j'étais détachée de toute émotion. Je n'avais plus du tout conscience du temps. J'étais à la fois en bas et en haut, en fait partout à la fois. Je traversais les murs.

J'avais un regard de spectateur sur la scène qui se déroulait, mais qui m'avait l'air extrêmement tragique. Je voyais mon père, après que le Dr E. lui eut expliqué que... les choses se compliquaient pour moi, mon père qui faisait des efforts désespérés parce que ma mère était rentrée dans la chambre. Il n'y avait plus moyen de la tenir, ni de la calmer, je voyais mon père lui expliquer que tout, tout allait très bien ; et c'est à ce moment-là que j'ai le souvenir précis : alors qu'il savait, puisque Mme E. lui avait dit que j'étais tombée dans le coma, mon père a ouvert, pour rassurer ma mère, un livre, c'était un Art et décoration, et il tournait les pages en faisant comme si... Je lisais avec lui, pour la rassurer; il a même été jusqu'à prendre un verre d'eau, il y avait un peu de vin, un peu d'eau, et il a essayé de me faire boire, évidemment ça a coulé partout. Et je me disais : « Mais ça paraît complètement invraisemblable, mais qu'est-ce qu'il est en train de faire ? Il est en train de me faire boire, il y en a partout, et en fait je n'y suis plus . » La scène me semblait ridicule, à la limite elle devenait pratiquement comique pour moi, et je n'avais pas le sentiment que l'on peut éprouver pour ses parents. En d'autres termes, j'aurais pu penser : « Oui, mon père est inquiet », et là où j'aurais dû être terriblement affectée par cette situation... à la limite je souriais.

Tous ces souvenirs sont précis. J'ai observé cette chambre qui me semblait plutôt sale, avec des murs verts, mal repeints, de ces chaises avec des, des... bouts de plastique déchirés, avec une infirmière africaine qui était en tenue euh... folklorique... Donc, je me sentais sous l'eau, très très clairement, cette impression de flotter sous l'eau et de remonter à la surface vers une espèce de lumière complètement étrange et inconnue, je la retrouve chaque fois que je vois des projections, à la télévision, d'immersions de ces appareils sous-marins, que l'on remonte parmi ces bulles, et on revoit cette lumière à la surface de l'eau. C'est un petit peu cette lumière-là qui m'attirait, parce que, lorsque je parle de chute, en fait c'est une espèce de remontée; bon, et je me sentais très très bien, évidemment.

A partir de ce moment, je ne sais pour quelle raison, je me suis trouvée, non plus dans la salle où se passait, où se déroulait cette scène dramatique... en fait pour mes parents, j'imagine, moi, en tant que mère, ce que ressentaient mes parents... donc, je me suis retrouvée curieusement deux étages au-dessus, j'avais envie de taper sur l'épaule de Mme E. en lui disant : « Écoutez, en bas, il y a quelque chose qui se passe ». Elle était en robe de chambre, je ne peux absolument pas vous dire si c'était le matin ou le soir, niais elle était en robe de chambre, elle avait des bigoudis sur la tête, et elle retirait ses bigoudis avec une espèce de, de, d'urgence; elle s'est précipitée et est redescendue... dans la chambre où je me trouvais, parce que je me trouvais à la fois là-haut, en bas, partout, dans toute la clinique, je me promenais connue... voilà. Et là... elle a usé de son autorité pour faire sortir mes parents, et il me semble, d'après les souvenirs que j'ai, qu'elle a sorti une espèce d'aiguille qui m'a semblé extrêmement longue et grande, et qu'elle a pratiqué une piqûre intracardiaque.

Pendant longtemps, je n'ai pas parlé de cette chose à mes parents, puisqu'il n'y avait pas de témoin. Mme E. était seule à mon chevet. Elle a dit clairement à mon père qu'il y avait eu arrêt cardiaque.

Le temps qui s'était écoulé, ça je ne pourrais pas vous le dire - cela a peut-être duré dix minutes, un quart d'heure, peut-être une heure. J'avais perdu la notion du temps. La seule chose que je peux vous dire, c'est que, lorsqu'elle a pratiqué cette piqûre, elle s'y est prise à deux fois, et j'ai ressenti une douleur épouvantable, mais alors épouvantable, je me débattais pour ne pas réintégrer ce corps que je trouvais vraiment, comme un papier d'emballage, bon à jeter.

Voilà, c'est ce que je peux vous dire, d'une façon très spontanée, et très détachée, parce que je vois ça un petit peu avec du recul, ces faits précis qui me reviennent à propos de cette expérience vécue. Voilà.

Après cette expérience j'ai eu l'impression d'être une entité qui a passé un cap, qui a effectué une sorte de stage, qui s'est ressourcée à une espèce de système que certains appelleront Dieu. Je suis revenue avec une vision de la vie totalement différente. On ne peut plus avoir peur de la mort. On a un regard tout à fait particulier sur ses contemporains, On revient de ce voyage avec un bagage rempli de dons extraordinaires.

Une fois rétablie, j'ai raconté mon expérience à mes parents et leur réaction a été très négative, du genre : « C'est du délire, tu as rêvé. » J'ai donc bloqué. Quelques années plus tard, j'en ai reparlé avec un membre de ma famille, chirurgien, pour lui demander s'il ne restait pas un peu au chevet du malade lorsqu'il y avait, comme il avait usage de dire, « de la casse ». Il a ri et sa réaction était somme toute logique. Il m'a dit : « C'est très schizophrénique. » J'ai donc fait un nouveau trait dessus. Je n'ai pu en reparler qu'avec mon mari qui m'a semblé tout à fait intéressé par cette expérience. Mais c'est quand une amie m'a apporté La Source noire que je me suis déculpabilisée.

Troisième partie

Retour à l'index


Témoignage de la quatrième partie.

Mme H.M. avait vingt-huit ans lors de son expérience. Elle est secrétaire médicale.

C'est arrivé le 23 juin 1954. Une fausse couche m'a déclenché une hémorragie toute la nuit. J'étais effrayée, je sentais que je perdais mon sang. Le matin, quand le médecin est venu, je sentais que je partais, J'étais très consciente, mais déjà détachée des choses affectives. Je me rappelle, c'est moi qui ai dit au médecin, que je connaissais bien : « Je crois qu'il faut m'emmener vite », sous-entendu « il est temps, je suis près de mourir. » Déjà, je n'avais plus très peur, alors que dans la nuit, au début... J'avais alors un petit garçon de quatre ans, et j'ai dit: « Surtout, il ne faut pas qu'il me voie partir dans cet état. »

J'ai donc demandé à une voisine de le prendre, de mettre sa radio très fort pour qu'il ne me voie pas passer. On était très mal logés à l'époque, et il a fallu me descendre sur un brancard ; on m'a ficelée pour arriver à me descendre debout dans l'escalier, c'était comme un escalier de bateau. Et déjà, j'étais si mal que je m'évanouissais ; je revenais à moi et je m'évanouissais à nouveau. On est arrivés dans la rue, on m'a mise dans l'ambulance, j'ai juste entendu l'ambulancier dire à mon mari : « Allez chercher beaucoup de serviettes de toilette mouillées, pour qu'on arrive à la garder vivante jusqu'à l'hôpital ! » Moi, je n'avais déjà plus peur de la mort.

A l'époque, mon mari était encore étudiant, on avait la chance d'avoir un camarade qui était chef à la maternité, on m'y a donc emmenée. Je n'avais plus aucun regret de quitter mon mari, ni de mourir, ni de quitter mon enfant, alors que j'étais, comme beaucoup de mères, très attachée à mon petit. Je demandais même qu'on me laisse, je me sentais très très bien, tout en étant tout à fait consciente. On m'avait mis le tensiomètre, j'ai demandé à l'infirmière combien j'avais, elle m'a dit : « Cinq. » Je redemande quelque temps après combien j'ai, elle me dit : « Quatre- » On m'a déshabillée, et je leur disais : « Laissez-moi», je ne voulais pas qu'ils me mettent la chemise de nuit de l'hôpital, parce qu'ils m'enlevaient cet état où je me sentais si bien. Là, je voyais tout. Et puis, à partir du moment où j'ai eu 4 de tension, j'ai dû perdre conscience, je ne voyais plus les gens. C'est à ce moment-là que je me suis sentie devenir extrêmement légère, très très très légère, et si je me suis envolée, je n'ai pas eu le sentiment, comme racontent certaines personnes, de me voir sur le lit, mais je m'élevais...

Et je m'élevais dans un tunnel infini, qui était au centre d'une extrême blancheur, dune luminosité inhumaine, pas traduisible en termes humains - et très bleu de chaque côté. Et je montais, montais, montais, comme si j'étais sur un tapis d'ouate, je n'avais plus du tout de poids. J'étais légère, j'étais très très bien. En fait, c'est tout ce que je peux raconter... « Alors, combien de temps a duré cette élévation, je ne peux le dire. Ce que je peux dire, c'est que lorsque j'étais dans ce tunnel je ne voyais plus personne. Je n'étais que sérénité, bien-être et douceur. Je n'ai pas vu de personnage au bout du tunnel, c'était l'infini. Les éléments les plus étranges étaient le tunnel et la lumière. Une lumière générale, pas précise... d'une très très grande intensité. Comme si une pièce était illuminée par ses murs. Il n'y avait pas de lampe, Cette luminosité venait de la matière elle-même ! En particulier, le chemin blanc et bleu, de chaque côté.

J'avais l'impression de pénétrer dans un autre monde.

J'étais une autre personnalité, dans le sens où il n'y avait plus d'inquiétude. Donc, j'étais une autre personnalité, puisque je quittais toutes les difficultés humaines.

Là où j'étais, je n'avais plus du tout envie de redescendre, puisque je n'avais plus peur de la mort et que je n'appartenais plus à la vie.

On a dû me soigner, me faire des transfusions, et je suis revenue. C'est là où ce fut très dur, parce que je me sentais devenir lourde, comme du plomb, et que je ne voulais pas... C'était très pénible. En reprenant cette lourdeur, qui était très désagréable, je reprenais conscience. Et après cette lourdeur, tous les sentiments humains me sont retombés dessus. J'ai eu peur d'avoir risqué de mourir. A ce moment-là, j'ai pensé à mon fils, à mon mari, et puis tout m'est retombé dessus, comme ça. Ce n'était pas agréable après ce que je venais de vivre. Je me suis réveillée en pleurant, je pleurais, je pleurais, je pleurais, et j'étais extrêmement sensible, j'avais du chagrin.

Je n'ai pas tellement de choses à raconter, contrairement à beaucoup de témoignages que j'ai entendus...

Contrairement aussi à ce que j'ai entendu raconter, ça n'a pas changé ma vie. Je sais que beaucoup n'ont plus peur de la mort, ce n'est pas du tout mon cas. J'ai toujours aussi peur de la mort. C'est une expérience ponctuelle, je n'ai pas assimilé ce que j'ai vécu.

Je pense que toutes les morts ne se ressemblent pas. C'est vrai que dans certains cas il y a des morts qui ont été très bien. Une fois, à la télévision, j'ai entendu une femme dire : « Je n'ai plus jamais peur de la mort ! » Là, je trouve que c'est un petit peu facile et trompeur, car je ne crois pas que cela soit vrai.

J'ai pensé en revanche que beaucoup de soldats sur le champ de bataille... qui mouraient à force de perdre du sang devaient finir comme ça. Moi, je me suis dit que je n'étais pas morte, que j'étais... j'étais au seuil de la mort, mais je n'ai pas passé le seuil ; peut-être que si j'avais passé le seuil il y aurait eu un grand voile noir. Donc, je n'étais pas morte. Pourtant je me souviens que, quand je sais revenue à moi, il y avait des médecins, des infirmières. Quelque temps après, une fille de salle essuyait des assiettes, et elle me regardait...

Quand j'ai pu parler, je lui ai demandé: « Pourquoi venez-vous me regarder tout le temps, comme ça ? » Elle m'a dit : « Je n'ai jamais vu quelqu'un avoir autant l'air d'une morte revenir à la vie. » Je devais donc vraiment avoir l'air d'une morte, mais je ne l'étais pas. C'est un seuil, mais je ne pense pas que j'étais morte. C'est comme ça que j'interprète les choses...

Quatrième partie

Retour à l'index


Témoignage de la cinquième partie.

Mme H. B. est une charmante dame d'environ soixante ans, qui aime à partager son expérience et fait passer toute son émotion revécue en la racontant. Elle nous a distribué, au président et à moi-même, de petits poèmes, et je sais qu'elle en donne également aux curés.

Il y a trente-neuf ans (c'était en 1950, le 29 août 1950), j'habitais D., dans la gendarmerie. Mon mari était gendarme. Dans la journée, je suis allée au marché, comme d'habitude, et au retour je me suis sentie mal, j'ai eu comme un grand coup de poing au ventre. Le docteur est arrivé à 5 heures. Quand il a vu l'état dans lequel j'étais, il a dit au planton de la gendarmerie : « Cette dame a tous les symptômes d'une grossesse rompue. Je ne peux plus rien faire, il n'y a que le chirurgien qui puisse la soulager, c'est très grave. »

Je ne suis arrivée à l'hôpital qu'à 8 heures du soir. Quand le chirurgien m'a auscultée, il a dit : « Elle est inopérable sans transfusion. On va attendre que les transfusions se fassent. » J'avais perdu trop de sang, j'étais comme froid ;, le sang a eu du mal à passer, je bouchais les aiguilles. Finalement, vers 11 heures du soir, on m'a anesthésiée et je suis partie vers la table d'opération.

Mais là, sur la table d'opération - il n'y avait pas longtemps que j'étais endormie -, je me suis retrouvée au plafond, au-dessus de mon corps, et je voyais tout ce qui se faisait, j'entendais tout. J'ai même vu le scalpel qui faisait l'entaille sur le ventre, j'avais le ventre tout bleu.

Je voyais partout, même à travers le chirurgien. On voit tout. Je me demandais même si les pensées, on ne les entendait pas. Parce qu'on ne sait plus, on se demande si c'est la parole que l'on entend ou simplement les pensées des gens, de la télépathie.

Le docteur a dit : « Oh, elle devait souffrir, elle a un kyste sur l'ovaire gauche qui est assez important, elle devait souffrir, cette gamine. » Il m'appelait la gamine car je pesais 37 kg. Et puis, au bout d'un moment, le docteur a dit : « La jeune mariée, elle s'en va, son coeur s'arrête. » Alors, le chirurgien, qui était très occupé, a dit : « Je m'excuse, mais je ne peux pas interrompre mon travail. » Il a continué, et c'est à ce moment que je me suis sentie partir. Je me suis sentie partir les pieds en avant. Et je me suis rappelé mon grand-père qui disait, quand il était en colère après quelqu'un, pour se défouler : « Tu t'en iras les pieds devant, tu t'en iras les pieds devant, comme les autres ! » [Elle chantonne cette phrase.] Alors je me suis retrouvée dans un tunnel. Mais je n'étais jamais seule, il y avait du monde autour de moi, et on m'encourageait. On m'encourageait presque... j'étais un peu comme euh... comme dans un ascenseur, mais en même temps comme le maillot jaune du Tour de France, qui passe et qu'on acclame. Et j'entendais de la musique dans ce tunnel, une musique un peu comme les baleines qui chantent en mer, une musique douce comme ça... Et puis est venue une musique plus belle. J'ai aperçu la lumière blanche qui arrivait. Soi-même, on ne se voit pas, mais je voyais des boules lumineuses, blanches, un blanc un peu phosphorescent, un rayon brillanté... Quand je me suis retrouvée devant cette lumière blanche, j'ai vu défiler mon passé, ma courte vie, j'ai vu la colère que j'ai eue, à l'âge de cinq ans, quand je suis rentrée à l'orphelinat, et que j'ai crié « Ma robe rouge ! », parce que ma mère m'avait fait une robe rouge en laine avec un fil de soie et qu'à l'orphelinat on ne mettait pas de rouge. Alors on me l'a arrachée, je sentais que cette robe rouge, je ne la reverrais jamais et je hurlais « Ma robe rouge ! Ma robe rouge ! » Trois personnes étaient après moi pour me l'arracher, je donnais des coups de pied, je me roulais au sol de colère. Et j'ai vu cette autre scène à sept ou huit ans, quand on m'avait traitée d'orpheline, et que je ne savais pas ce que cela voulait dire. J'ai jeté un jouet à la tête d'un enfant que j'ai failli blesser, et c'est pourquoi, longtemps, j'ai eu le regret d'avoir fait mal inconsciemment. Depuis, je ne crois pas que quelqu'un puisse se plaindre que je lui aie fait du mal.

J'ai trouvé que c'était très beau ; on n'est pas jugé. On comprend qu'on a un but sur terre ; qu'on doit aimer ; qu'on doit construire. Et alors, au bout d'un certain temps, je me suis trouvée devant mon père. J'ai atterri dans un bal, un concert champêtre, et mon père était devant moi. Mon père, j'avais trois ans quand il est décédé, je n'avais aucun souvenir de lui. Pourtant, j'ai su que c'était mon père, et je me suis trouvé une présence d'esprit incroyable, je lui ai dit : « Tu vois, papa, je suis morte comme toi à vingt-six ans », et il m'a répondu : « Non, ma fille, c'est un court entracte, tu retournes sur terre, tu n'as pas accompli ta mission. Alors, il m'a dit : « Qu'as-tu regretté sur terre ? » Je dis :

« J'aurais voulu être maman pour avoir quelqu'un à aimer parce que je suis seule sur terre, que je n'ai pas de famille. » Alors il m'a dit : « Tu recommenceras cette expérience, ça sera encore dur, je te préviens, mais tu la réussiras. » Alors, à ce moment-là, il m'a repoussée ; j'ai demandé à voir ma mère mais je ne l'ai pas vue. J'ai compris qu'elle devait jouer du piano, ou du violon dans l'orchestre. Quand il m'a repoussée, je me suis vite retrouvée dans mon corps. J'ai aperçu les agrafes sur ma couture, et j'ai senti une piqûre. Le docteur a dit : « Oh, c'est gentil, on la sauve et, pour nous remercier, elle fait la grimace. » Le lendemain, j'ai revu le chirurgien, et on a discuté. J'ai raconté mon opération. Moi qui étais timide, je lui ai demandé de me donner le détail de mon opération par écrit, et il me l'a promis. Il a tenu sa promesse. J'ai, en détail, tous les stades de mon opération, et il m'a même donné l'original de l'ordonnance du médecin qui m'avait envoyée. J'ai trouvé ça formidable, et j'ai toujours gardé ce papier, me disant que c'était une preuve, que je n'ai pas rêvé, et que c'est vraiment une chose exceptionnelle.

Alors, moi, je trouve que le départ de la terre se fait dans la joie, contrairement à la naissance, qui se fait en pleurant. Et on a autant d'aides et de guides pour nous surveiller, nous conseiller. Les guides, ce sont les gens qui se trouvent autour de vous, comme à la naissance vous avez une sage-femme, des parents qui vous attendent. Là, c'est pareil. Vous avez quelqu'un qui vous aide et qui vous guide, qui vous fait suivre le chemin qu'on doit prendre, et on se sent monter, porté, aimé même, beaucoup plus qu'à la naissance. A la naissance, on est tout petit, on est perdu, on a absolument besoin des autres, mais, là, on garde sa conscience, et une conscience avec une lucidité incroyable. Vous voyez, je me rappelle, tout au long de ce parcours, je voyais ma famille, je voyais mon grand-père, je l'ai pourtant connu très peu, puisque j'ai été élevée à l'orphelinat, dix ans à l'orphelinat de Fontainebleau, et puis j'ai travaillé neuf ans chez des gens. J'étais placée, et ensuite j'ai été mariée trente ans avec un gendarme. Il est décédé. Toute ma vie a été très dure. J'ai un fils, qui a trente-cinq ans, et qui est professeur. J'ai réussi ma mission. Maintenant, j'aide les autres, les personnes âgées, les dépressifs. Je trouve beaucoup de joie à vivre, je danse, je chante, je fais partie d'une chorale, je fais des concerts. On prépare le Requiem de Mozart. C'est très beau.

J'ai entrevu le ciel, et c'est splendide. Pour vous expliquer, j'ai vu des parterres de fleurs comme un arc-en-ciel, des couleurs dégradées, des couleurs qui miroitent qui bougent. Figurez-vous qu'en 1980 j'ai été à une fête, et j'ai eu cette vision du monde et avec ces couleurs. Vous savez, avec le soleil, le marbre et les couleurs qui miroitent... Vous regardez d'un côté et vous voyez du rosé, d'un autre et vous voyez bleuté, ou verdâtre ; les couleurs bougent, et c'est un peu comme ça. Une autre fois, à la mer, à l'île d'Oléron, j'ai ressenti cette douceur de temps, parce que tous les sens sont pris, pris vraiment. Les plus grands plaisirs sur terre paraissent fades à côté de ce qu'on entrevoit. C'est incroyable. La douceur, la gentillesse. Les gens sont heureux, ils vous accueillent. Et moi, je suis sûre que tout le monde va au ciel, mais au palier de ses affinités. Et l'être, je suis certaine que celui qui fait défiler le film de votre vie, eh bien c'est saint Michel. En souvenir de lui, j'ai appelé mon fils Michel.

Je n'ai j jamais eu peur. Je me disais : « Ben, ma vie est finie, comme mon père, quoi. Et j'ai assez souffert, et j'ai fini. » Et là, maintenant, je n'en ai pas peur ; mais je reconnais qu'on ne peut pas faire avancer l'heure de sa mort, c'est comme si on perdait une amie. Une vie, comme une classe, si c'est un échec, il faut tout recommencer. Alors, on n'a pas intérêt à raccourcir. Par contre, je suis prête à n'importe quelle minute à recommencer cette expérience. Parce que c'est vraiment beau, et ça peut aider les gens à ne pas avoir peur de la mort. J'ai essayé de le dire à plusieurs personnes. Il n'y en a eu qu'une seule qui m'a crue tout de suite ; une dame de Bruxelles, qui m'envoie des livres. On a gardé une grande amitié, elle m'a dit que cela avait changé sa vie, c'est pour ça que je veux en faire profiter les autres. Mais tout le monde n'est pas prêt à entendre ni à croire. Hier, encore, une aime m'a dit : « On a été en promenade avec la ville, avec les amis de la Cité, on a entendu parler de ce film * et les gens rigolaient ! C'est pas possible » Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Mais si ça peut donner confiance aux gens...

* L'Expérience interdite.

Moi, je suis une simple. Et pourtant, là, il n'y avait pas besoin de m'expliquer. On comprend tout, on voit tout. On comprend que la vie a un sens et que tout est inscrit, le bien, le mal. Mais qu'on ne vous juge pas. On peut tout savoir sans rien comprendre. Et ne rien savoir et tout comprendre. Comme l'amour.

La lumière, c'est sûrement... ça doit être son soi intérieur, c'est l'esprit. Certaines personnes disent que c'est Dieu et le Maître de l'univers. J'ai été élevée à l'orphelinat par des soeurs de Saint-Vincent-de-Paul, mais je ne pratique pas. J'ai une certaine croyance. Je crois au grand architecte, le grand maître de la nature. Je ne pratique pas la religion, mais je pratique la religion de charité, ne jamais faire de mal à mon prochain. Je ne vais pas à l'église, mais je vais voir les gens. Quand j'ai des poèmes, je vais en distribuer aux curés, j'aide mon prochain ; même mon ennemi je ne lui veux pas de mal, je le plains.

Si tous ceux qui sont méchants avaient cette expérience, ça les rachèterait, et ils n'auraient plus envie d'être méchants, parce qu'on sait que tout se paie un jour ou l'autre. On a le retour du bâton, quand on a fait du mal. C'est pour ça, je fais des vers, des poèmes, alors que je n'ai jamais été à l'école. Vous voyez, j'ai Victor Hugo au-dessus de moi, c'est mon père spirituel, mon grand-père plutôt, j'ai l'impression que c'est lui qui m'inspire. J'aide les gens qui sont ennuyés, ils me téléphonent. J'ai fait vingt ans à la Croix-Rouge, à la protection civile, mais toujours bénévolement. Et, ma foi, j'y trouve beaucoup de réconfort.

Je n'ai pas pu en parler avant très longtemps. J'ai perdu mon père quand j'avais trois ans, il était bijoutier-horloger, et moi, on m'a mise à l'orphelinat et on a fait enfermer ma mère chez les fous, à Maison-Blanche. Alors, ce n'était pas le moment que je parle de ça. Mon mari voulait déjà me faire enfermer parce qu'il trouvait que j'avais passé par-dessus la mort. Il m'appelait Trompe-la-mort. Ce n'était pas le moment d'en parler. J'ai gardé ça pour moi trente ans, sans rien dire à personne.

Je suis très heureuse d'avoir réussi un fils. Moi qui ne suis pas allée à l'école, qui ai appris à lire à dix-huit ans, par correspondance, avec l'école universelle, j'ai un fils qui est professeur de grec-latin et qui enseigne aux Allemands, à Salzbrück. C'est une grande satisfaction. Je ne regrette pas tout le mal que je me suis donné.

Alors voilà, en gros, ce que j'avais à vous dire.
 
 

Cinquième partie

Retour à l'index


Témoignage de la sixième partie.

Mme C. F. est secrétaire de direction, actuellement en préretraite. Cette expérience est survenue il y a trente-six ans, mais elle en avait déjà eu une étant enfant.

Cela remonte assez loin : 1956, exactement le 9 novembre. J'attendais un troisième enfant, ça s'est très mal passé. Au bout du quatrième mois, je l'ai perdu. Mais avant, les difficultés ont duré un mois, j'étais dans un état tout à fait désespéré. Quand je suis partie à l'hôpital, j'étais presque mourante. Si bien que même les voisins s'attendaient à ne plus me revoir.

Au moment où on m'a mise sur la table d'opération, à l'instant même où on m'a endormie, j'ai fait donc, comme on dit, une décorporation. J'ai soudain senti que j'étais projetée avec une certaine force hors de mon corps, et je me suis retrouvée à la hauteur du plafond, comme si le plafond m'arrêtait provisoirement. Et là, j'ai vu tout ce qui se passait en bas. J'ai vu le personnel médical qui s'activait autour de moi. Je me voyais là. J'étais étonnée. Je ne comprenais pas, puis, tout d'un coup, j'ai dit : « Mais, qu'est-ce qui m'arrive ? C'est pas vrai... je meurs ou quoi ? Qu'est-ce qui m'arrive ? » Et puis... je me suis sentie encore... projetée plus haut encore... plus loin encore... dans le coin de cette pièce qui, soudain, me semblait grande, énorme, et puis ça été le noir. Je ne voyais plus rien, je me sentais projetée à toute vitesse, à une vitesse vertigineuse, avec des bruits... des bruits très intenses; je ne peux pas dire que c'était de la musique, c'étaient des sifflements, un bruit de cloche... Enfin c'était très impressionnant.

Puis tout d'un coup je suis arrivée vers une lumière, intense, merveilleuse ; je me suis sentie bien, j'étais heureuse. J'étais comme baignée dans cette lumière, qui ne me faisait pas mal... Je sentais encore la forme de mon corps, pas comme on pourrait croire, une âme, non, je me sentais encore entière.

Cela a duré un certain temps, qu'on ne peut pas... que je ne peux pas évaluer. Et puis, je me suis retrouvée dans mon lit d'hôpital, à l'état de réveil, avec toutes sortes de moniteurs, des tas de choses pour me réanimer et avec une personne à mon chevet.

Sur le moment, je n'ai pas parlé de ça, je ne sais pas bien l'exprimer, c'est en raccourci, il me semble que ça a duré beaucoup, de par l'intensité. Ce n'est pas une question de temps, c'est une question de force, de sensation. Et puis, je suis restée dans cette chambre pendant quarante-huit heures. Ensuite on m'a mise dans une petite salle avec six autres personnes, et c'est là que j'ai appris que j'avais fait une mort apparente. C'est bien plus tard, il y a une dizaine d'années, que j'ai lu le premier livre du docteur Moody qui parlait de ça, et tout d'un coup ça été une révélation. J'ai dit: « Mais c'est tout à fait ça !»

Donc j'ai pu faire un rapprochement. Puis, en y réfléchissant bien, je me suis rendue compte que ce n'était pas la première fois que j'avais vécu ça. Dans mon enfance aussi. Enfant, j'étais extrêmement maladive. Je suis née dans des conditions très spéciales, à peine viable, même pas le kilo, il y a soixante ans, vous pensez, pas de couveuse, rien de tout ça ! On m'a laissée pour mourante à ma naissance. On s'occupait surtout de ma mère, mais l'enfant, on s'en fichait, à cette époque-là. J'ai donc survécu un peu miraculeusement, si ou peut dire. Mais après ça, j'ai eu une enfance extrêmement difficile, forcément, avec un démarrage pareil ! Je faisais fréquemment des évanouissements, pour un rien ! D'ailleurs, j'ai une cicatrice là, qui en est la conséquence. Très probablement j'ai dû faire un arrêt cardiaque qui a dû passer inaperçu dans mon entourage. Parce que je me souviens de quelque chose. Je me souviens d'être tombée dans un trou noir, un tunnel, avec au bout, aussi, cette... cette impression de paysage, c'était vraiment un paysage. Je voyais des choses, très en couleurs... une sorte de village magnifique où, là aussi, je me suis sentie heureuse comme tout, je devais avoir dans les six-sept ans... Je suis presque persuadée que c'est ça, parce que, après je ne cessais plus de me regarder dans la glace pour voir s'il allait me pousser des ailes. Je voulais avoir des ailes, pour revoler, parce qu'il m'avait semblé que j'avais volé. Forcément, quand on est enfant, on fait des rapprochements un peu spéciaux... Alors je regardais et je me disais : « Mais bon sang ! il ne me pousse pas d'ailes, comment ça se fait ! » Puis après j'ai oublié ça. Mais ça m'est resté gravé dans la mémoire.

C'est à la suite de cette expérience que je me suis un petit peu transformée. En place de l'insouciance qu'on peut avoir quand on est jeune, j'ai pris la vie tout à fait au sérieux. J'ai voulu m'instruire : j'ai commencé à m'intéresser à des choses comme la psychologie, la parapsychologie, des choses comme ça. J'ai eu une soif de savoir, de connaître, d'étudier, je m'y suis mise à chaque instant que j'avais de disponible.

Pourtant j'ai fait une autre expérience, mais qui, elle, n'a pas laissé de traces. En 1978, j'ai été confrontée à des problèmes extrêmement graves, qui m'ont portée au suicide. Donc, j'ai fait une tentative de suicide, très sérieusement. Je veux dire par là que j'avais la volonté absolue de mourir, mais pas de retrouver l'expérience, puisque, à ce moment-là, je n'avais pas encore fait le rapprochement. Je suis restée quatre jours dans le coma, mais je n'ai pas retrouvé l'expérience que j'avais vécue en 1956. Quand je suis revenue à moi, forcément dans des circonstances très pénibles, j'ai retrouvé tous mes problèmes. Ce n'est pas parce que j'avais voulu mourir qu'ils s'étaient estompés entre-temps. Pourtant je me suis sentie le courage, la volonté d'en sortir, ça m'a aidée. Je suis persuadée que la chose, même escamotée, m'a laissé quelque chose de positif. Maintenant, je sais que je ne ferai plus ça, jamais. Jamais je ne recommencerai. Depuis ce moment-là, j'ai trouvé du courage pour résister à tous les malheurs qui m'arrivaient, et je m'en suis sortie, peu à peu, en 78-79, et maintenant totalement. Entre-temps, j'ai trouvé encore plus de ténacité pour recommencer des études.

On peut dire que, finalement, tout ça a été bien pour moi. Je ne suis plus la même femme, je ne vois plus la vie comme avant, je me sens la volonté d'aider les autres, surtout de les rassurer, de leur dire : « Faut pas avoir peur de la mort. » C'est pour ça que je suis attirée vers les vieilles personnes, pour les aider. Non pour leur en parler, parce que souvent elles ont peur ; mais je glisse une petite phrase par-ci, un comportement par-là, ça les aide. Je sens que c'est utile. Comme par exemple pour ma mère qui a quatre-vingts ans maintenant. La dernière fois, je lui ai dit : « Tu vois, il ne faut pas avoir peur de ça, parce que moi qui fais des études dans ce domaine-là, je t'assure que tu peux avoir confiance. » Je m'occupe d'une autre personne, qui a quatre-vingt-huit ans, ça veut dire que c'est pour bientôt, je m'arrange pour être rassurante, pour l'aider, sans en parler ouvertement. Quand je sens qu'elle est à l'écoute, j'en profite, il y a toujours moyen de parler de ça. sans que ce soit dur ou brutal.
 
 

Sixième partie

Retour à l'index